Depuis le scindement de l’Union Nationale et le démembrement apparent de la droite au Parti Québécois, nous assistons à une reconfiguration progressive de l’ancrage des partis nouvellement constitués. Qu’on se le tienne pour dit : le rendez-vous raté de Mario Dumont avec le pouvoir et la cabale en faveur de la CAQ relèvent d’une dynamique électorale qui assure une prime à l’urne pour un vote autonomiste et de droite. Qu’on se rassure ici sur mes intentions : je n’ai nulle aspiration à promouvoir une telle option désuète dans les paramètres du paradigme actuel.
Au moment de lire l’analyse de Jonathan Durand-Folco intitulée «La politique comme discours» et qui soupèse les prépositions contradictoires de l’existence simultanée de Québec Solidaire et d’Option Nationale au cœur de la même scène politique, je me devais de discourir sur le sujet. Tout d’abord, je dois de saluer la démonstration qu’il a tenté du mieux qu’il pouvait de l’exposer. Je partage une bonne part de ses constats, même en n’étant pas un sympathisant de Québec Solidaire. Je reviendrai sur certaines questions soulevées au cours de l’analyse des partis en présence.
«Pourquoi les nationalistes n’aiment-ils pas les solidaires et réciproquement ? »
Tout d’abord, pouvons-nous parler de nationalistes en exclusivité quand nous évoquons les «onistes»? Je n’aurais pas cette prétention pas plus que je la réduirais à une simple opposition binaire et stérile entre solidaires et soi-disant lucides…
«Peut-on et doit-on modifier celles-ci pour créer une nouvelle force politique, un résultat dynamique issu de la conjonction de deux discours complémentaires sur l’avenir du Québec ?»
Pouvons-nous parler seulement de deux discours? Je ne serais pas catégorique dans le contexte mouvant en cours. Nous ne devons pas nous accrocher irrémédiablement au passé, ce serait se mettre en butte devant les nécessités du moment présent et à venir. Exclure de facto le Parti Québécois relève d’un exercice malaisé. Il nous faut cheminer en accord avec l’assentiment d’une population qui peine actuellement à nous suivre collectivement et surtout avec les empires médiatiques néolibéraux qui sévissent quotidiennement dans nos consciences – encore là, soi-disant – malléables.
«Contrairement aux vieux et principaux partis (PLQ, PQ et CAQ) qui proposent différentes mises à jour d’un système d’opération désuet, QS et ON ont le mérite de vouloir créer une nouvelle machine à partir de l’ancienne.»
Suffit-il de vouloir? Il faut incarner ce que nous pouvons. Le temps est désormais compté. Est-ce que le Parti Québécois est un vieux parti? Peut-être qu’il l’est dans les faits et que l’évolution des mœurs démocratiques au sein du parti ont occasionné une discipline nouvellement acquise. Il nous faut tout le temps remettre en doute ce que nous soupesons dans notre système de valeurs. C’est le propre d’une structure intellectuelle qui supporte peut-être mal le cadre plus catégorique des réalités partisanes. Néanmoins, je comprends que le bouchardisme tombe en décrépitude au sein d’Option Nationale et au Parti Québécois dans une certaine mesure. Les griefs de Québec Solidaire peuvent se trouver désamorcés dans le jusqu’au-boutisme des critiques dirigées envers le PQ.
Créer une nouvelle machine et prétendre réinventer la roue? En ce qui me concerne, le PLQ et la CAQ trahissent le vieillissement prématuré du branding canadiAn et néo-fédéraliste à toutes les sauces. Quant à ce qui relève du PQ, je n’ai pas d’option nécessairement préconçue si ce n’est d’une opinion a priori favorable à Option Nationale. Est-ce que Québec Solidaire a perdu de sa pertinence depuis sa fondation? Je n’irai pas jusqu’à le soutenir, n’étant pas un militant du parti. Tout ce que je sais, c’est que le positionnement de Québec Solidaire en faveur du NPD attire une part de suspicion et un devoir de prudence des plus élémentaires. Nous pouvons appuyer le NPD mais au détriment de nos appuis indépendantistes, et pouvons nous dire indépendantistes du grand soir et pourtant nous réveiller unitaristes CanadiAns le lendemain. Option Nationale demeure une voix de sagesse derrière laquelle nous réfugier.
