De l'enquête refusée à la grève parlementaire
24 juillet 2010
Mme Jocelyne Viger-Champagne
Je vous rappelle que l’opposition, ce n’est pas seulement le Parti québécois. Vous vous souvenez de l’épisode des foulards blancs où on a vu Pauline Marois et Amir Khadir ensemble dans une petite manifestation en face de l’Assemblée nationale pour réclamer une enquête sur la construction. L’Action démocratique du Québec a refusé de participer à cette coalition circonstantielle. L'ADQ, actuellement, essaie de sauver les meubles alors qu'un de ses députés couche avec une ministre libérale.
Mais il y a plus grave. Le Parti québécois a besoin de temps pour adopter une plate-forme vraiment indépendantiste parce que le Plan Marois actuel doit être amélioré en ce sens. Si le Parti québécois est élu, il devra réussir à poser des gestes qui nous mèneront à l’indépendance. Il ne faut pas qu’il manque son coup. Alors mieux vaut bien se préparer.
Votre idée de grève parlementaire a déjà été exprimée ici sur Vigile par M. Richard Le Hir qui, dans un mouvement d’impatience qu'il a peut-être regretté par la suite, a traité de pusillanimes ceux (et celles, dont Pauline Marois) qui pourraient s’opposer à cette idée de quitter le Parlement pour provoquer des élections. Je suis en train de lire l'autobiographie de Pauline Marois. Je peux dire que de poser de tels gestes radicaux, ce n'est pas dans son style.
L'idée de grève parlementaire est tentante devant un gouvernement pourri qui augmente le déficit et corrompt la démocratie par ses mensonges et ses demi-vérités. C’est une idée qui mérite réflexion. Mais on peut douter de sa possibilité réelle en plus de douter de l’image d’anarchiste qu’elle pourrait donner, image fort inopportune pour qui se prépare à former le gouvernement.
Certes, votre référence historique est intéressante. Mais nous ne sommes pas en 1837 où les Patriotes étaient opprimés et avaient toutes les raisons de dénoncer la fausse démocratie qui régnait en Bas-Canada, colonie britannique.
S’il est vrai qu’il est déprimant de voir Jean Charest à l’oeuvre à la tête d’un gouvernement corrompu et corrupteur, il faut vivre dans l’espoir de jours meilleurs. Et se préparer à gouverner.
La déprime, ce n’est pas une attitude digne d’un ou d’une militante indépendantiste. Les indépendantistes, ai-je l'habitude de dire, sont des marathoniens.
Amicalement,
Robert Barberis-Gervais, 24 juillet 2010