Le nombre d'immigrants accueillis chaque année au Québec varie du simple au double selon les événements politiques et économiques, mais la moyenne des 50 dernières années est de 28 000 immigrants, révèlent les données de la «Rétrospective du 20e siècle» publiée par l'Institut de la statistique du Québec. Depuis le deuxième gouvernement Bourassa, qui a reçu 52 000 immigrants en 1991, les libéraux ont systématiquement dépassé ce nombre. Philippe Couillard a même proposé récemment de hausser celui-ci à 60 000.
Le premier ministre a rapidement renoncé à cette idée lorsque les commissions scolaires, les villes et les organismes de citoyens qui accueillent les immigrants ont déclaré qu'ils n'en avaient pas les moyens. Dans le seul domaine de l'accueil et de la francisation des enfants, la politique d'austérité du gouvernement a néanmoins réduit les fonds en éducation de 13,6 millions de dollars.
«Le parti libéral prône un accroissement du nombre d'immigrants au Québec tout en coupant dans les ressources essentielles à l'apprentissage de la langue française enseigné dans les écoles primaires et secondaires de la CSDM», a déclaré en juin dernier, Sophie Stanké, porte-parole du Mouvement Montréal français.
Il est assez étrange que le gouvernement suggère d'augmenter la cadence tout en coupant les vivres aux organismes qui travaillent à la francisation et à l'intégration des immigrants, enfants comme adultes. «Contrairement à ce que semble croire le chef du parti libéral, l'apprentissage de la langue de la terre d'accueil est la clé de la réussite pour une parfaite intégration des immigrants au Québec», a jouté Mme Stanké.
Alors que le gouvernement Couillard réduit l'enseignement de la langue officielle du Québec, plusieurs pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Autriche, la Hollande et quelques autres, font exactement le contraire. L'apprentissage de la langue dans ces pays est donc «obligatoire». C'est ainsi que les nouveaux venus peuvent trouver du travail rapidement afin de devenir autonomes, estiment les autorités européennes. La plupart de ces États exigent également que les immigrants suivent des cours sur la culture et l'histoire nationale afin de s'intégrer à la société.
L'immigration, un fardeau pour le contribuables
Le ministère québécois a d'ailleurs commandé une étude sur l'impact économique de l'immigration aux démographes Brahim Boudarbat de l'Université de Montréal et Gilles Grenier de l'Université d'Ottawa. Ceux-ci recommandent, avec une certaine réserve, de maintenir les niveaux d'admission actuels, soit autour de 50 000 immigrants par an. «Rien ne prouve cependant que l'économie a besoin de beaucoup d'immigrants pour se développer», écrivent-ils. Comme les intérêts des agents économiques peuvent diverger, c'est au monde politique qu'il appartient de dégager les consensus sur les objectifs à atteindre, ajoutent les deux universitaires.
Même si certains s'imaginent que l'immigration peut contribuer à résoudre les problèmes dus au vieillissement de la population, aux disparité régionales ou aux pénuries de main d'oeuvre, son effet est limité et d'autres politiques sont aussi nécessaires, soulignent-ils. Citant une autre étude réalisée par Banerjee et Robson en 2009, ils soulignent qu'une augmentation de l'âge de la retraite aurait beaucoup plus d'impact qu'un accroissement de l'immigration.
Cette étude en arrive à des conclusions qui rejoignent celles du démographe Guillaume Marois et du philosophe Benoît Dubreuil dans leur ouvrage « Le remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec ». Selon eux, l'immigration est un fardeau pour le Québec et le Canada parce que les immigrants reçoivent davantage de transferts gouvernementaux que les « natifs ».
Les transferts ne représentent cependant qu'un seul côté de l'équation, écrivent-ils. Il en existe un autre: les recettes fiscales. Dans leur étude sur l'impact de l'immigration aux Pays-Bas, Hans Roodenburg et ses collègues soulignent que cette variable est encore plus importante que les transferts sociaux. « Pourquoi? C'est très simple. L'impôt payé par les immigrants et celui que paient les natifs est tout simplement plus grand que l'écart entre les transferts et services qu'ils reçoivent respectivement », affirment-ils.
Pour le Québec et le Canada, la preuve de l'écart entre les natifs et les immigrants se trouve dans les données du recensement, qui nous permettent d'estimer l'impôt payé par différents groupes. On peut donc noter que les immigrants paient en moyenne moins d'impôts que les natifs et que seule la cohorte arrivée avant 1991 dans le reste du Canada échappe à la tendance. Au Québec, les immigrants paient en moyenne 61% de l'impôt payé par les natifs, et le niveau est encore plus bas pour les cohortes arrivés depuis 1991. Dans le reste du Canada, les immigrants ne paient que 72% de l'impôt que paient les natifs.
La question de l'impôt payé est rarement abordée dans les études sur l'intégration économique des immigrants. Pourtant, cette donnée est probablement la plus importante pour déterminer l'impact général de l'immigration sur les finances publiques. Si l'on croit que l'immigration vient réduire les pressions sur les finances publiques occasionnées par le vieillissement, c'est nécessairement parce que l'on croit que la contribution fiscale des immigrants est relativement importante. Si la rectitude politique nous donne une raison d'adhérer à cette croyance, les données du recensement nous donnent toutes les raisons de penser le contraire.
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
19 octobre 2016Texte impeccable, réaliste. L'immigration n'est pas un besoin.Cela peut être utile, certainement,mais cela n'est pas un besoin.
À quoi peuvent bien servir des politiques d'immigration si Nous n'avons pas de réelles politiques de la citoyenneté, si celle-ci est fournie sans condition ?
Le multiculturalisme canadien est une bête redoutable, et son rejeton, l'immigration, une bête plus bête encore.