Le lieutenant-gouverneur a envisagé tous les scénarios, y compris une alliance CAQ-PLQ

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L'évocation d'une telle alliance divise le vote des fédéralistes qui risquent de se retrouver doublement perdants

(Québec) Si le Parti québécois ne décrochait pas la majorité parlementaire qu'il convoite le 7 avril, les libéraux et ce qui restera de caquistes pourraient très bien se retrouver au pouvoir grâce à une alliance politique inédite dans l'histoire du Québec, croient des personnes dans ces deux formations.
Le Soleil a également appris, de source sûre, que le lieutenant-gouverneur du Québec, Pierre Duchesne, a lui-même évalué tous les scénarios possibles pour le lendemain du scrutin.
Il en va de son devoir «d'arbitre», car il ne s'agit pas de «politique-fiction», mais d'hypothèses que personne ne peut écarter du revers de la main, a-t-on souligné en faisant référence aux résultats à venir des urnes.
Les chefs Philippe Couillard et François Legault n'accréditeront pas publiquement un scénario d'alliance parlementaire - sur lequel ils n'ont d'ailleurs certainement pas eux-mêmes planché à ce stade-ci et sur lequel ils ne s'arrêteront peut-être jamais. L'accréditer serait, pour eux, de plus, admettre la défaite... Un sacrilège!
Mais Le Soleil s'est entretenu avec des caquistes et des libéraux qui évoquent cette hypothèse en sourdine. C'était ces derniers jours, avant l'arrivée d'une nouvelle fournée de sondages nationaux.
Une équation
Un parti politique doit obtenir 63 des 125 sièges de l'Assemblée nationale pour former un gouvernement majoritaire, et gouverner à peu près comme bon lui semble.En septembre 2012, la question d'une alliance entre libéraux et caquistes n'a pas pu se poser, et encore moins celle d'une coalition gouvernementale. Le résultat avait certes été serré, mais les péquistes de Pauline Marois avaient tout de même récolté quatre sièges de plus que les libéraux. Et le chef libéral, Jean Charest, avait mordu la poussière dans Sherbrooke.
Mais en cas d'égalité le 7 avril entre péquistes et libéraux, ou en cas de victoire très serrée du Parti québécois - minoritaire avec un seul siège de plus -, le jeu politique et parlementaire pourrait être beaucoup plus ouvert pour la suite des choses.
Prenons l'exemple soumis par un interlocuteur - un élu de haut rang - pour mieux comprendre ce à quoi certains pensent.
Il postule l'équation suivante : Parti québécois : 58 sièges au soir du scrutin; Parti libéral du Québec : 58 aussi. Dans son scénario, la Coalition avenir Québec pourrait compter sur six ou sept députés; Québec solidaire, sur deux ou trois.
L'Assemblée nationale serait formée de 64 élus libéraux et caquistes.
Si Philippe Couillard lui en faisait la demande, le lieutenant-gouverneur n'aurait d'autre choix que de reconnaître que le chef libéral bénéficie «de la confiance de la chambre» dans le cas d'une alliance entre «députés fédéralistes» ou, du moins, entre députés refusant «un référendum sur la souveraineté», croit ce même élu. Pierre Duchesne n'aurait donc, selon lui, pas le choix de lui confier le poste de premier ministre.
Aucun mouvement formel n'a été enclenché entre les libéraux et les caquistes. Il s'agit de réflexions personnelles de certains. Mais elles sont révélatrices.
Du jamais-vu
Ce serait du jamais-vu sur la scène québécoise. Au fédéral, en 2008, libéraux et néo-démocrates ont, pendant un certain temps, songer à demander à la gouverneure générale du Canada de l'époque, Michaëlle Jean, de former un gouvernement de coalition. Cette idée, surgie au beau milieu de la législature, et non pas à l'issue d'un scrutin, avait été qualifiée de «coup d'État» par plusieurs au sein du gouvernement minoritaire de Stephen Harper. Le Bloc québécois avait donné son appui au projet des libéraux fédéraux et des néo-démocrates, mais celui-ci avait rapidement tourné en eau de vaisselle.
Le lieutenant-gouverneur du Québec, un ancien secrétaire général de l'Assemblée nationale, a la responsabilité d'envisager tous les scénarios, y compris les plus improbables, philosophe un péquiste qui estime néanmoins, lui, cet exercice totalement vain.
Au Parti québécois, on est convaincu de pouvoir former un gouvernement majoritaire le 7 avril. Et on pense que Philippe Couillard sera battu dans Roberval.


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