Agnès Maltais se fiche de Movembre parce que féministe ?
10 décembre 2012
@ Olivier Kaetslé,
Une guerre à l’information nécessite de tenir compte de certains critères de proximité avec l’auditoire afin de le sensibiliser à ce qui le concerne immédiatement. Parler d’islam politique qui se passe dans un autre pays outre-Atlantique nécessite beaucoup plus d’efforts de persuasion. En conséquent, je n’adhérai pas à votre assertion selon laquelle nous parlons d’imposteurs qui dénoncent les «bedaines de bière». Bien sûr, je déforme ce que vous venez de dire.
Puisque vous dénoncez l’attitude d’Agnès Maltais, je dénoncerai la propension et/ou le biais que vous avez de laisser entendre que : «hommes et garçons sont devenus, au fil des ans et sous l’égide du féminisme d’État, des citoyens de second plan ?».
Je vous invite à relire certains passages du texte cité en lien plus haut :
«Les médias ont si bien invisibilisé les injustices et la discrimination que subissent les femmes à cause de leur sexe qu'une partie importante de la population est persuadée que nous avons atteint l'égalité... même que le féminisme serait allé trop loin! Pourtant, une campagne de promotion de la domination des hommes sur les femmes n'a rien d'égalitaire et nous rappelle que le féminisme est, plus que jamais, nécessaire.»
Agnès Maltais se dit lesbienne et revendique son statut de féministe. Quant à savoir : «Où serait donc le rapport entre son orientation sexuelle et le cancer de la prostate ?»… Pourriez-vous me répondre, quant à vous, quel est le rapport entre la moustache et le cancer de la prostate? Il n’y en a pas à ce que je sache. Vous n’êtes pas blanc comme neige quand vous citez «la détresse émotionnelle» et «la maladie mentale» pour décrire ce qui relèverait de la condition masculine. Vous passez sur le mode de la contre-attaque pour laisser sous-entendre que «les hommes en difficulté constituent une minorité opprimée».
Je vous invite à reprendre un passage du texte de MamZelle Tourmente que voici :
«Ainsi, utilisant la symbolique du pouvoir masculin, le groupe à l'origine des Movembers à travers le monde travaille à renforcer le genre sexuel – que l'on appelle à tort la masculinité et que l'on traite comme s'il s'agissait d'une essence distincte de la féminité, son opposée – creusant à la fois le gouffre des différences sexuelles et travaillant à rétablir les ségrégations de sexe et l'exclusion des femmes ainsi que la négation d'hommes autres (différents) que ceux répondant aux critères de virilité.»
Touche à ma moustache et pas à ma prostate… j’exagère à peine. Il est tout de même spécieux que Movember se soit révélé aux lendemains du cancer de la prostate contracté par Moustache Layton. Oui, c’est un bon jack, mais… un deuil, vraiment... ;) À voir comment les gars réagissent quand on chatouille un tant soit peu le début d’une moustache… Oui, je suis un gars et pis… des fois, je nous regarde… ;)
Reprenons un autre passage soi-disant paranoïaque :
«Dans la population, la conséquence directe de la propagande médiatique est une adhésion complète doublée d'un sentiment de culpabilité envers les hommes que l'on aurait oubliés pendant qu'on travaillait à des levées de fonds pour la recherche contre le cancer du sein... comme si chaque action vers une cause liée à un sexe était une inaction et même un dommage envers l'autre sexe! Cette attitude résonne avec l'idée que l'homme est l'Homme, c'est-à-dire le référent général en matière de genre humain, tandis que la femme en est une expression spécifique, une catégorie à part. Par conséquent, les causes des femmes ne rejoignent pas le genre humain tandis que celles des hommes devraient d'emblée toucher tout le monde.»
Je suis d’accord pour financer la recherche sur le cancer de la prostate… Par contre, quand nous lisons ceci :
«Bien sûr, l'idée d'un concours auquel presque tous les hommes peuvent participer, devenant ainsi des symboles publicitaires ambulants et, on espère, des cueilleurs de fonds pour la cause, est une idée géniale. Toutefois, la position masculiniste et antiféministe à l'origine du mouvement, le choix du symbole, la valorisation de la virilité qui prennent le pas sur la levée de fonds et l'exclusion des personnes non-viriles sont très inquiétantes.»
Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est cette propension à gommer la nécessité des luttes féministes et leur opposer une condition masculine qui, mise sur un pied d’égalité, saurait peut-être tirer son épingle du jeu. Il nous faut cheminer tout de même dans le sens où nous devons cesser de dénier le droit d’autrui à mener une cause de front. À mon sens, Movember est très superficiel dans la mesure où il ne parle pas de condition masculine sauf pour souligner la différence apparente entre hommes et femmes et qui plus est, un critère de pilosité foncée… heu heu. Pertinence…?