Une Guerre des Étoiles québécoise....

Tribune libre

LE RETOUR D’UN JEDI DEVENU SEIGNEUR SITH
Une allégorie inspirée de la saga STAR WARS
Le Québec politique vit présentement les séquelles d’un véritable tremblement de terre survenu le 16 février 2010, alors que l’ex premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, participait au forum portant sur les cent dernières années politiques au Québec, évènement organisé à Montréal par l’INM dans le cadre du centenaire du journal Le Devoir.
L’épicentre de ce tremblement terre est la déclaration choc de Lucien Bouchard stipulant que l’indépendance du Québec (quoi que monsieur Bouchard se déclare toujours souverainiste) n’est plus réalisable. Lucien Bouchard y va d’une seconde déclaration en prétendant que le Parti québécois se radicalise dans le présent débat identitaire, notamment sur la question du port de signes religieux ostentatoires dans les institutions publiques. Rien ne sert de répéter le concert de désapprobations suscitées par telles déclarations de la part de l’ancien premier ministre du Québec, qui observait jusque-là une réserve sur de telles questions depuis sa démission de janvier 2001. Le directeur du Devoir, Bernard Descôteaux, mettait en relief cette sortie de réserve de Lucien Bouchard, dans son éditorial du 19 février 2010 : « voyant Lucien Bouchard accepter sans hésitation aucune notre invitation à participer à ce débat sur 100 ans de vie politique au Québec que nous organisions pour souligner le centenaire du Devoir, nous avions vite compris qu'il sortirait de la réserve qu'il avait observée ces neuf dernières années. Ses propos de mardi soir ont été d'une vigueur inattendue ».
De notre perspective, cette sortie et déclarations de Lucien Bouchard n’étonnent aucunement. Il s’agit en fait d’une simple suite tout à fait logique d’un cheminement depuis que le principal intéressé a quitté le parlement d’Ottawa en janvier 1996, pour venir prendre la direction du Parti québécois et devenir premier ministre du Québec, alors que Jacques Parizeau avait démissionné presqu’au lendemain du referendum perdu d’octobre 1995.
Le 15 janvier 1996 fut en effet la dernière journée de Lucien Bouchard au parlement d’Ottawa. Jean Chrétien, alors premier ministre du Canada (l’Empereur Palpatine de notre allégorie), convoque son ancien adversaire bloquiste à ses bureaux pour un au-revoir s’étant transformé en quasi sommet privé et à huis clos entre les deux hommes.
On ne pourra jamais savoir ce qui y est échangé comme propos dans le bureau du Premier Ministre Chrétien le 15 janvier 1996, mais une chose est certaine, la conduite de Lucien Bouchard s’est métamorphosé à l’égard de la cause de l’indépendance nationale du Québec par rapport à celle qu’il avait avant ce 15 janvier 1996 : souvenons-nous simplement de sa campagne référendaire aux côtés, puis devant Jacques Parizeau, permettant aux sondages stagnants de passer de 38% à 49% à la veille du referendum. C’est assez éloquent, et comment oublier la passion l’ayant animé durant cette campagne, mettant en relief entre autre, son charisme légendaire?
Ce qui s’est dit entre Jean Chrétien et Lucien Bouchard le 15 janvier 1996 personne ne le sait hormis les deux intéressés. Mais le comportement de Lucien Bouchard consécutivement à cette rencontre est d’autant plus révélateur, ce que certains faits historiques nous révèlent :
• Dès que Lucien Bouchard entre en fonction comme premier ministre du Québec, son discours et ses actions s’orientent comme on le sait très bien vers l’atteinte de l’objectif du déficit budgétaire zéro. Nul besoin de rappeler le fameux sommet convoqué par Lucien Bouchard visant à faire émerger un consensus des forces vives du Québec vers cet objectif en apparence louable. Mais je dis bien en apparence.
• Parallèlement à ce nouveau mantra (l’atteinte du déficit zéro), Lucien Bouchard développe l’idée des fameuses conditions gagnantes pour s’autoriser à l’appel d’un éventuel nouveau referendum sur l’indépendance nationale du Québec. Séduisant au départ pour plusieurs, cette idée a rapidement déplut aux troupes souverainistes. Lucien Bouchard creusait lentement le fossé le séparant désormais de ceux que l’on surnomme les « purzédur ».
• L’atteinte du déficit zéro va demander des sacrifices herculéens au peuple québécois. Lucien Bouchard va profiter de ce contexte pour asseoir son idéologie économique conservatrice et nous verrons peu à peu la place de l’État dans les affaires publiques reculer dans toutes sortes de domaines. Car ne l’oublions jamais, Lucien Bouchard est un idéologue conservateur, de la même école de pensée que Stephen Harper et Jean Charest. Ayons aussi à l’esprit qu’un conservateur arrive au pouvoir avec une hache bien acérée dans les mains, et puis on coupe, on coupe et on coupe.
