La souveraineté du Québec est un concept à contenu variable. S'il fut de mise, à diverses périodes de l'histoire péquiste, d'associer ce terme à l'indépendance, il faut admettre que cela serait hasardeux aujourd'hui.
À la lumière de la proposition péquiste actuelle, il est nécessaire, je crois, de faire un peu de sémantique; Alors que Bernard Landry avait entrepris d'aligner résolument sa terminologie sur le vocable " indépendance nationale ", et que le programme qu'il avait accepté de défendre, qu'on l'aime ou non dans ses détails stratégiques, s'y arrimait bien, nous sommes maintenant devant un exercice qui n'en est pas un de réalisation de l'indépendance.
La gouvernance souverainiste dont parle le PQ se veut plutôt la reprise d'une démarche d'étirement de l'élastique fédéral, au bout de laquelle nous sommes arrivés au début des années 1980, il y a près de trente ans. Depuis, tout le monde a compris que cette avenue est bloquée, sauf pour soutirer ponctuellement des ententes administratives qui ne menacent en rien l'ordre établi, comme il s'en fait constamment dans toutes les fédérations.
Le souverainisme tel que redéfini par le PQ sous Pauline Marois, c'est l'affirmation nationale dans le cadre fédéral, plutôt que la mise au rancart de ce cadre pour permettre au Québec de sortir des ornières invalidantes du nationalisme défensif.
C'est le bon vieux réflexe du repli. Alors que nous devrions échanger avec le monde, nous allons à la reconquête du Canada, pour reprendre le titre combien révélateur -- d'une telle vision d'incapacité et de repli -- d'un ouvrage récent.
Électoralement, agiter ainsi le nanane nationaliste peut certainement être profitable. Mais pour le Québec, celui qui évolue en dehors de certains salons feutrés d'Outremont, et, manifestement, des officines péquistes, ce retour aux années 1950 à 1980 est un échec. C'est, du moins, un recul propre à avoir de de tristes répercussions sur notre émancipation nationale.
J'ai entendu Mme Marois dire qu'elle désirait reprendre le travail abandonné par les libéraux; J'ai entendu Benoît Pelletier dire qu'il ne pouvait condamner cette démarche. On voit bien que le PQ se présente désormais comme parti d'alternance sur le terrain du nationalisme intra-fédéral. À ce titre, d'ailleurs, je reconnais qu'il fait ce qu'il faut pour se donner de bonnes chances d'accéder au pouvoir.
Quant à ce que devrait être une démarche indépendantiste, disons simplement que l'indépendance n'est pas une séance de quémandage, une attente, ni un projet complexe attaché à des objectifs de droite ou de gauche. Je ne pense pas que l'indépendance soit, à proprement parler, un programme politique, ou un projet de société. Ce n'est pas une construction, un plan, un grand chantier. C'est un geste, un seul, qui engendre bien sûr des changements. Mais on ne peut pas faire ces changements sans d'abord poser le geste.
Bref, je propose et je plaide pour qu'on fasse désormais une nette distinction entre souveraineté et indépendance. Un coup d'oeil libre de partisanerie commande qu'on fasse cette mise-au-point, qui serait de nature à clarifier les enjeux et permettre enfin la mise-à-jour des positions de tous et chacun sur la question nationale. Pour l'heure, on se fonde plutôt sur l'équivoque, la diversion, et surtout, le sur-place dans des prémisses qui datent d'il y a quelques décennies.
N.Payne
Plan Marois
Une démarche d'étirement de l'élastique fédéral
ce retour aux années 1950 à 1980 est un échec
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
14 juin 2009Merci Mme Lachance. Votre point-de-vue m'est toujours fort intéressant.
Manifestement, ceux qui appuient ce plan pensent qu'une tentative de réaménagement du régime fédéral par un gouvernement se disant souverainiste puisse être une bonne voie vers l'indépendance, sinon, la meilleure voie envisageable actuellement.
