Une hausse salariale de 13,5 % réclamée dans le secteur public

880d70f9520a0e42e463ebaa82481c05

L'affrontement s'annonce titanesque !

(Québec) Le front commun représentant quelque 400 000 employés des secteurs public et parapublic québécois réclamera du gouvernement du Québec une augmentation salariale d'au moins 13,5 % sur trois ans, a appris Le Soleil.
C'est du moins la proposition que les syndicats membres de l'alliance soumettront à leurs membres au cours des prochaines semaines dans le cadre de «consultations de prénégociations», révèle un document interne que nous avons obtenu.
Les actuels contrats de travail des employés des secteurs public et parapublic seront échus le 31 mars 2015. Les négociations avec le gouvernement du Québec s'amorceront en octobre.
Selon le cahier de revendications, le front commun réclamera 4,5 % d'augmentation le 1er avril 2015, 4,5 % en avril 2016 et 4,5 % en 2017; «en plus d'un montant variable selon l'évolution de la conjoncture économique et sociale».
Argumentaire syndical
L'argumentaire du regroupement syndical se déploie sur plusieurs fronts. Il observe d'abord que l'Institut de la statistique du Québec indique que la rémunération globale octroyée dans le secteur public accuse un retard de 8,3 % par rapport aux autres salariés québécois - ceux du fédéral, des municipalités et des entreprises de plus de 200 employés.
«En négligeant la rémunération de ses propres salariés, l'État québécois continue de miner sa capacité d'attirer la main-d'oeuvre, peut-on lire dans le document. Et en laissant leur pouvoir d'achat se dégrader, le gouvernement fait fi de leur contribution, en tant que consommateurs, à la relance économique et à l'enrichissement collectif.»
Avec 35 % des salariés admissibles à la retraite d'ici quelques années, le renouvellement de la main-d'oeuvre représente aussi un défi particulier, argue-t-on. «Si le secteur public québécois n'est pas en mesure d'offrir des conditions de travail intéressantes, qui voudra encore travailler dans le secteur public provincial?»
Le front commun déplore «la transformation du régime fiscal québécois». Elle a «entraîné des pertes structurelles de 4,6 milliards $» dans les coffres de l'État. «Le gouvernement a fait le choix politique de se priver des revenus nécessaires.»
L'alliance est très remontée contre le discours des gouvernements successifs. «La quête du déficit zéro, du remboursement de la dette et de l'austérité budgétaire ont un impact direct sur nos services publics, ainsi que sur les conditions dans lesquelles nous exerçons nos professions.»
Le regroupement fustige aussi «le faux argument de la sécurité d'emploi». Il note que 190 000 employés qu'il représente «sont dans une situation de précarité, travaillant sur une base temporaire ou occasionnelle».
Ils gagnent en moyenne moins de 25 000 $ par année.
Retraite: le statu quo
Le front commun entend maintenir les dispositions actuelles du régime de retraite de ses membres. Il revendique «la mise en place de solutions à la sous-traitance et à la privatisation des services», ainsi que «des solutions concrètes concernant la conciliation famille-travail-études».
Les syndiqués concernés par ces demandes oeuvrent dans les secteurs de la santé et des services sociaux, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et dans la fonction publique du Québec.
Le front commun réunit le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, la Centrale des syndicats du Québec, la Confédération des syndicats nationaux, ainsi que la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
Le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec ont décidé de faire bande à part. Ils estiment avoir des revendications particulières à faire valoir et pensent obtenir davantage de leur côté qu'en étant regroupés au sein d'une alliance élargie.
**************
Un choc se prépare entre le gouvernement du Québec et les syndicats des secteurs public et parapublic.
En février, le ministre des Finances d'alors, Nicolas Marceau, avait déjà prévenu les employés de l'État qu'ils devraient contribuer à l'atteinte du «déficit zéro»; qu'ils devraient tenir compte «de la capacité de payer des contribuables».
M. Marceau avait évoqué une formule d'augmentations salariales pouvant être en partie liée à la croissance économique. Une telle formule avait été inscrite au coeur des derniers contrats de travail signés par les syndicats et le gouvernement de Jean Charest.
Depuis qu'il est en poste, le nouveau président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, n'a cessé de répéter, lui aussi, que les syndiqués devront tenir compte de la «capacité de payer des contribuables québécois». M. Coiteux a la volonté de lier les prochaines augmentations de salaire à l'amélioration de la productivité.
En vigueur jusqu'en mars prochain, les conventions collectives prévoient une hausse salariale de 2 % cette année.
34 G$ en masse salariale
La masse salariale du gouvernement du Québec représente près de 60 % «des dépenses de programme». Elle s'élève à 34,3 milliards $.
Les syndicats n'ignorent pas que le contexte soit difficile. Le gouvernement de Philippe Couillard a déjà annoncé un gel de l'embauche dans la fonction publique. Pour les années à venir, il semble chercher à geler la masse salariale de l'État - ou à réduire sa croissance le plus possible.
Le ministre des Finances, Carlos Leitao, dit faire face à un immense défi. Il doit résorber un déficit appréhendé de 3,7 milliards $ afin de simplement atteindre le manque à gagner de 1,7 milliard $ prévu cette année.
**************
Une formule complexe
De façon plus détaillée, le front commun revendique :
› Au titre du «rattrapage salarial graduel» :
• 2 % par année;
• Une «hausse résiduelle en fin de convention pour combler l'écart restant identifié» par l'Institut de la statistique du Québec.
› Au titre de «la parité salariale» :
• 2 % par année ou une hausse égale à l'inflation si l'indice annuel des prix à la consommation au Québec dépasse ce 2 %.
›Une amélioration des conditions de vie, particulièrement pour les bas salariés et ceux à statut précaire :
• «Un redressement annuel de 0,5 % par année exprimé en montant fixe, calculé sur le salaire horaire moyen et intégré aux taux et aux échelles»;
• La portion qui excède 1 % de la croissance du PIB réel devrait être redistribuée «en hausse de salaire exprimée en montant fixe et en mesures de réduction de la précarité».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé