Stigmatisation tragique
15 décembre 2010
Mon ami Jean-Paul Gilson m'a averti de cette discussion. Il est anormal qu'Yves Michaud (qui n'a rien d'un antisémite), ait été blâmé par l'Assemblée nationale.
Surtout que c'était à l'unanimité.
On peut l'expliquer par l'emballement médiatique ou par la théorie du mimétisme: quand tout le monde jette des pierres à quelqu'un (au propre ou au figuré), il est difficile d'adopter une autre attitude. C'est à ce point vrai que le Talmud juif (j'ai lu cela chez Emmanuel Levinas), considère que toute condamnation à mort, quand elle est décidée par un jury unanime, doit être immédiatement invalidée, l'unanimité reproduisant la structure même du lynchage et étant suspecte a priori.
C'est vrai aussi que la pétition contre Charest était impressionnante par le nombre de signatures: on ne voit pas cela souvent.
Cela me fait penser à cet incident (déjà ancien) où Bernard Landry quand il a été battu par Charest qui, lors d'un débat télévisé lui a brusquement dit que Parizeau avait repris ses propos du soir de la défaite du référendum de 95, lui demandant s'il sen distanciait ou non. On se souvient que Parizeau avait lui aussi été accusé d'antisémitisme.
Les débats sur ces questions sont tellement piégés (je parle ici de gens qui sont des humanistes et des antiracistes), que Taguieff a un jour écrit que celui qui gagne dans un débat est celui qui parvient le premier à traiter son adversaire de raciste.
Tellement l'union entre l'idée que les hommes sont différents et en même temps sont semblables est une contradiction logique qui ne peut se résoudre que dans une unité tragique (c'est-à-dire en un sens contradictoire: il faut tenir à la fois que les hommes sont semblables et qu'ils sont différents).