Denis Coderre a quitté la politique municipale dimanche, après s’être fait battre à plate couture à l’issue d’une campagne durant laquelle son arrogance et son manque de transparence ont été dénoncés.
C’est une lourde défaite à encaisser pour le maire sortant, fort de ses 30 ans de carrière en politique et 11 campagnes électorales au compteur, aux mains d’une adversaire qui était pratiquement inconnue il y a quelques semaines.
Le maire sortant n'occupera pas le poste de chef de l'opposition. Sans donner plus de détails, il a annoncé son retrait de la vie politique municipale.
« Je pars la tête haute [...] Je suis désolé pour ceux qui ont perdu, j’en prends l’entière responsabilité », a lancé M. Coderre, d’une voix remplie d’émotion.
L'humiliation est d'autant plus grande pour le maire que plusieurs membres de son équipe ont subi le même sort. De nombreux poids lourds du parti du maire sortant ont eux aussi mordu la poussière, comme Réal Ménard dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ou Anie Samson dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.
Prostré
Dimanche soir, un silence de cathédrale régnait dans la salle de spectacle l’Olympia où étaient réunies ses troupes. L'ambiance devenait de plus en plus lourde à mesure que les résultats s'affinaient.
Et, vers 21h, le bruit s’est mis à courir parmi les journalistes présents que le maire attendait, prostré dans une chambre d’hôtel, sachant déjà que le sort de l’élection était scellé.
Les signaux d'alerte lancés par les sondages qui donnaient M. Coderre au coude à coude avec son adversaire n'auront pas été suffisants pour que son équipe renverse la vapeur. Annoncé grand vainqueur à l'entame de la campagne, le maire sortant n'a cessé de perdre du terrain face à Valérie Plante.
Misant uniquement sur son expérience en politique et le bilan de son mandat, M. Coderre a été beaucoup moins flamboyant que son adversaire. «Regardez où était Montréal il y a quatre ans», ne cessait-il de répéter.
Mais il faut croire que les électeurs n’avaient pas envie de regarder en arrière.
Le bilan de la course de Formule Électrique, très critiquée par les commerçants et résidents du centre-ville, a empoisonné la fin de campagne. Le maire a été talonné pendant trois mois par les journalistes et l'opposition sur cette question.
Le manque de transparence au sujet des 20 000 billets donnés pour la Formule E, ajouté à l’absence de registre pour les visiteurs à l’hôtel de ville et aux liens allégués de M. Coderre avec le promoteur Evenko lui ont donné une image de gestionnaire opaque.
Poussé dans ses retranchements, l’ «omnimaire» n’a changé de tactique que lors de la dernière semaine de campagne, contraint par son adversaire d'appuyer sur le bouton panique.
Messages publicitaires en pagaille, campagne de peur sur une éventuelle plateauïsation de Montréal ou encore soutiens de dernière minute de personnalités tels que Gilles Duceppe, Sœur Angèle ou le champion de ski acrobatique Alexandre Bilodeau. Tout y est passé. Ces efforts ont été vains.
La question se pose maintenant de savoir comment les candidats qui se sont faits élire sous la bannière Coderre réagiront à son retrait de la vie politique municipale.
Ses piliers
Défait
Harout Chitilian
► Ahuntsic- Cartierville
Défait
Anie Samson
► Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension
Défait
Richard Bergeron
► Ville-Marie
Défait
Réal Ménard
► Mercier-Hochelaga-Maisonneuve