Gentil sommet

Montréal, métropole culturelle

Dans dix ans, que retiendra-t-on du spectacle Rendez-Vous 2007 -- Montréal métropole culturelle, sinon une flambée de millions autour d'un très attendu Quartier des spectacles?
On craignait la «grande messe pour convertis». On redoutait les listes d'épicerie et la litanie de récriminations. On espérait un vigoureux débat d'idées. On attendait une franche poignée de mains entre le milieu des affaires et le secteur culturel.
Loin du cauchemar appréhendé mais aussi du feu d'artifice espéré, le «gentil» sommet qui s'est conclu hier à Montréal aura donné à la culture montréalaise le statut de vedette qui lui revient; il aura aussi permis aux divers gouvernements de larguer quelques annonces; il aura enfin encouragé un premier flirt entre les finances et les arts.
Malheureusement -- et c'est le risque découlant de ces événements et de leur format obtus, qui étouffe la répartie et tout espoir d'un réel échange --, on se rappellera surtout que Rendez-Vous a servi de tremplin à un Quartier des spectacles rêvé depuis des lustres. Un projet aux retombées heureuses, symbole de l'ébullition culturelle dont Montréal se targue, mais aussi le résultat d'une élaboration longue et pénible qui renvoie -- encore! -- à un débat de structures. Dans la cour des artistes, qui animeront pourtant ce quartier, que reste-t-il de ce sommet?
Lundi, Olivier Kemeid, directeur artistique d'Espace libre, a demandé au Rendez-Vous: «Savez-vous comment faire pour reconnaître un artiste à Montréal?» La réponse: «Demandez-lui si la culture se porte bien à Montréal. S'il répond non, c'est que c'est bel et bien un artiste.»
Il est vrai qu'il subsiste un gouffre entre la perception et la réalité. Côté perception, on peut sans gêne reconnaître à Montréal un foisonnement artistique fièrement affiché comme carte de visite. Côté réalité, les artistes, pourtant essentiels à cette façade qui fait notre orgueil, réclament un soutien qu'on tarde à accorder. Côté réalité, la finance hésite encore trop souvent à ouvrir ses goussets pour une cause nommée culture.
Bien qu'il faille saluer les bonnes nouvelles apportées par la ministre de la Culture Christine St-Pierre -- augmentation du budget du CALQ, nouvelles bourses destinées à la relève --, les mines restent basses du seul fait que le Conseil des arts de Montréal, plateforme idéale pour le déploiement et le soutien de la culture dans la métropole, ne récolte de ce sommet qu'une mince indexation de son budget, et ce, après des années de surplace!
Avec ce sommet, les organisateurs de l'événement ont souhaité guillotiner le cynisme et le fatalisme qui vont souvent de pair avec tout rêve de révolution culturelle. Il faudra toutefois voir les suites de ce rapprochement de l'économie et des arts avant de succomber à tout l'optimisme auquel invite la vitalité culturelle de Montréal. Pour l'heure, on s'interroge: Montréal a-t-elle les moyens de ses rêves?
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machouinard@ledevoir.com


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