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Une première extraction horizontale de pétrole en Gaspésie

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La Gaspésie ne sera jamais l'Alberta

Pour la première fois dans l’histoire du Québec, une entreprise pétrolière a réussi à extraire du pétrole du sous-sol grâce à un forage horizontal, mené en Gaspésie. Junex pourrait forer trois autres de ces puits au cours des prochains mois et Pétrolia utilise la même technique dans cette région. Mais, pour le moment, on ignore toujours les impacts environnementaux de ces travaux.

Junex a annoncé mardi qu’elle a extrait un total de 2017 barils de pétrole léger en 14 jours de son puits Galt 4, dans le cadre d’essais de production sur ce nouveau forage mené à 15 kilomètres à l’ouest de Gaspé. La pétrolière est notamment parvenue à maintenir une moyenne quotidienne de 161 barils par jour pendant six jours, dans le cadre de cette première production pétrolière réalisée au Québec à partir d’un puits horizontal.

« Au meilleur de notre connaissance, ce débit de production de 161 barils de pétrole par jour est le meilleur débit de production de pétrole atteint jusqu’à présent au Québec et, selon nos calculs, il s’agit d’un débit de production de pétrole commercial même aux prix actuels du pétrole », a fait valoir Peter Dorrins, président et chef de la direction de Junex. M. Dorrins, un ancien chef exploration chez Hydro-Québec Pétrole et gaz, a précisé que le puits pourrait aussi produire des débits plus élevés lors de tests à venir.

Pour parvenir à ces résultats, l’entreprise a utilisé un puits foré en 2012 à plus de 2000 mètres de profondeur. Mais, cette fois, le forage a été dévié à l’horizontale, en direction d’un autre puits foré en 2003. Réalisé à l’époque en partenariat avec la filiale Hydro-Québec Pétrole et gaz, ce dernier avait permis de détecter la présence de pétrole et de gaz naturel.

Pour Junex, il est clair que cette portion du sous-sol gaspésien peut renfermer un potentiel intéressant. Selon une évaluation de la firme texane Netherland, Sewell and Associates, le secteur pourrait contenir 330 millions de barils d’or noir. Environ 15 % de la ressource pourrait être extraite, a déjà expliqué au Devoir M. Dorrins. Cela représente un potentiel de « 31 millions de barils » pour Junex, qui détient un intérêt de 70 % dans le projet Galt.

L’entreprise, dont Investissement Québec est le troisième actionnaire, a déjà foré six puits dans la région. Elle contrôle d’ailleurs plus de 6700 km2 de permis d’exploration sur le territoire de la Gaspésie. Toute la péninsule est en fait tapissée de permis d’exploration, contrôlés essentiellement par Junex ou Pétrolia. Les deux entreprises ont déjà pompé du pétrole dans la région, ce qui n’est pas le cas dans l’île d’Anticosti.

Selon les travaux menés jusqu’à présent, il semble que ce soit la pointe de la péninsule qui présente le potentiel pétrolier le plus prometteur. La région a d’ailleurs été ciblée à plusieurs reprises par des travaux d’exploration au cours des dernières décennies. Les premiers essais remontent aux années 1940.

Quelques milliers de barils d’or noir ont même déjà été pompés par Junex dans le cadre de ses recherches dans la région. Celles-ci se concentrent désormais sur la zone nommée Galt, d’une superficie de 67 km2. Selon ce qu’a précisé mardi Junex, la pétrolière doit maintenant réaliser au cours des prochaines semaines différentes mesures d’indicateurs de pression dans son puits Galt 4. Trois autres forages horizontaux pourraient suivre, si tout se déroule comme le souhaite Junex.

Les résultats encourageants pour les actionnaires dévoilés mardi ne sont pas les premiers annoncés en ce début d’année 2015. En janvier, Pétrolia a dit avoir terminé le controversé forage Haldimand 4, situé près du centre-ville de Gaspé et à environ 350 mètres d’un secteur résidentiel. Ce forage horizontal a atteint plus de 600 mètres de profondeur et parcouru une distance de plus de deux kilomètres, afin de croiser des zones forées au cours des dernières années. L’un de ces puits, Haldimand 1, a déjà produit plus de 5000 barils de pétrole brut.

Selon une évaluation préliminaire menée par une firme indépendante, le sous-sol du secteur contrôlé par Pétrolia pourrait permettre d’extraire un total de 7,7 millions de barils de brut. Cela équivaut à 23 jours de consommation de pétrole pour le Québec. Selon ce qu’a précisé Pétrolia au Devoir mardi, des tests d’évaluation doivent être menés au cours des « prochains jours ». Par la suite, la pétrolière devrait demander un permis à Québec afin de mener des tests de production.

Pendant ce temps, le gouvernement du Québec n’a toujours pas terminé l’évaluation environnementale stratégique de la filière pétrolière. On ne sait donc toujours pas quels peuvent être les risques et les impacts de cette industrie en Gaspésie, notamment en ce qui a trait aux forages horizontaux. Selon Greenpeace, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement aurait dû mener cette évaluation, qui est actuellement dirigée par deux sous-ministres du gouvernement Couillard.


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