Allons-y gaiement, renversons les gouvernements!

Sortie de crise



Le Québec est le paradis des gérants d'estrade tant la politique y a l'air simple. Depuis jeudi soir, les scénarios les plus fantaisistes sont écrits, les prédictions les plus inédites sont faites... On a même déjà une date pour le prochain scrutin: le 9 juillet 2007!
Il faut dire que nous ne faisons pas les choses à moitié dans la belle province. Les oppositions ont passé quatre ans à reprocher à Jean Charest de ne pas respecter sa promesse de 2003 de réduire les impôts d'un milliard de dollars par année. Péquistes et Adéquistes ont tellement magané le gouvernement libéral qu'il s'est retrouvé minoritaire. Et voilà qu'on ne veut plus qu'il réduise les impôts d'un milliard de dollars année. Même pas de 950 millions $. Allez comprendre...
Au fait, qui peut bien être contre des baisses d'impôt? On se le demande en effet. Pour la première fois dans l'histoire de l'Occident, un gouvernement aura été battu pour avoir voulu baisser les impôts! Au Québec, notez bien, cela peut marcher: près de la moitié des contribuables - 2,3 millions sur 5,7 millions - ne paient pas d'impôts. Ceux-là sont contre les baisses d'impôt, c'est sûr.
Et puis ces 950 millions ne viennent pas d'une noble redistribution de la richesse entre les Québécois. Cette cagnotte est constituée d'argent «sale» car elle vient, pour l'essentiel, d'Ottawa. De l'argent fédéral! Mais il aurait fallu s'en débarrasser tout de suite tant il nous brûle les doigts! L'envoyer dans le panier sans fond de la dette publique était encore ce qu'il y avait de mieux à faire... Charest n'a rien compris!
On savait que l'action démocratique de Mario Dumont, prenant ses responsabilités d'Opposition officielle au sérieux, allait voter contre ce Budget. Mais le Parti québécois? Avec lui, on ne sait plus sur quel pied danser depuis le 8 mai, jour de la démission d'André Boisclair. On croit le gouvernement tranquille, et le Budget de Monique Jérôme-Forget sain et sauf: tant que le Parti québécois sera décapité, ses élus à l'Assemblée nationale n'oseront pas renverser le gouvernement, d'autant moins que s'annonce une lutte de titans pour la succession.
Pauline Marois
Mais Pauline Marois semble maintenant seule sur les rangs. Les sondages n'ont jamais été aussi bons pour le Parti québécois. Allons-y gaiement, renversons le gouvernement! Qu'est-ce qu'une autre élection générale? Juste 72 millions $...
Pendant qu'on y est, voyons ce qui va survenir par la suite, après le 9 juillet. On ne dira plus que le Parti québécois est mort au contraire: le prochain sondage va démontrer que, bien ressuscité, il pourrait reprendre le pouvoir, ou reprendre sa place sur les banquettes de l'opposition officielle. Mario Dumont serait premier ministre, enfin! Et le Parti libéral serait réduit au rang de tiers parti. Jean Charest lui-même serait battu dans sa propre circonscription de Sherbrooke grâce à un pacte entre Parti québécois et Québec Solidaire.
J'attends même avec impatience le jour où un chroniqueur va renvoyer Jean Charest à Ottawa... Moi je le vois plutôt reprendre ses activités d'avocat de la défense. Il y a tellement de filous dans les Cantons de l'Est qui tournaient autour des deux gouvernements - les Commandites à Ottawa, Option Canada à Québec, Vincent Lacroix et ses comparses de Norbourg: il y a de quoi nourrir tout un bureau d'avocats!
Bernard Grenier
Car oui, le rapport du juge Bernard Grenier sera enfin connu la semaine prochaine. D'autres filous seront confondus, notamment d'anciens collaborateurs du chef du Parti libéral du Québec, Alfred Pilon et Jocelyn Beaudoin d'Option Canada. Certes, le lien avec Jean Charest sera difficile à faire puisqu'au moment du référendum d'octobre 1995, Charest n'était pas un libéral du Québec mais un conservateur du Canada. Il n'empêche qu'aussitôt arrivé au pouvoir à Québec, il s'est empressé de confier des responsabilités importantes à Pilon et Beaudoin.
Il ne manquerait plus que le gouvernement de Stephen Harper à Ottawa ne soit victime d'un accident. Ou que Stéphane Dion ne fasse l'objet d'une mutinerie...
Quand je vous dis que le Québec est le paradis des gérants d'estrade!


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