Contrat d'évalutation environnementale

Pas de conflit d'intérêts chez Genivar, assure Nathalie Normandeau

L'affaire Delorme-Normandeau



La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Alexandre Shields - La ministre Nathalie Normandeau estime que Québec a mis en place tous les mécanismes nécessaires pour éviter les conflits d'intérêts dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique (EES) commandée à la firme d'ingénierie Genivar pour étudier les risques que poserait l'exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent.
Appelée à réagir aux informations publiées hier par Le Devoir, la ministre des Ressources naturelles s'est lancée dans un plaidoyer en faveur de l'action du gouvernement Charest dans l'octroi du contrat pour l'EES à Genivar, même si cette entreprise a depuis acquis Tundra Engineering Associates, une société albertaine spécialisée dans la conception et la gestion d'installations pétrolières et gazières. En clair, la firme a des intérêts dans le secteur de l'énergie fossile alors qu'elle a pour mandat d'évaluer les risques que pose l'exploitation maritime du pétrole et du gaz.
Mais cela n'indispose pas la vice-première ministre. Avec le contrat, a-t-elle soutenu, «on s'est assurés que toutes les informations qui sont recueillies le sont dans un contexte de confidentialité. On s'est assurés que l'information recueillie par Genivar ne puisse profiter à aucune autre organisation. Et toutes les personnes chez Genivar qui travaillent sur l'évaluation environnementale doivent signer une entente de confidentialité».
Nathalie Normandeau a dit que le contrat signé avec Genivar contenait «une douzaine de clauses» permettant de «protéger l'information», sans rien préciser. «On a toute la protection nécessaire pour s'assurer qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts. C'est mon rôle, comme ministre, de m'assurer qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts», a-t-elle affirmé.
Khadir pas convaincu
Mais les affirmations de la ministre, très similaires aux arguments évoqués par la firme d'ingénierie, n'ont pas convaincu le député solidaire Amir Khadir. Il a dénoncé hier «l'attitude passive du ministère des Ressources naturelles face à ce conflit d'intérêts», en plus de demander le retrait de Genivar du dossier. «Même si ses intérêts pétroliers ne sont pas directement dans le golfe, Genivar est maintenant un joueur dans cette industrie, estime M. Khadir. Genivar est, selon moi, en conflit d'intérêts, car elle n'a aucun intérêt à être perçue par ses éventuels clients comme une entreprise qui met des bâtons dans les roues au développement pétrolier. Je suis sans mot pour décrire l'attitude passive du ministère des Ressources naturelles, qui ne s'inquiète pas de cette situation.»
Cette deuxième EES couvre 110 000 km2, essentiellement le golfe du Saint-Laurent. Cette vaste zone maritime comporte des écosystèmes très fragiles et des espèces menacées de disparition, en plus de soutenir une industrie de la pêche vitale pour de nombreuses communautés. Québec compte donc sur cet examen scientifique pour se donner une marche à suivre pour la suite des choses, même s'il est déjà acquis que l'industrie de l'énergie fossile pourra se développer en milieu marin.


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