Universités - C’est non à la gratuité

Québec rejette cette option vu la situation des finances publiques

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Toutes les options sont sur la table ??

Québec – À un mois du Sommet sur l’enseignement supérieur, le ministre Pierre Duchesne a fermé définitivement la porte à la gratuité scolaire à l’université, une option que le gouvernement Marois rejette d’emblée compte tenu, notamment, de l’état des finances publiques.
C’est devant quelques centaines d’étudiants réunis dimanche à l’Université Laval pour l’école d’hiver sur le Sommet de l’Institut du Nouveau Monde (INM) que le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie a fait part de cette position. « Les conditions particulières qui ont entouré la prise de pouvoir de notre gouvernement et une volonté d’être pleinement équitable ne nous permettent pas de faire la promotion de toutes les options », a déclaré Pierre Duchesne dans sa courte allocution. « La gratuité scolaire, par exemple, nous apparaît plus comme un idéal à long terme plutôt que comme une mesure concrète dans le contexte actuel. »
De façon « prioritaire », le gouvernement Marois doit redresser la situation des finances publiques, a indiqué le ministre. « Les dettes, les déficits légués par le précédent gouvernement, les dépassements de coût de multiples projets d’infrastructures ont plombé les finances publiques », a plaidé Pierre Duchesne, précisant que le coût de la gratuité scolaire à l’université « dépasse vraisemblablement le milliard de dollars annuellement ».
Le ministre a indiqué que son ministère calculerait avec précision le coût de cette gratuité, une donnée qui sera rendue publique pour le Sommet. Samedi, devant les étudiants qui participaient à l’activité de l’INM, l’économiste Pierre Fortin avait évalué à 1,1 milliard par le coût de cette gratuité.
Pierre Duchesne a demandé aux étudiants de se montrer réalistes lors du Sommet et en a appelé à leur sens des responsabilités. « Les décisions que nous y prendrons devront évidemment l’être en fonction du monde tel qu’il est et non d’un monde théorique », a-t-il avancé.
Le ministre a rappelé que le rapport Parent en 1963 proposait la mise en place graduelle de la gratuité scolaire, du primaire à l’université. « Nous étions la nation la moins scolarisée au monde. » Mais depuis, « nous avons fait des pas de géant » et d’autres enjeux s’imposent, soit les enjeux démographique et environnemental, a-t-il fait valoir.
Dans un point de presse, Pierre Duchesne a indiqué que, comme ministre, son idéal n’était pas l’instauration de la gratuité, mais plutôt l’accessibilité aux études supérieures. « On va viser à élargir l’accessibilité le plus possible [et à faire en sorte] que les institutions supérieures ne soient pas réservées à des fils ou des filles de riches. La gratuité n’est pas la réponse unique et la plus forte pour répondre à ça », a-t-il mentionné. « Mon idéal, c’est d’augmenter de manière importante le nombre de diplômés de première génération. » Diplômé de l’Université Laval, il est lui-même un diplômé de première génération, le premier de sa famille, a-t-il signalé.
L’indexation représente toujours la position défendue par le gouvernement Marois, mais cette indexation peut prendre diverses formes, a évoqué le ministre. « La beauté aussi de cette possibilité-là, c’est qu’il y a plusieurs modèles d’indexation, certains qui se rapprochent du gel, d’autres qui se rapprochent d’une indexation par rapport à des indicateurs, a-t-il affirmé. On n’est pas bloqué sur une seule option. »
Samedi, devant l’INM, Pierre Fortin, qui semble avoir l’oreille du ministre, avait proposé que l’indexation, plutôt que d’être arrimée à l’inflation, soit plutôt fonction de la capacité de payer des familles, c’est-à-dire de la croissance des revenus des ménages. L’économiste y voyait un bon compromis.
Déception à l’ASSE
L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), qui prône la gratuité scolaire, a manifesté dimanche soir sa déception devant la position du ministre sur la gratuité. « C’est étrange », a dit son porte-parole, Jérémie Bédard-Wien. « Cela ne correspond pas à un véritable sommet. Il exclut le projet de société que nous défendons. » Les membres de l’ASSE, qui représente 70 000 étudiants, parlementeront cette semaine pour déterminer s’ils participeront au Sommet ou non.
Du côté de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), on ne se formalisait pas de la sortie du ministre. « Il n’y a pas grande surprise », a dit la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, qui était présente. Geler les droits de scolarité, c’est respecter les finances publiques, croit-elle. « Un gel, ça ne demande aucun réinvestissement. Ça considère la capacité de payer des étudiants, mais aussi du gouvernement. Je pense que c’est la solution la plus pragmatique. »
Même son de cloche de la part de la présidente de la FECQ, Éliane Laberge. Le gel fait en sorte que la note que doivent assumer les étudiants diminue « dans une perspective de gratuité scolaire à long terme », a-t-elle dit. Mais pour la FECQ, le gel n’est pas le seul enjeu : l’accessibilité géographique aux études est cruciale. La fermeture de programmes dans les cégeps en région, la « dévitalisation des cégeps », est une préoccupation, a souligné Éliane Laberge.


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