2012 - Une surdose de dettes

Les indignés - au Québec


Personne ne peut prédire la direction que prendra l'économie en 2012, ni ses répercussions sur la vie quotidienne des gens. C'est pourquoi les consommateurs auraient intérêt à suivre le conseil du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui les invite à réduire leur endettement. Mais qui prendra la relève pour la croissance en ces temps de compressions des dépenses gouvernementales?
La crise qui secoue l'Europe menace aussi la reprise canadienne. Pour les ménages dont le niveau d'endettement est maintenant plus élevé que celui des Américains, ce n'est donc pas tant la hausse des taux d'intérêt que la perspective d'une détérioration du marché du travail qui présente le plus grand risque à court terme.
Selon Statistique Canada, l'endettement a atteint le niveau record de 153 % du revenu après impôts au troisième trimestre de 2011. Compte tenu des taux d'intérêt très bas et de l'augmentation de la valeur des propriétés, ce constat n'affecte pas toutes les familles. En fait, moins de 7 % des ménages se situeraient dans la zone critique, selon la Banque du Canada. Mais 7 %, c'est quand même beaucoup de monde qui pourrait se retrouver en défaut de paiement à la suite de la perte d'un emploi, d'une grève ou d'un divorce.
Dans une étude récente, la Société canadienne d'hypothèque et de logement jugeait l'endettement des Canadiens encore raisonnable, tout en reconnaissant qu'Ottawa avait bien fait de resserrer les règles d'accès au crédit hypothécaire à deux reprises depuis 2010. En revanche, la SCHL s'inquiétait de l'importance croissante des emprunts sous forme de marges de crédit personnel, une formule dont les banques font la promotion. Or, comme ces marges de crédit sont à taux variables et servent le plus souvent à l'achat de biens de consommation courante, elles présentent un risque supplémentaire. Surtout que depuis 2000, le passif des ménages s'est accru plus vite que leur actif.
Advenant un choc économique, une correction boursière ou une chute du marché immobilier que plusieurs experts jugent surévalué d'au moins 10 %, il va de soi que l'impact serait immédiat. Non seulement sur les gens endettés eux-mêmes, mais sur l'ensemble de l'économie puisque nous assisterions à un ralentissement dans les dépenses de consommation, à une hausse du chômage et au retour des importants déficits budgétaires gouvernementaux. Le pire cercle vicieux qui soit, comme aux États-Unis et en Europe.
Ce scénario n'est pas inéluctable. Mais pour l'éviter, il faut que tous mettent la main à la pâte. Les gouvernements d'abord, en adoptant des mesures pour forcer les banques à accroître leurs réserves et les empêchant de profiter outrageusement de l'appétit des consommateurs; ensuite les ménages, dont c'est la responsabilité de prendre acte de la situation dans laquelle ils se trouvent; et finalement les entreprises, à qui il revient maintenant de prendre la relève des deux premiers.
À l'heure actuelle, les entreprises canadiennes n'investissent pas. Elles se contentent d'utiliser les milliards de liquidités accumulées pour augmenter les dividendes des actionnaires ou racheter des blocs d'actions en circulation dans le but d'améliorer artificiellement les ratios financiers. Cette prudence excessive de la part de dirigeants d'abord préoccupés de protéger leur image et leurs primes doit être dénoncée parce qu'elle menace la reprise. Après tout, n'est-ce pas précisément pour stimuler l'investissement que le gouvernement conservateur a tant insisté pour réduire le fardeau fiscal des entreprises?


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