Actuellement, Québec Solidaire et le Parti Québécois doivent s’amender de leurs conduites respectives, prendre acte du contexte changeant. Option Nationale, quant à elle, doit prendre acte d’une nécessité de regrouper les forces en présence. C’est une chose que de le clamer dans les statuts, c’en est une autre que de passer aux actes. Naturellement, Option Nationale et Québec Solidaire semblent avoir tout ce qu’il faut pour s’entendre. Toutefois, encore là, nous sommes loin du compte. Chose sûre, Thomas Mulcair a choisi son parti dans l’équation en cours.
Aux inconditionnels du PQ, je vous dirai : «réveillez-vous». Québec Solidaire, je te dirai que tu auras raté ton destin dans le statut quo. Option Nationale, nous voici au détour de la révolution qui s’annonce dans le remaniement de la carte des partis à prévoir.
«D’une certaine manière, QS est l’image renversée d’ON. Le premier suscite moins facilement l’adhésion que le second, car il demande un travail critique préalable, un processus de réflexion plus long et plus complexe. […] QS est plus lourd que son rival, évident pour ses militant(e)s mais contre-intuitif pour les autres, ce qui explique qu’il suscite une vive réaction chez ses détracteurs. Mais il demeure plus robuste et complet qu’ON, comme nous allons le voir plus tard.»
Réfléchir, ok… c’est le propre de l’intellectuel. Viser lourd dans la structure, ouf… Mettre de côté l’aspect intuitif nécessaire en politique, c’est se vouer à une disparition éventuelle.
Possiblement que nous maintiendrons des entités politiques distinctes par la force des choses… c’est dans le modus operandi actuel des trois partis dont il est question. Toutefois, il doit y avoir union des forces.
«D’une part, ON se démarque de QS par sa réponse à la question de la gauche […]. […] D’autre part, ON se distingue du PQ par sa stratégie souverainiste particulière et prononcée. […] [Se] rallier à l’une des deux seules positions valides : l’indépendance de rupture (QS), ou la souveraineté de continuité (PQ). […] [Il] devra opter pour la souveraineté populaire et délibérative, ou choisir la souveraineté nationale et représentative.»
Qu’est-ce que l’indépendance de rupture? Allons-nous continuer à pactiser avec le NPD? Est-ce votre conception de ladite indépendance de rupture? Parler de souveraineté de continuité ne passe pas la rampe. Le temps a évolué depuis Option Québec. La souveraineté-association est tombée dans l’oubli puis a émergé au fil de plusieurs moutures successives, dont la souveraineté-partenariat de Lucide Bouchard et la polémique autour de la gouvernance souverainiste ont constitué un état de gouvernement minoritaire. Nous le concédons à toutes fins utiles dans les conditions actuelles. Que faisons-nous maintenant? Critiquer Option Nationale, ok… mais ramener ça à une question de souveraineté délibérative et oblitérer l’élément national de l’équation… heu, heu.
Souveraineté populaire, ok… Il faut parler d’assemblée constituante, j’imagine? Aucune délégation représentative… mouais… soutien de la population… chambre citoyenne… constitution? Il nous faut déblayer, sortir des sentiers battus et s’entendre sur un plan commun.
Parler de double-contradiction en ce qui me concerne m’apparaît superflu puisque déjà, Option Nationale a un programme à parfaire. Il y a certains attributs du programme qui peuvent nous hérisser, le parti ne revendique qu'une année d'existence… son destin dans la conjoncture mouvante nécessite une grande vélocité dans l’expression des idées et la nécessité des changements politiques en perspective. Nous pouvons en dire autant des forces qui devront rejoindre le train en marche… je n’aurai pas la prétention de dire qu’un des trois partis en est la locomotive. Tout ce que je sais, c’est que le renouvellement et le ressourcement des forces est à venir.
Réponse à Jonathan Durand-Folco
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé