VLB s’en prend à Michaëlle Jean

Outre le titre de l’article, Victor-Lévy Beaulieu reprend huit fois l’expression «Reine-Nègre» dans son texte et s’inscrit en faux contre les propos qu’elle a tenus en France lors de sa récente visite.

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L'affaire de la "reine-nègre" - VLB


Louise Leduc - Dans un texte intitulé «La Reine-Nègre» et publié dans L’Aut’Journal, l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu y va d’une charge contre Michaëlle Jean, alléguant qu’elle a été nommée au poste de gouverneure générale parce qu’elle «était Noire, jeune, jolie, ambitieuse, et à cause de son mari, sûrement nationaliste aussi».

«Michaëlle Jean était donc une bonne prise pour le gouvernement canadian, poursuit-il. La petite reine noire de Radio-Canada trouva vite plus agréable de trôner dans le fauteuil à braquettes dorées du gouverneur général du Canada, en Reine-Nègre accomplie, au service d’un régime cherchant à tout prix à faire du multiculturalisme la pierre d’assise du pays.»
Outre le titre, VLB reprend huit fois l’expression «Reine-Nègre» dans son texte et s’inscrit en faux contre les propos qu’elle a tenus en France lors de sa récente visite. «Venant elle-même d’une nation qui a eu beaucoup à souffrir de l’esclavagisme, la Reine-Nègre aurait dû savoir qu’en France, la traite des Noirs était interdite déjà par une ordonnance royale du 8 janvier 1817», mais qu’elle n’a réellement cessé que vers 1865, «ni par courage ni au nom du respect des droits de l’homme, mais sous la pression des colonisateurs français du Brésil et de Cuba qui y possédaient de riches plantations qu’ils avaient peur de perdre parce qu’on y importait trop de nègres et que ceux-ci risquaient de devenir bientôt une majorité qu’on ne pourrait plus contrôler».
Selon Yves Michaud, souverainiste convaincu, il s’agit là d’«un bon texte» de Victor-Lévy Beaulieu. Par son allusion à la Reine-Nègre, il fait tout simplement une comparaison littéraire qui évoque «les rois-nègres qui se sont mis au service des colonisateurs qui exploitaient l’Afrique», a-t-il expliqué en entrevue.
«Ça peut la choquer, elle, mais moi, pas du tout, poursuit M. Michaud. C’est le propre des pamphlétaires que de sortir des sentiers battus.»
Vivian Barbot, députée du Bloc québécois d’origine haïtienne, ne l’entend pas ainsi. «C’est un parfait torchon, dit-elle. On peut très bien trouver que le rôle de gouverneur général est archaïque. Mais s’en prendre à la personne, de façon aussi diffamatoire? Non. Il faut condamner ces propos et je suis certaine que la communauté haïtienne va être très offensée.»
Samuel Pierre, auteur en 2007 de l’ouvrage Ces Québécois venus d’Haïti et professeur à l’École Polytechnique, a bien hâte, dit-il, de voir la réaction des Québécois à ce texte. Victor-Lévy Beaulieu a une certaine audience, affirme-t-il. Il suppose que «ça ne fera pas que m’interpeller moi, qui suis Haïtien, mais que ça interpellera aussi l’ensemble de la société québécoise».
«Ces propos sont de très bas niveau. C’est un texte gratuit qui ne fait pas honneur à son auteur», a-t-il enchaîné.
La gouverneure générale n’a pas commenté. Victor-Lévy Beaulieu n’a pas rappelé, pas plus que l’éditeur de L’Aut’Journal, Pierre Dubuc.
L’écrivain Dany Laferrière a également dit qu’il ne souhaitait pas commenter le texte.
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Photo François Roy, Archives La Presse


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