Retour sur les manières de M. Marc Garneau, candidat Libéral dans Vaudreuil-Soulanges
En décembre, on apprenait que le candidat libéral de la circonscription fédérale de Vaudreuil-Soulanges, M. Marc Garneau, estimait qu'il ne faut pas «dilapider» de fonds publics pour l'éducation ou la formation de personnes déficientes ou handicapées en quelque manière. Trop peu de «retour sur l'investissement», disait-il...!
Dans les dernières heures, le même individu déclarait avec pompes : «Je ne pourrais supporter de vivre dans un Québec indépendant !». Propos sur lesquels Vincent Marissal s'est attardé non sans raison dans La Presse de ce 4 janvier, dans un texte intitulé: «Les épouvantails sont fatigués». En outre, M. Garneau considère que ses compatriotes québécois - qu'il affuble du stigmatisant «Ils», comme s'il s'agissait d'étrangers rebutants sinon des lépreux à éloigner de sa digne personne, voire de sous-hommes à dégobiller avec la dernière énergie - sont «anesthésiés» par le discours souverainiste. Il faut donc comprendre qu'un partisan «Libéral» est par définition un être sain, éclairé et intelligent, alors qu'un indépendantiste québécois est forcément un individu taré, irréfléchi et intellectuellement faible.
Ainsi donc, si messieurs René Lévesque, Lucien Bouchard, Jacques Parizeau et Bernard Landry (ainsi que ces «pauvres types» de la société civile appelés Félix Leclerc, Gaston Miron, Yves Beauchemin, Pierre Bourgault ou Gilles Vigneault) seraient des «Losers», aux dires du ministre Pierre Pettigrew, voilà maintenant que pour le «scientifique» Garneau les mêmes seraient de surcroît des «anesthésiés intellectuels». Bref, qui ne partage pas mes idées est de facto un imbécile.
Décidément, il nous faut bien le constater avec humilité, le Parti Libéral du Canada fait montre, comme toujours, d'une ouverture d'esprit remarquable et d'une puissance intellectuelle rare dans la dénonciation de ses adversaires idéologiques. Aussi ne soyez pas modeste, M. Garneau ! Tout un chacun conviendra sans difficulté, toutes allégeances confondues par ailleurs, que vous n'avez désormais rien à envier à votre collègue Stéphane Dion.
La pauvre crétine que je suis comprendra donc à compter de ce jour que ce néophyte de la politique récemment atterri en Vaudreuil (il y a de quoi avoir mal à son Félix d'avant l'Isle) s'est inoculé à la vitesse de la lumière l'essence même du parti (de Pierre Elliott Trudeau à Jean Chrétien, de André Ouellet, Jean Pelletier et Marc Lalonde à Pierre Pettigrew, Martin Cauchon, Denis Coderre et Stéphane Dion) sur lequel il a jeté son dévolu: le Mépris.
M. Garneau, je serai concise. Vos propos constituent une confirmation a posteriori éclatante de la principale raison pourquoi, pour ma part, «je ne suis plus capable de vivre dans un Québec... dépendant»: Je vis dans un Canada de prédation.
Quant à votre allusion en corollaire à l'effet que le projet d'Indépendance du Québec s'apparenterait à la décision subite et improvisée des Étatsuniens d'envoyer des troupes en Irak (préparez-vous, M. le candidat : la réaction de l'ambassadeur David Wilkins ne saurait tarder...), quelques-uns de vos collègues, non sans un pincement au coeur par ailleurs, on peut le présumer, vous auront sans doute déjà signalé que cette «idée folle» de la Libération du peuple québécois chemine tranquillement depuis très exactement, et très officiellement, 46 ans. Et qui plus est (exception faite des politiques du parti auquel vous appartenez, M. Garneau), dans un cadre rigoureusement démocratique.*
M. Garneau, je crois que vous avez été un scientifique de haut calibre. Il fut même un temps où vous fûtes pour moi objet de fierté. Hélas ! ce temps est bel et bien révolu. Car depuis que vous êtes revenu de l'espace, monsieur, vous ne portez plus à terre. Et manifestement, votre jugement semble depuis lors s'être égaré dans les vapeurs délétères sinon fofollisantes de Neptune la gazeuse.
* C'est en 1960, à la ligne de départ de la Révolution tranquille et dans la foulée de «L'équipe du tonnerre» de Jean Lesage élue quelques mois plus tôt, que Marcel Chaput et André d'Allemagne fondent le RIN (Rassemblement pour l'Indépendance Nationale, que Pierre Bourgault devait bientôt rejoindre). À peine deux ans plus tard, par le truchement de ce tout nouveau «groupuscule» l'indépendance pure et dure récoltait déjà 6% des suffrages citoyens en Québec (c'est l'«anesthésie» collective qui débute, très certainement). Assentiment au reste peut-être plus ferme encore - allez savoir - que celui qui pourrait être consenti à l'ADQ d'ici 2007 ou 2008 après 14 ans d'existence...
Monsieur Frappier,
J'aurais juste une petite modification à proposer à Madame Mathilde François dans son commentaire «Le Mépris comme valeur fondamentale». Ça ne fait pas 46 ans que cette «idée folle» de la Libération du peuple québécois chemine tranquillement mais bien 246 ans* !
* Voir la Chronologie de l'histoire du Québec
Très cordialement,
André Colpron, 5.1.2006
Le Mépris comme valeur fondamentale
Mathilde François, Auteuil
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