ÉNERGIE

Une politique dépassée

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On en reparlera… après les élections

Il a fallu attendre la publication par Le Devoir des grandes lignes du rapport Maîtriser notre avenir énergétique pour que le gouvernement Marois se décide à le rendre public, hier, un mois après son dépôt. À la lecture, on comprend que Mme Marois eût préféré le garder secret jusqu’après les élections.
La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec n’est pas un quelconque groupe de militants environnementalistes. Coprésidée par les experts Roger Lanoue et Normand Mousseau, elle a été créée en juillet 2013 par le gouvernement lui-même pour consulter la population et proposer des orientations qui serviraient à la rédaction de la politique énergétique du Québec. À n’en pas douter, il n’en sera rien !

En éditorial, hier, la rédactrice en chef de ce journal, Josée Boileau, qualifiait le rapport dans son ensemble d’« exigeant », mais de réaliste, et concluant que l’inaction n’était pas une solution.

Or, parmi les décisions les plus exigeantes que l’on est en droit d’attendre d’un parti qui aspire à gouverner le Québec du XXIe siècle, la remise en cause des paradigmes qui guident la prise de décision en matière de production d’électricité depuis cinquante ans est devenue urgente.

Au rythme actuel, les surplus d’électricité coûteront deux milliards de dollars par année aux contribuables québécois d’ici à la fin de la décennie. Mais contrairement à ce que tentent encore de faire croire péquistes et libéraux, le prix de l’électricité du Québec n’est plus un avantage compétitif pour le développement économique du Québec. S’il peut être avisé de consentir temporairement des tarifs peu élevés pour maintenir ou attirer certaines grandes entreprises, il est devenu coûteux et inefficace sur le plan énergétique et économique de forcer Hydro-Québec à acheter à prix élevé des mégawattheures qu’elle doit revendre à perte sur une base permanente.

En conséquence, la commission recommande de mettre fin aux subventions milliardaires consenties aux industries les plus énergivores dans l’espoir de concurrencer des pays comme le Qatar, qui offrent à 2 ¢ du kilowattheure de l’électricité produite avec du gaz résiduel. Un prix que le Québec ne pourra jamais battre sans s’endetter lourdement.

De même pour l’industrie éolienne et celles des petites centrales qui revendiquent au nom de l’emploi qu’on finance des centaines de mégawatts déficitaires chaque année d’ici à 2025, année où il faudra entreprendre de remplacer, toujours à perte, les équipements déjà vétustes.

Il faut mettre un terme à cette politique d’un autre siècle au profit de choix porteurs de progrès, telle l’élimination progressive de notre dépendance au pétrole dans le transport et le chauffage grâce à d’importants programmes d’efficacité énergétique. Programmes dont les investissements entraîneraient des « retombées économiques aussi importantes, sinon plus, que la construction de nouveaux équipements » de production d’énergie.

L’argumentation développée dans le rapport n’est pas nouvelle. En fait, elle rejoint même les lignes de force de la Politique énergétique adoptée en 1996, mais qu’on a laissée tomber au profit du clientélisme électoral régional. Car tout est bon au Québec pour gagner des élections, surtout quand la facture est transmise aux générations suivantes !

En poursuivant la même logique que ses prédécesseurs libéraux, le gouvernement du Parti québécois enferme le Québec dans son passé de porteur d’eau. Un mensonge coupable !


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