Le maire Gérald Tremblay en furie contre Québec

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Montréal, métropole culturelle


Tommy Chouinard et Simon Thibault - Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est en furie contre le gouvernement Charest. Il l'accuse de «partisanerie électoraliste» en voulant créer une structure municipale qui limiterait le pouvoir de Montréal au profit des villes défusionnées.


En termes à peine voilés, le maire a avancé que le Parti libéral propose de mettre sur pied le «Secrétariat d'agglomération» pour calmer la grogne des villes de l'ouest de Montréal, insatisfaites du gouvernement.
«C'est une prise en otages de 87% des citoyens de l'île par des élus qui représentent 13% de la population. Le premier ministre plie devant la volonté d'une minorité, a-t-il tonné. On fait tout ça, encore une fois, simplement par partisanerie électoraliste. Jamais. Jamais, comme maire de Montréal, je ne peux accepter ça!» a-t-il ajouté.
Hier, le gouvernement a déposé le projet de loi 22, qui vise à améliorer la gouvernance de la métropole.
En créant le Secrétariat, Québec espère «favoriser la circulation de l'information» entre la Ville et les municipalités défusionnées. Le Secrétariat chapeauterait la structure existante, le Conseil d'agglomération, qui passerait de 31 à 80 membres. Québec veut ainsi permettre aux 14 maires des villes reconstituées d'y siéger.
Tremblay en colère
D'un naturel généralement posé, Gérald Tremblay contenait mal sa colère durant la conférence de presse.
«Les discussions que j'ai eues avec la ministre (Nathalie Normandeau) ont été très claires à cet effet-là. Il y aurait trois maires des villes reconstituées et deux maires des arrondissements de Montréal. Donc un contrôle du secrétariat par les villes reconstituées», a-t-il dit.
À Québec, la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, a reconnu que son gouvernement souhaitait initialement que ce Secrétariat soit composé en majorité de maires des villes défusionnées, avant de changer d'idée. «On n'a pas cru bon, avec les commentaires que nous avons reçus par la suite, de retenir cette proposition», a-t-elle dit. Le projet de loi ne précise pas la composition du Secrétariat.
Le chef de l'opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal, Noushig Eloyan, appuie de son côté les propos de Tremblay. «C'est absolument électoraliste. C'est très clair que le gouvernement, pour plaire à sa base électorale de l'Ouest-de-l'Île, est prêt à négocier l'avenir de Montréal. Ça ne se fera jamais», a-t-elle dénoncé.
De leur côté, les maires des villes défusionnées ont accueilli favorablement mais sans enthousiasme le projet de loi. «C'est un pas en avant», a dit Karen Marks, mairesse de Westmount et porte-parole de l'association des maires de banlieue. «C'est un bon commencement», a renchéri Bill Tierney, maire de Sainte-Anne-de-Bellevue, une ville de l'Ouest.
Charest agacé
Visiblement agacé par les attaques de Gérald Tremblay, le premier ministre Jean Charest a répliqué avec une remarque cinglante. «Quand le maire Tremblay a fait sa première campagne à la mairie, il avait un discours sur les fusions très différent de celui qu'il a aujourd'hui», a-t-il lancé. M. Charest faisait allusion au fait que M. Tremblay, appuyé par des opposants aux fusions, avait promis une décentralisation en faveur des arrondissements, donc des anciennes villes de banlieue, en 2001.
Jean Charest s'est défendu de favoriser les villes de l'Ouest-de-l'Île au détriment de Montréal pour permettre à son parti de rétablir les ponts avec la communauté anglophone, furieuse de récentes décisions. «Nous avons proposé des solutions qui sont le reflet des besoins de la population du Québec. On va continuer de travailler avec le maire de Montréal et les autres maires», a-t-il affirmé.
L'opposition partagée
Le PQ a condamné la création éventuelle du Secrétariat d'agglomération. En déposant le projet de loi 22, «le gouvernement libéral a commis sa plus grande erreur» de la session, a lancé la leader parlementaire Diane Lemieux. Le PQ est toutefois favorable à l'octroi de pouvoirs de taxation à Montréal, l'une de ses promesses électorales.
Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, qui a courtisé les défusionnistes au cours des derniers mois, est resté évasif au sujet du Secrétariat. Il a cependant déploré «l'espèce de marchandage» fait par le gouvernement qui, à l'égard de Montréal, tente «d'arracher d'une main et de redonner de l'autre». Il a rappelé que l'ADQ préconise l'abolition des conseils d'agglomération. Le projet de loi 22 fera l'objet de consultations en commission parlementaire cet automne.
Par ailleurs, dans son projet de loi, le gouvernement Charest accorde à Montréal de nouveaux pouvoirs de taxation qui lui permettraient de renflouer ses coffres. Comme La Presse le révélait mercredi, le projet de loi permet à Montréal de taxer les stationnements commerciaux et les billets de spectacles de toutes sortes. La Ville pourrait également instaurer une taxe sur les repas et les boissons consommés dans un restaurant.
QUI FAIT QUOI
Conseil d'agglomération
À l'heure actuelle, le conseil d'agglomération compte 31 membres: 16 élus de Montréal et 15 des villes défusionnées. L'attribution des voix est proportionnelle au poids démographique de chacune des villes: 87% pour Montréal et 13% pour les villes défusionnées. Le conseil d'agglomération prend des décisions concernant l'évaluation foncière, les services de police et d'incendie, le logement social, l'alimentation en eau, l'assainissement des eaux, le transport en commun et le plan de gestion des déchets. Avec le projet de loi 22, Québec veut faire passer le nombre de ses membres de 31 à 80, en intégrant tous les élus siégeant au conseil municipal de Montréal. L'attribution des voix resterait toutefois le même.
Secrétariat d'agglomération
C'est une nouvelle structure que le gouvernement propose de créer dans son projet de loi. Québec voulait que les villes défusionnées y soient majoritaires, mais a finalement renoncé à définir la composition du secrétariat.
Cette structure aurait pour fonction:
- «de favoriser la circulation de l'information entre la municipalité centrale et les municipalités reconstituées»,
- «de procéder à des vérifications sur tout aspect de l'administration de la municipalité centrale qui intéresse l'agglomération»,
- «de formuler des avis et de faire des recommandations au conseil d'agglomération sur tout sujet ayant un lien avec l'exercice d'une compétence d'agglomération».
Le secrétariat a également «le droit d'exiger de tout employé (de Montréal) tous les renseignements, rapports et explications qu'il juge nécessaires».
Conseil municipal
Montréal et les 14 villes défusionnées ont leur propre conseil municipal qui gère les questions locales.


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