Sortir du mutisme

La Charte des valeurs du Québec: un débat nécessaire

Tribune libre

Exceptionnellement, je franchirai le mur du silence. L’actuel débat sur la Charte des valeurs québécoise semble déjà avoir du plomb dans l’aile. L’expulsion de Maria Mourani du Bloc Québécois et les multiples déchirements constatés au sein du tissu social québécois, notamment montréalais, m’inculquent à sortir de ce même devoir de réserve.
Tout d’abord, je salue l’initiative du gouvernement de se commettre au sujet de cet enjeu névralgique que constitue le contrat social québécois. Quand nous considérons la position peu enviable dans laquelle il fut placé à son accession au pouvoir, nous ne pouvons que saluer le côté proactif dont il fait preuve.
Devant un tel tollé d’opposition, nous ne pouvons pas dire du gouvernement actuel qu’il recule devant les obstacles. Point de vue realpolitik et en considérant un aspect machiavélique propre à l’exercice du pouvoir, le Parti Québécois ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Qu’il débatte donc franchement et ouvertement avec la population des visées de son projet de loi, nous serons fixés sur la suite des choses.
Du printemps québécois à la reprise du tollé des aménagements que nous réservons au sein de la société d’accueil du Québec, nous reprenons une croisade obligée des relations politiques difficiles Québec-Canada. La croix à l’Assemblée nationale témoigne actuellement du décalage entre les Québécois-es et les Montréalais-es tout comme la question du financement des études postsecondaires et l’éventualité de la gratuité scolaire ont confirmé des stades d’évolution de l’opinion publique en cours.
Pragmatiquement, j’invite le gouvernement à la prudence. Nous ne pouvons pas procéder au «free-for-all» législatif sans en payer le prix politiquement à long terme. Offrir le droit de retrait de cinq ans sur un plateau d’argent n’est pas viable de la politique d’une nation qui se respecte. Je débattrais donc sur le bien-fondé de définir qui doit être dispensé de montrer des symboles religieux «ostensibles» et établir le lien d’autorité qui préside à l’encadrement législatif.
Ne faisons pas une croix de ce que nous chérissons collectivement. Réfléchissons au bien-fondé des politiques que nous poursuivons. Soyons intègres. Tenons compte de la conjoncture actuelle et agissons de façon pratique à un problème qui se pose au sein de la société québécoise. Tenons compte du point de vue montréalais et dégageons ce que nous partageons de sensibilités sur un plan national. Ne devançons pas trop le moment à lequel une décision politique doit se prendre en temps utile.
Nota Bene
Ne nous perdons pas dans des considérations qui justifient de façon terminologique la surenchère d’une prétendue tolérance. Observons au ras du sol ce que nous privilégions comme valeurs de société et confirmons l’importance de la laïcité et de l’égalité hommes-femmes. Définissons de façon claire ce qu’est la neutralité religieuse et le devoir de réserve des commettant-e-s qui y sont tenus dans l’exercice de leur travail. Établissons une distinction entre la sphère privée et les manifestations de la vie publique.
À visage découvert, nous nous devons de cheminer dans l’harmonie des valeurs qui président à la destinée de notre peuple.


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