Le chien qui ronge l’Ô

Les indignés - au Québec


Vous connaissez le Chien d’Or ? Vous devriez… C’est un élément de notre patrimoine culturel à exploiter. L’image est jolie et le texte – la légende – laisse rêveur, en ces jours difficile que nous vivons. …

« Je suis un chien qui ronge l’o.
_ En le rongeant je prend mon repos.
_ Un tems viendra qui nest pas venu
_ Que je morderay qui m’aura mordu. »

Voyez l’histoire, d’abord, puis revenez. Regarder ce chien bien droit dans l’oeil qu’il a bien résolu. Vous ne l’entendez pas grogner ? Vous avez tort, car quand toute la chair aura disparu de cet os qu’on lui a jeté., ce qui ne saurait tarder, il est bien possible que ce chien saute à la gorge de ceux qui l’ont vu comme peu de chose.
C’est peut-être cette image qu’il faudrait envoyer à ceux qui comptent sur l’infinie patience bonasse des Québécois. Car aujourd’hui, au Québec, on a bien des raisons de grogner. Myope ou presbyte, on peut choisir les lunettes qu’on veut, car, tout proches ou un peu plus loin, il y a partout des irritants pour un chien de mauvais poil.
Tiens, à Montréal, par exemple .on « Occupe ». Comme à Wall Street. Des tentes sur la Place Victoria, pour réclamer… Réclamer quoi ? Peu importe, puisque le vraie demande est que tout change. C’est la scène classique de « Network », où chacun apparaît sa fenêtre pour hurler à tous et à tous vents qu’il en a assez de se faire couillonner… et ne l’acceptera plus. Un bras d’honneur collectif au déshonneur. Un défi, à l’ordre qui fait désordre.
Révolution sur la Place Victoria ? Non. Il fera bientôt trop froid pour que ça dure. Mais chacun va rentrer chez soi avec la frustration d’une facture impayée qui reste à percevoir. Chacun va rentrer avec le goût de briser quelque chose ou de taper sur quelqu’un et – en non-dit, mais en bien pensé – dans l’expectative du déclencheur qui le fera passer à l’acte, chacun pour soi et au moment qu’il choisira. Si ce moment de ras-le-bol vient, le froid, alors, n’y changera rien : la violence réchauffe. ce sera un baisser abrupt de rideau, car aucune société complexe ne peut fonctionner contre la volonté d’un part significative de sa population qui ne demande qu’à la saboter.
Changeons la focale, maintenant, et regardez vers Québec. Nos maîtres font ce qu’il faut pour mettre le gros chien en rogne. Un gouvernement honni par une majorité croissante de la populationet qui se vautre dans la corruption la plus éhontée vient de perdre sa dernière once de légitimité en annonçant une cocasserie d’enquête publique à huis-clos qui est une insulte à l’intelligence de la population. On aura une enquête qui n’assigne pas de témoins et ne les protège pas… Une enquête qui n’accusera personne et ne donnera pas de noms. On fera un slalom élégant autour de la vérité. Jean Charest se moque outrageusement de la population. Dangereusement.
Le chien gruge son os et se demande comment il se débarrassera de ce type et de toute l’engeance qui l’entoure. D’abord, bien sûr, il y a l’action politique. Les partis d’opposition pourraient quitter sine die l’Assemblée nationale, refusant de collaborer davantage avec un gouvernement dont le comportement laisse soupçonner qu’ils est la manifestation, tout au sommet de la pyramide, de cette collusion institutionnalisée avec le banditisme dont on l’accuse, justement, pour ces contrats de voirie sur lesquels il refuse de faire la lumière.
Ce ne serait pas bête de laisser Charest et sa clique seuls à l’Assemblée. Si les partis d’opposition demandent la démission du gouvernement et annoncent qu’il seront tous unis pour les élections qui suivront, afin de faire élire un gouvernement provisoire d’unité nationale dont le seul mandat sera de mettre fin au banditisme, ils prendront le pouvoir. Ils pourraien ensuite organiser des élections dont seraient exclus le parti et les individus compromis dans ce brigandage.
Ça pourrait marcher tout seul, mais ça marchera encore mieux si le chien grogne. Si le gouvernement résiste, la rue peut parler. Le ras-le-bol mis en veille dont nous avons parlé peut s’eveiller. Il peut dépasser le simple sabotage individuel et prendre une forme organisée. Grève générale ? Des groupes d’autogestion assumant les services à la population, comme les hôpitaux et les transports publics ? Un refus des commerçants de percevoir les taxes à la consommation ? Il y a cent façon de dire NON à l’État.
Cent façons dans la rue, mais il y a plus facile encore que de dire non à l’État. Si le chien montre les dents et que l’ordre public est compromis, le système judiciaire – dont les magistrats sont assez mécontents d’être instrumentés dans cette bouffonnerie d’enquête – peut, si un citoyen en faisait la demande, rappeler à Jean Charest qu’il n’est PAS l’État, mais seulement le premier ministre d’une province et donc soumis à la loi canadienne.
Si l’ordre public était mis en péril et si une accusation sérieuse était portée que Charest est un pion du crime organisé, le complice d’une extorsion massive perpétrée sur la population du Québec, la Cour Supérieure, qui a un droit de surveillance sur le fonctionnement de toutes les institutions, en ce pays de Canada dont nous sommes toujours partie prenante, pourrait juridiquement enjoindre Jean Charest de quitter ses fonctions.
Et ça ne s’arrête pas là au Québec, car quand le chien commence à montrer les dents et ne regarde plus son os, mais la carotide de ceux qui l’agacent, on le traite avec plus de respect. Notre Premier Ministre à Ottawa pourrait comprendre que les Québécois ne sont pas fiers qu’on ait gaspillé des ressources canadiennes et même fourni un cheerleader aux forces internationales qui sont allées piller la Libye.
Ils n’aiment pas du tout qu’après avoir envoyé des Canadiens mourir pour rien en Afghanistan, on ait collaboré à tuer des milliers d’innocents en Libye, pour rafler 33 milliards de dollars des fonds du peuple libyen, au profit des banquiers apatrides qui mènent le monde. Ils n’aiment pas qu’on ait aidé une pétrolières française à faire main basse sur les ressources du pays qui était le meilleur modèle de démocratie et de bonne gestion pour l’Afrique. On lui demandera de cesser. Là et en Afghanistan et de ne plus le faire nulle part ailleurs.
Il se pourrait que notre Premier Ministre ne comprenne pas. Il se pourrait que Jean Charest ne comprenne pas. Il se pourrait que les banquiers ne comprennent pas… Mais il se pourrait aussi, alors, que, laissant son os sur lequel il n’a plus rien à ronger, le Gros Chien bondisse et « morde qui l’aura mordu »
Pierre JC Allard

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Pierre JC Allard18 articles

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[Avocat (1957), économiste (1965)->http://nouvellesociete.wordpress.com/auteur/]. Premier directeur général de la Main-d’oeuvre au gouvernement du Québec, directeur général de l’Institut de Recherches et de Normalisation Économique et Scientifique (IRNES) et vice-président adjoint (Finance/Administration) du Groupe SNC.





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