Une place pour l'économie sociale

Montréal, métropole culturelle



Le Rendez-vous 2007 - Montréal, métropole culturelle, qui aura lieu les 12 et 13 novembre, suscite des interrogations et des attentes considérables dans divers milieux et quartiers montréalais. Il est prévisible que des investissements substantiels seront annoncés pour de grands équipements et événements culturels qui contribuent au rayonnement international de Montréal et que le Quartier des spectacles, qui fait largement consensus, sera en tête de liste des priorités.
Mais y aura-t-il une place pour les multiples initiatives qui tissent quotidiennement la vie culturelle dans les quartiers montréalais? Y reconnaîtra-t-on la volonté des citoyens non seulement d'assister mais aussi de participer à des projets culturels? Y appuiera-t-on les efforts déployés dans de nombreux quartiers montréalais pour en faire des foyers culturels vivants, pour conjuguer développement culturel avec développement social et économique, pour multiplier les passerelles entre les milieux de la création et les citoyens souvent exclus de cette vie foisonnante?
Nous adhérons pleinement à la vision de participation citoyenne à la vie culturelle montréalaise énoncée dans la Politique de développement culturel adoptée par la Ville de Montréal en 2005. Cette participation prend notamment les chemins de l'économie sociale. Depuis une dizaine d'années à Montréal, la volonté des citoyens d'intégrer la culture dans le développement et la qualité de vie de leur quartier a donné naissance à environ 120 entreprises d'économie sociale à mission culturelle.
Démocratie culturelle
Ces entreprises se distinguent par leur travail visant à favoriser une plus grande démocratie culturelle qui se décline sous diverses formes: l'accès à la culture dans son quartier grâce à une décentralisation des ressources et des acteurs culturels; la prise en charge citoyenne par une participation active de la population dans la réalisation d'un projet culturel; l'inclusion sociale, qui tend la main aux moins nantis, aux autres cultures, aux jeunes et à l'émergence. Cette approche inclusive et participative est partagée par de nombreux partenaires, au premier rang desquels on retrouve Culture Montréal.
Les histoires de réussite de projets culturels en économie sociale sont nombreuses. Du festival Petits Bonheurs, qui met l'imaginaire à la portée des tout-petits et des moins nantis dans Hochelaga-Maisonneuve, à la Tohu, qui oeuvre au coeur de la revitalisation du quartier Saint-Michel, en passant par la radio communautaire CIBL, qui carbure à l'énergie de centaines de jeunes bénévoles, les exemples montrent combien culture et économie sociale peuvent non seulement faire bon ménage mais aussi contribuer à la dynamisation culturelle de tout le territoire montréalais.
Plus précisément, nos organisations qui oeuvrent en développement économique communautaire, en économie sociale et en médiation culturelle soumettent, en prévision du Rendez-vous de novembre, quelques propositions qui visent à ce que le rayonnement de Montréal en tant que métropole culturelle soit profondément ancré dans la dynamique de ses quartiers et prenne appui sur une véritable participation de ses citoyens. La réalisation de ces objectifs nécessite l'appui des décideurs publics (Ville de Montréal, gouvernements du Québec et du Canada), du milieu des affaires et, bien entendu, du monde de la culture.
Financement accru
Premièrement, nous proposons que soit reconnue et renforcée l'action en médiation culturelle menée par de nombreuses entreprises d'économie sociale sur le terrain. Ce travail fait le lien entre les milieux de la création et les citoyens pour que ceux-ci participent à la définition et à la réalisation de projets culturels; il vise principalement des groupes souvent exclus de la vie culturelle: populations économiquement défavorisées et sous-scolarisées, immigrants, jeunes...
Il s'agit là d'un travail de proximité difficilement réalisable par des institutions publiques. Ces initiatives, portées à bout de bras par des organismes du milieu, reçoivent un financement ponctuel de la part des organisations de développement local et de soutien à l'économie sociale, mais il faudrait un financement public plus soutenu, qui pourrait servir de levier pour obtenir la participation d'autres partenaires.
Deuxièmement, nous proposons une stratégie pour maintenir les communautés d'artistes dans les quartiers qu'elles occupent actuellement en les aidant à se doter de lieux de travail, de diffusion et de vie adéquats et abordables. Les artistes participent activement au développement social, économique et culturel de Montréal et des quartiers où ils s'installent.
Projets collectifs
Malheureusement, les artistes sont expulsés de ces quartiers, faute de moyens, aussitôt que la valeur des propriétés augmente et que les loyers deviennent inabordables. Poussés par des pressions spéculatives, ils migrent au gré du marché immobilier, d'un quartier à l'autre, et se réfugient dans les zones qui ne sont pas encore touchées par les hausses de loyer. Afin de trouver des réponses concrètes aux besoins en ateliers pour les artistes et les artisans, afin d'éviter leur exode et d'assurer leur participation à leur communauté d'adoption, nous proposons la réalisation de projets immobiliers culturels collectifs avec la création d'un fonds de capital patient adapté à cette réalité.
Enfin, nous souhaitons vivement que le Rendez-vous de novembre soit l'occasion pour la Ville de Montréal de concrétiser l'orientation qu'elle formulait dans sa politique culturelle, en 2005, de «mettre en oeuvre un plan d'intervention stratégique sur les pôles culturels, qui proposera les moyens de mettre en valeur les pôles existants, ainsi qu'un programme de développement de nouveaux pôles, en concertation avec chacun des arrondissements et des partenaires concernés». Nous sommes prêts à participer à un tel plan et croyons que nos propositions y contribuent. Nous sommes prêts à unir nos efforts à ceux déjà déployés pour faire de Montréal une métropole culturelle... pour tous.
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Ont signé ce texte:
Anne Massicotte, Association culturelle du Sud-Ouest; Marc-André Perron, CDEC Ahuntsic-Cartierville; Denis Sirois, CDEC Centre-Nord; Louise Hodder,
CDEC Centre-Sud-Plateau Mont-Royal; Jean-François Lalonde, CDEC Rosemont-Petite-Patrie; Thérèse Sainte-Marie, CDEST; Édith Cyr, Comité d'économie sociale de l'île de Montréal; Nancy Neamtan, Chantier de l'économie sociale;
Pierre Morrissette, Regroupement économique et social du Sud-Ouest.
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