À qui la Bourse?

Bourse - Québec inc. vs Toronto inc.



La Bourse de Montréal veut prendre le contrôle de la Boston Options Exchange (BOX), a-t-on appris cette semaine. Excellente initiative.
En se positionnant ainsi aux États-Unis, la plus ancienne place boursière canadienne se rend encore plus désirable. La question, en effet, n'est plus de savoir si, mais à qui elle sera vendue. Son homologue torontoise est perçue comme la candidate la plus naturelle, mais ce n'est pas nécessairement la plus souhaitable.
Même si Montréal (MXX) et Toronto (Groupe TSX) ont évoqué le terme poli de fusion, il ne faut pas se leurrer. Dans l'esprit de Bay Street, c'est Toronto qui goberait Montréal. La transaction lui permettrait d'entrer dans le lucratif marché des produits dérivés beaucoup plus facilement, sans avoir besoin de créer sa propre, et coûteuse, plateforme technologique.
La transaction, en soi, aurait du mérite. Elle permettrait de générer environ 30 millions d'économies et de synergies, ont calculé certains spécialistes. Et si l'on se fie à la fusion de la Bourse australienne avec celle des contrats à terme de Sydney, le titre de la nouvelle entité devrait s'apprécier considérablement, note le gestionnaire d'investissements torontois Brendan Caldwell.
Sans compter que la création d'un acteur canadien plus imposant rassurerait bien du monde. Le réconfort, cependant, serait de courte durée. Le Groupe TSX ne pourra résister longtemps au vent de consolidation qui souffle sur les parquets occidentaux. Le ministre fédéral des Finances a eu beau plaider qu'une fusion MXX-TSX serait «dans le meilleur intérêt du pays», son collègue Michael Fortier a coupé court à son solo de violon patriotique: Ottawa ne s'interposera pas à une union avec une Bourse étrangère.
C'est heureux, car ce pourrait bien être de là que viendra la transaction la plus avantageuse pour Montréal. Ce ne sont pas seulement les employés spécialisés en produits dérivés qu'il faut garder ici, mais la capacité de développer encore davantage cette expertise.
En participant à la création du marché d'options de Boston, la Bourse de Montréal a fourni à ses spécialistes une passerelle intéressante vers les États-Unis. Un acquéreur étranger, à condition qu'il ne soit pas déjà un acteur important dans les produits dérivés, pourrait leur ouvrir d'autres horizons. Davantage en tout cas qu'une Bourse de Toronto en quête d'économie et de synergies...
La fenêtre de lancement, cependant, est très étroite. Dans moins de 18 mois, Montréal perdra l'exclusivité canadienne sur les produits dérivés, devenant ainsi une proie beaucoup moins alléchante. Il a suffi que les grandes banques canadiennes annoncent, au printemps, la venue prochaine de leur propre plateforme d'échange d'actions pour que le titre du Groupe TSX perde 12% en une journée. Il n'y a donc pas une minute à perdre.
Souhaitons que les dirigeants de la Bourse de Montréal emploient le temps qui leur reste à trouver le meilleur acquéreur possible, non seulement pour leurs actionnaires, mais aussi pour l'avenir de Montréal comme centre d'expertise en matière de produits dérivés.
akrol@lapresse.ca


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