De mon côté, je ne dis pas qu'il n'y a aucune chance que ça marche, mais je pense qu'il y a un risque beaucoup plus grand qu'on engendre un tort considérable à l'idée de l'indépendance, en l'associant à d'exécrables arguties qui risqueraient fort de traîner en longueur, tout en perdant, en cours de route et au fil des aléas de la gouvernance provinciale qui ne manquent pas de saper rapidement la crédibilité de tous les gouvernements, la capacité de promouvoir et défendre convenablement cette idée.
D'ailleurs, le PQ ne la défend que comme une sorte d'idéal lointain, en ce moment même. Comment, diantre, pourrait-il faire mieux une fois accaparé par le pouvoir ?
Comme vous l'avez souligné, je fonde cette analyse sur, entre autres facteurs, divers éléments de l'histoire, dont on semble ne pas tenir compte.
À cet égard, je m'explique mal qu'on nous répète ad nauseam que les appuis sont trop faibles pour envisager, dans un avenir prévisible, un référendum gagnant. Pourtant, les uns après les autres, dans un contexte de silence radar total, les sondages nous montrent des chiffres qui ressemblent à s'y méprendre à ceux qui avaient cours juste avant le référendum de 1995. Mieux, un sondage récent, évoqué par Parizeau, nous donne un résultat quasiment identique à celui de 95, sur la même question. De plus, le PQ a tout le temps voulu pour préparer convenablement le terrain s'il voulait, par référendum, élection décisionnelle, ou autrement, réaliser l'indépendance.
Le mouvement indépendantiste semble actuellement figé dans le défaitisme, et de courtes certitudes trop confortables qui entravent le renouvellement des perspectives*et des actions.
* À ce sujet, je me permets de vous suggérer, ainsi qu'à tous ceux qui nous lisent, l'écoute des commentaires de Daniel Paillé, ancien ministre sous Parizeau, à l'émission Ouvert Le Samedi, en deuxième heure, samedi dernier.
Archives de Vigile Répondre
14 juin 2009La réaction des autonomistes péquistes ne surprend guère, à propos du plan Marois. Après tout, il répond à leurs aspirations. En revanche, les quelques indépendantistes qui demeurent au sein de ce parti feraient bien de se tenir loin d'une telle proposition. Certains d'entre eux sont ravis à l'idée de remiser l'attentisme, je peux les comprendre. Mais ce que je comprends moins, c'est de les voir se réjouir à l'idée de bouger. Bouger, je veux bien, à condition que ce soit dans le bon sens. Du point de vue autonomiste, le plan Marois constitue des avancées. Mais du point de vue des indépendantistes, il n'est rien d'autre qu'un recul très important. Les petits pas dont on parle tant, à tort et à travers, se font à reculons, et non en avançant. Enfin, cela dépend du point de vue, comme je l'ai expliqué plus haut. Mais au PQ, on se fait un plaisir de jeter de la poudre aux yeux, et de tout confondre.
On se réjouit au PQ de sortir de l'immobilisme, sans voir que le navire fait marche arrière.
Tout cela est loin d'être réjouissant.
Je pense qu'il faudra des cours d'histoire pour les péquistes. Monsieur Payne, vous faites bien d'en rappeler quelques éléments importants.
Michel Guay Répondre
14 juin 2009Ce seront justement ces nanannes qui feront entrer en crises les menteurs fédéralistes qui nous avaient promis ces nananes en 1980 et en 1995.
Le plan Marois à trouvé la faille qui va nous conduire résolument à l'indépendance et à notre pays francophone et voilà ce qui énerves les divisionnistes commandités et les videurs de notre Caisse de Dépôts. L'élastique plein de pierres va les assommer
Au PQ c'est l'unanimité pour le plan Marois
Archives de Vigile Répondre
14 juin 2009Il est de plus en plus clair que ce "plan Marois" restera une liste de buts et projets sans actions.
Un beau plan de jardin, dont le PQ s'engage à dessiner pour nous faire rêver, mais pas de liste des matériaux, ni adresses de fournisseurs, pas plus qu'un budget pour les achetter et livrer. Et surtout pas un appel aux bénévoles pour le concrétiser.
Un beau plan, en couleur, accroché.
Comme une affiche électorale.