• L’objectif de l’atteinte du déficit zéro au Québec va mettre le système de santé sans dessus dessous. Qui ne s’en rappel pas? La mise à la retraite de milliers de travailleurs de la santé, médecins et infirmières entre autres, dans le seul but de montrer pattes blanches aux grands magnats de Wall Street, afin que le Québec puisse ne pas être décoté sur les marchés des institutions financières prêteuses dans le monde. Cette œuvre de Lucien Bouchard est une destruction en règle du système de santé au Québec, dont nous payons encore le prix aujourd’hui!
• A force de répéter à ses membres du Parti québécois ayant leur ras-le-bol de son discours sur conditions gagnantes, Lucien Bouchard se voit forcé en janvier 2001 à la démission tant comme chef de son parti et comme premier ministre du Québec.
• Après une retraite très éloignée du monde politique et des médias, Lucien Bouchard émerge soudainement de son silence en octobre 2005 en présentant le désormais manifeste des Lucides, accompagnés de ses onze autres signataires, curieusement tous des idéologues de la droite au Québec dont voici les plus connus: Joseph Facal, Pierre Fortin, Claude Montmarquette, Guy St-Pierre (ancien ministre libéral), et André Pratte, (un autre véritable seigneur Sith) un fédéraliste notoire, l’un des éditorialistes les plus vindicatif à l’égard de la cause de l’indépendance nationale du Québec. La lecture de ce manifeste met en lumière un véritable plaidoyer destructeur des acquis sociaux-démocrates de la Révolution tranquille. Lucien Bouchard est incapable de se contenter de l’avoir fait dans le système de santé, maintenant il veut mettre par terre ce sur quoi la nation québécoise s’est construite au cours des quarante dernières années. Deux points à retenir de ce manifeste : une hausse des tarifs d’électricité (et l’objectif visé est la parité par rapport à ce qu’il se paye ailleurs sur le continent nord-américain) et le dégel des frais de scolarité (toujours avec le même objectif de la parité par rapport à ce qui se paye ailleurs sur le continent nord-américain). Lorsque Lucien Bouchard présente ce document, il laisse clairement entendre que même avec l’avènement de l’indépendance nationale du Québec, les supposés défis financiers et économiques du Québec seront le mêmes. Plus insidieux que ça on meurt, non ? Ce discours est applaudi à chaudes mains par les André Pratte et compagnies de ce monde bien sûr. Cette sortie de réserve de l’ancien premier ministre du Québec nous en réserve d’autres.
• Quelques temps après, Lucien Bouchard déclare presque à mots couvert que les Québécois sont des paresseux. On ne travail pas assez, on ne fournit pas assez d’effort au travail, bref nous sommes une bande de fainéants. En plus de vouloir détruire nos acquis sociaux les plus précieux, héritage de la Révolution tranquille, voilà que Lucien Bouchard mine le moral du peuple au Québec. Pour réussir une œuvre destructrice, il faut d’abord saborder le moral des troupes, vérité de la Palice.
• Puis il y a cette « deuxième démission » comme le titrait l’éditorial de Bernard Descoteaux le 19 janvier dans Le Devoir, face à la cause de l’indépendance nationale du Québec. Quelques commentateurs pensent, et ils ont probablement raison, que Lucien Bouchard prépare un retour en politique active, avec la possible intention de fonder un nouveau parti politique. Le Jedi d’autrefois est bel et bien mort, voilà le seigneur Sith Dark Vador prêt à accomplir son œuvre ultime.
En observant le parcours de Lucien Bouchard depuis son départ de la colline parlementaire d’Ottawa en 1996, je ne cesse de faire le parallèle entre son parcours par rapport au cheminement d’Anakin Skywalker. Ce chevalier Jedi était prédestiné à rétablir l’équilibre dans la Force, entre les bons et les méchants de la saga Star Wars . On sait ce qui s’est passé : Anakim Skywalker fut insidieusement emmené vers le côté obscur de la Force sous l’impulsion de l’Empereur Palpatine, puis il est devenu le seigneur Sith Dark Vador. Sur son passage tout n’est que destruction : c’est l’histoire de Star Wars dans les épisodes I, II et III, parce qu’Anakim Skywalker avait renié sa vocation fondamentale.
Au lendemain du referendum perdu de 1995 et après avoir brillé comme l’un des plus grands espoirs de la cause de l’indépendance nationale du Québec, Lucien Bouchard est prié par le clan souverainiste à prendre la direction du PQ et de devenir premier ministre du Québec. Curieusement, après être passé en quasi-sommet au bureau de Jean Chrétien avant de quitter Ottawa en janvier 1996, on ne reconnaît plus le Lucien Bouchard de la campagne référendaire.
Depuis avril 2003 le Québec vit une période que j’ai qualifié récemment comme étant « Les Années Ténébreuses ». En quoi avons-nous besoin de prolonger cette période en permettant aux Forces obscures de placer un véritable seigneur Sith à la tête de notre nation? Où sont donc les Obi-Wan Kenobi et maître Yoda de notre allégorie pouvant enfin faire surgir le véritable libérateur Jedi Luke Skywalker?
Normand Perry.
Soulanges au Québec.
En ce dimanche 21 février 2010, 15h40
* Le présent article est également publié sur mon blogue.

