Yvan Delorme nie faire l'objet d'une enquête

Dans un communiqué, l'ancien chef du SPVM se dit victime «d'une campagne de salissage»

L'affaire Delorme-Normandeau


«Je n’ai connaissance d’aucune enquête sur mon compte», a dit hier Yvan Delorme par voie de communiqué.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Brian Myles - L'ex-directeur du Service de police de Montréal (SPVM), Yvan Delorme, a nié faire l'objet d'une enquête policière en raison de ses liens avec le patron de l'agence de sécurité BCIA, Luigi Coretti.
M. Delorme a réagi par communiqué, hier en soirée, à la nouvelle publiée samedi dans Le Devoir et faisant état de l'existence d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à son sujet. Cette enquête a été demandée par le sous-ministre provincial à la Sécurité publique, Robert Lafrenière. «Je n'ai connaissance d'aucune enquête sur mon compte. Cette information m'a été confirmée à plusieurs reprises au cours des derniers mois, et ce, de la part de plusieurs autorités compétentes», écrit M. Delorme.
L'ex-chef de police dit tenir ces informations du SPVM, de la GRC, de la Sûreté du Québec (SQ) et de la Ville de Montréal. Il présume toutefois que des enquêtes de sécurité de routine ont été menées sur sa personne en septembre 2009, dans le cadre du processus de renouvellement de son contrat à la tête du SPVM.
«Cette pratique est courante et n'a rien d'exceptionnel. Et si jamais des enquêtes avaient été faites sur moi, j'en fus certainement blanchi puisque personne ne m'en a fait part depuis», écrit-il.
M. Delorme a été reconduit officiellement à la direction du SPVM, pour un mandat de cinq ans, le 31 mars 2010. Il a démissionné le 5 mai suivant, suscitant la consternation. Son départ était connu au cabinet du maire dès le 30 avril.
Il a pris sa retraite hâtive peu de temps après l'éclatement du scandale sur la faillite de BCIA, l'agence qui surveillait le quartier général du SPVM. Yvan Delorme a souvent été vu avec le patron de l'agence, Luigi Coretti, avec qui il a partagé de nombreux repas, en public et en privé. À titre de chef du SPVM, il estime qu'il était de son devoir de connaître les dirigeants des principales agences de sécurité. «Je n'ai jamais eu d'intérêt pécuniaire dans BCIA, et encore moins dans sa promotion auprès des autres villes de la région», précise-t-il dans son communiqué.
M. Delorme a décliné toute demande d'entrevue, mais il n'exclut pas la possibilité de commenter l'affaire aujourd'hui. Il a acheminé son communiqué, à titre privé, à trois seulement médias, dont Le Devoir.
Son communiqué est muet sur les révélations du Devoir au sujet de ses relations avec l'ancien ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, avec Luigi Coretti et avec l'ancien ministre de la Famille, Tony Tomassi, exclu du conseil des ministres parce qu'il a déjà utilisé une carte de crédit de BCIA. Une source proche de M. Delorme affirme que l'ex-chef du SPVM ne connaît pas Tony Tomassi.
Yvan Delorme a répété qu'il avait pris sa retraite, à 47 ans, pour des raisons personnelles. «Certaines personnes ont vu un lien de cause à effet entre BCIA et mon départ. Elles auraient sûrement souhaité être la source de la chute d'un personnage public tel qu'un chef de police. Pourtant ma décision était prise depuis quelques mois avant mon annonce de mai 2010. Mon entourage proche le savait, et les préparatifs étaient depuis longtemps amorcés», assure-t-il.
Il se dit enfin victime «d'une campagne de salissage».
Le PQ veut des explications
Au terme du congrès national du Parti québécois (PQ), la chef Pauline Marois a demandé des explications aux libéraux au sujet de la présumée relation amoureuse entre la ministre des ressources naturelles du Québec, Nathalie Normandeau, et Yvan Delorme révélée dans La Presse vendredi. (M. Delorme n'en parle pas dans son communiqué.) «C'est très délicat, mais actuellement, il y a vraiment de sérieuses raisons de s'inquiéter de ce qui se passe. [...] S'il y a vraiment des liens personnels qui risquent d'avoir une influence sur les décisions que pourraient prendre des membres du gouvernement ou des représentants de l'État au niveau judiciaire, ça devient d'intérêt public. Le gouvernement doit éclaircir la situation», a dit Mme Marois.
Mme Marois a ensuite mis en doute la crédibilité du grand patron de l'Unité permanente anti-corruption, Robert Lafrenière, qui a demandé une enquête sur Yvan Delorme alors même qu'il recommandait le renouvellement de son contrat au SPVM. «Si tout ce qui est affirmé dans votre quotidien s'avère juste, ça soulève de sérieuses interprétations. A-t-il encore la capacité d'assumer ses responsabilités?» s'est-elle interrogée, faisant écho au critique péquiste en matière de sécurité publique, Stéphane Bergeron. Celui-ci a déclaré samedi que M. Lafrenière et son unité étaient «disqualifiés».
Le bureau du premier ministre Jean Charest a balayé du revers de la main les accusations du PQ. «Ce type d'attaque basse et vicieuse était prévisible puisque le PQ cherche à faire diversion sur son congrès, où les radicaux et extrémistes sont en train de prendre le contrôle du PQ. C'est la méthode Marois», a commenté par courriel l'attaché de presse de M. Charest, Hugo D'Amours.
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Avec la collaboration de Mélissa Guillemette


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