Veulent-ils liquider Mario Beaulieu ?

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Apparaissent à découvert les modérateurs et propagandistes du régime fédéral sur la scène politique et dans les médias

On peut apprécier ou non Mario Beaulieu et de même, on peut questionner la stratégie qu’il propose pour redresser le camp souverainiste. On peut penser que son élection à la direction du Bloc est une bonne chose ou inversement, une mauvaise. Certains y voient une renaissance du souverainisme, d’autres l’annonce d’une folklorisation, et les deux thèses méritent d’être discutées, pour peu qu’elles le soient sérieusement. Si on se fie au discours qu’il a développé pendant son passage à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu risque de présenter une version plus souvent qu’il ne le faudrait caricaturale de l’indépendantisme décomplexé dont il se veut le fer de lance. J’ai livré mon analyse de son élection plus tôt sur mon blogue samedi et on peut la consulter ici. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui m’intéresse, ici, ce n’est pas la candidature de Mario Beaulieu en soi, mais le traitement réservé à un leader nationaliste qui n’a jamais quêté la respectabilité des élites médiatiques installées et qu’ils sont nombreux, depuis samedi, à vouloir discréditer à tout prix.
Dans un certain milieu médiatique, où se croisent la gauche multiculturelle et la droite globaliste, un milieu qui se pique bien évidemment de raffinement mondain et de sophistication idéologique, il est bien vu traiter Mario Beaulieu comme un péquenaud, comme un balourd infréquentable, et de se moquer de lui en tout, qu’il s’agisse de sa manière de parler, de son allure générale ou de ses idées. On ne l’accueille pas comme un homme politique : on se demande hautainement comment un tel personnage a pu s’introduire ainsi dans la cour des grands. On prend plaisir à le mépriser et à ne pas cacher son mépris. Cette condescendance envers celui qui ne partage pas les codes de la respectabilité médiatique se dissimule derrière une aversion pour le radicalisme auquel on l’associe. Comment ne pas y voir une forme de snobisme qu’on ne veut ni ne peut retenir? Et peut-être est-ce aussi un mépris pour l’arrivée d’un militant dans un endroit où la loi est normalement faite par les politiciens professionnels qui définissent leur action en suivant les critères de la respectabilité médiatique. Le militant n’a plus bonne presse dans une société où le politique est souvent noyé dans la gestion.
Chez ces analystes, on annonce une catastrophe pour le mouvement souverainiste, auquel on ne les savait pas sentimentalement attachés, eux qui semblent souvent considérer que le fédéralisme est l’ordre naturel des choses. D’un coup, ils veulent le sauver de lui-même, en l’empêchant d’aller dans une direction qu’ils ont eux-mêmes interdite. Le système médiatique a un immense pouvoir : celui de définir les politiciens respectables et ceux qui ne le sont pas. Jusqu’ici, Mario Beaulieu avait une certaine reconnaissance médiatique, mais il demeurait un acteur politique périphérique. Manifestement, certains ont décidé de lui tirer le portrait pour le définir devant la population : nous serions devant un radical, un enragé, un extrémiste, un pur et dur, un pressé, un obstiné, un fanatique. Le système médiatique entend le définir avant qu’il ne se définisse lui-même. En fait, souvent, on ne lui donne la parole qu’en le présentant préalablement comme un radical, ce dont il doit ensuite se défendre, tout en sachant, que cette impression restera dans la conscience du téléspectateur. Des gens qui n’ont jamais entendu parler de Mario Beaulieu sont désormais convaincus, et pour longtemps, qu’il s’agit d’un fanatique qui n’est pas vraiment à sa place dans son nouveau poste.
Les souverainistes qui s’imaginent évoluer dans un environnement médiatique neutre se content des histoires. Autrement dit, devant un souverainiste qui ne se contente pas de souhaiter l’indépendance quand le ciel nous l’accordera mais qui la croit si importante qu’il entend convaincre la population de ses vertus, nous serions devant une bête suspecte. Cela peut paraître étonnant aux analystes revenus de tout, aux blasés que n’enchantent même plus les mondanités qu’ils ont tant recherché et autres spécialistes du cynisme politique qui confondent la sagesse avec le centre mou, mais il existe encore en ce monde des gens qui croient suffisamment à un projet politique pour y consacrer l’essentiel de leur existence. Inversement, quand les commentateurs de tendance fédéralistes n’en finissent plus d’encenser un leader souverainiste, celui-ci devrait se demander s’il fait bien son travail, et en conclure, 9 fois sur 10, que ce n’est probablement pas le cas.
Mario Beaulieu n’est certainement pas le chef attendu qui va relancer à lui-seul la lutte indépendantiste et les militants qui accueillent son élection comme un miracle politique seront probablement déçus. Ce n’est pas une raison, toutefois, pour que le système médiatique l’introduise dans le monde politique à la manière d’un pestiféré, d’un homme qui ne mérite pas le respect et qui s’y serait glissé à travers une immense méprise collective. On pourrait aussi souhaiter que les analyses politiques qui se penchent sur le mouvement souverainiste raffinent un peu leurs instruments d’analyses et cessent de nous parler de radicaux, de purs et durs, de pressés, comme si ces termes nous apprenaient des choses fondamentales sur les militants qui s’y retrouvent. Je reviendrai sur cette question demain en chronique, dans une analyse du terme «purs et durs».


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