Squared

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2010

    Pour réussir l’indépendance du Québec,il faut un plan,un écrit consensuel qui fait le portrait de ce que sera le Québec indépendant suite à une élection prochaine,pas nécessairement à court terme.
    J’ai écrit un texte clair,précis et rigoureux dans ce sens, que j’offre gratuitement.
    L’indépendance c’est aussi autre chose que l’économie,que notre propre monnaie,notre passeport exclusif.
    Le temps de rêver et de discuter est passé.C’est le temps d’agir pour faire arriver le pays Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    A 69 ans, je suis plus que jamais écœuré des fédéralistes Chrétiens, Bouchard, Pratte et compagnies, tous de talentueux individus québécois qui ne cessent de conspirer, pour leurs sales et inavouables intérêts, en se présentant aux Québécois comme des sauveurs en possession de la vérité. Merci monsieur Perry de vos lumières. Je croyais n’être devenu qu’un vieux crétin qui n’a jamais rien compris et qui ne voyait que des complots un peu partout. Hélas, ils ne sont pas fictifs comme au cinéma, ils sont tellement réels et constants que je me sens de plus en plus justifié et libre de les dénoncer, de les décrier et de vomir les mensonges et histoires de peurs de ces beaux parleurs et profiteurs.

  • Isabelle Poulin Répondre

    22 février 2010

    Monsieur Perry, je déguste votre histoire des années ténébreuses. Vous l'expliquer tellement bien qu'on a l'impression d'en guérir ! J'ai été voir vos liens, ils sont très instructifs. Et si les clones se défont de leur idées inculquées, nous sommes sortis du bois ! Merci beaucoup Monsieur Perry.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Je dois vous avouer en toutes sincérité que je ne fut pas devant mon téléviseur hier soir, je n'ai pu voir la performance de Pauline Leia Marois comme vous le dites si bien. Mais je vous fais confiance.
    Normand Perry

  • Gilles Bousquet Répondre

    22 février 2010

    M. Perry, j’aime bien votre idée de recherche du véritable libérateur québécois genre Jedi Luke Skywalker mais nous avons déjà notre Princesse Leila en Mme Marois. Fallait la voir au programme « Tout le monde en parle » hier où, est apparue à l'aise, intelligente, en contrôle et, au moins, au même niveau intellectuel que M. Taylor qui y était aussi invité, ce qui n’est pas peu dire. Il n'a pas réussi à la planter avec ses théories d'accommodements raisonnables et de Québécois, qu'il voit en tranches plus ou moins intolérants, selon les régions du Québec.
    Mme Marois prend de l'assurance et de la présence avec des arguments convaincants. À ce moment-ici, comme le dirait M. Chrétien, je ne vois personne de mieux préparé pour diriger le PQ pour accomplir sa destinée, même avec l’hypothèque d’une partie de ses membres toujours insatisfaits de son chef.
    Même si Mme Marois s’est fait planter rudement avec le PQ par M. Bouchard, elle a montré une grandeur d’âme à son endroit. Elle est une solide rassembleuse.