Les GES frappent aussi l'hiver

Vive les Jeux, vive le ski! ...pourvu que dure la neige

Plaques brunes à venir sur les pentes

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«Mais où sont les neiges d’antan!» - François Villon

Deux jours de Jeux d'hiver et les Québécois s'excitent déjà de voir des leurs rafler plein de médailles, plus d'ailleurs que le ROC de surcroît. Un p'tit bonheur de circonstance qui cache mal une sombre réalité qui plane quand même sur l'institution des Jeux d'hiver : l'espace enneigé de cette planète se réduit constamment. Témoin : des 19 dernières régions qui ont présenté les Jeux d'hiver, six seulement pourraient encore le faire avec assez de neige en 2100; déjà au milieu du XXIe siècle, seulement 10 des 19 villes pourraient être candidates, si le climat devait augmenter de plus de 7 degrés Farenheit d'ici 2100.
Ces chiffres sont attribués à un climatologue canadien, Daniel Scott, de l'Université de Waterloo, qui est cité dans le New York Times de ce dimanche par Porter Fox, éditeur du magazine Powder.

L'hémisphère Nord a perdu un million de milles carrés de neige dite printannière ces 47 dernières années. Le massif alpin a perdu 50 p.cent de ses glaces depuis les années 1850 et si le climat actuel persiste, les deux-tiers des centres de sports d'hiver pourraient avoir disparu en 2100.
Des saisons de ski écourtées
Dans l'intervalle, la pratique du ski dans l'Est du Canada pourrait se réduire à une saison de moins de deux mois par année au milieu du présent siècle.
Même catastrophe anticipée évidemment dans le Nord-Est des États-Unis où plus de la moitié des 103 centres de ski ne pourront plus opérer dans 30 ans en raison d'hivers plus cléments. Quant à l'Ouest des États-Unis, il pourrait perdre entre 25 et 100 p.cent de sa masse neigeuse d'ici 2100 si on n'arrive pas à contenir les gaz à effet de serre. En Colombie-Britannique, la saison de ski de plusieurs centres est plus courte de quatre à cinq semaines que ce qu'elle était il y a 50 ans.
Bien sûr, la neige industrielle vient au secours des centres de ski mais ses limites sont connues. La Russie aura stocké 16 millions de pieds cubes de neige sous des couvertures l'an dernier pour s'assurer que Sotchi ait assez de neige pour les Jeux.
C'est connu : la neige usinée coûte cher en eau potable et en électricité. Un pays comme le Québec est bien servi en ces matières, mais les limites sont là. Il suffira d'urbaniser encore un peu plus les environs de Saint-Sauveur et de Sainte-Agathe pour en arriver à devoir limiter le volume d'eau destiné à la neige industrielle.
Des perspectives peu encourageantes
Pourtant, les sports d'hiver représentent une activité économique considérable. L'industrie des sports d'hiver représente une activité de 66 milliards de dollars annuellement aux É.-U. et emploie 960 000 personnes dans 38 États, selon la Outdoor Industry Association. Mais la production de neige industrielle aux États-Unis couvre 88 p.cent des centres de ski. Dans les Alpes, les usines à neige consomment plus d'eau l'hiver que la ville de Vienne, au débit de 500 000 gallons à l'acre.
De 1999 à 2010, voici deux dates remarquables : durant cette période, l'affaiblissement des chutes de neige a coûté un milliard US à l'industrie et 27 000 emplois. Or il se trouve que durant la même période, on a enregistré neuf des dix années les plus chaudes connues de mémoire d'homme.
Plusieurs de ces chiffrres proviennent de deux de nos voisins, chercheurs à l'Université du New Hampshire, Elizabeth Burakowski et Matthew Magnusson.
Quoi faire au Québec devant pareilles perspectives peu encourageantes? Il faudrait que nos universitaires et nos administrateurs nous disent s'il convient d'explorer l'aménagement de centres de ski à plus forte distance dans le Grand-Nord : quels sont les sites envisageables, dotés de quelle altitude, offrant quelle longueur de saison, etc.
On verrait assez un train tout-électrique s'engager dans un axe Chibougameau-Caniapiscau si les occasions se présentent. Le train tout-électrique jouerait le rôle d'héritier du Ptit Train du Nord, et offrirait en exclusivité le transport de longue distance au-delà de Chibougameau par exemple pour toutes les activités économiques à venir dans le Grand-Nord québécois et le Labrador voisin - y compris le grand tourisme international intéressé aux grands espaces et leurs caribous.
Les monts Chic-Chocs
Plus près de nous, il y a les monts Chic-Chocs en Gaspésie qui promettent encore une saison hivernale convenablement longue. De mémoire, je me souviens qu'au tournant de 1960, des gens de Matane avaient demandé à un skieur professionnel de Montréal d'évaluer les possibilités de construire un centre de ski dans les Chic-Chocs. Le skieur en question avait établi, semble-t-il, qu'une piste douce de quelque cinq milles (huit km) pouvait être établie sur un des flancs de montagne.
Jeune journaliste alors mais amateur de ski alpin, je n'ai jamais pu obtenir copie du rapport, qui avait probablement été commandé par des intérêts privés.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2014

    2100, c'est bien loin.
    Pour l'instant, je n'y vois que de la propagande réchauffiste.
    Contredite par l'expansion de la banquise arctique qui devait disparaître en été en 2013.
    S'il y a beaucoup d'argent dans l'industrie du ski, c'est parce que c'est un sport de luxe. Et la bascule économique qui s'en vient va la faire disparaître aussi sûrement que la banquise en été après des années de réchauffement, sinon plus vite.
    Le bon côté, c'est l'amoindrissement des coûts de déneigement des routes et rues. Mais là encore, si nous sommes assez bien épargnés, c'est parce qu'il fait trop froid et que les précipitations neigeuses se font aux États-Unis, vidant l'atmosphère de l'humidité résiduelle.
    2100, c'est sûr un point du temps où les réserves pétrolières seront raréfiés, et l'environnement dégradé par l'exploitation des gisements de schiste. Le coût du baril devenant très cher, peu seront portés pour des voyages de ski.
    Dîtes plutôt à vos petits-enfants de préparer leur cocon.
    Et de pratiquer des sports plus simples.