Une crise comme les autres?

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Crise mondiale — crise financière


La crise financière actuelle n'a rien à voir avec les crises précédentes. Au-delà des spéculations sur sa durée et son intensité, cette crise a suscité un éveil cinglant des économies planétaires. Pour une des rares fois depuis des décennies, on a véritablement compris la signification de l'interdépendance et de la mondialisation. Cette prise de conscience brutale a également suscité des comportements atypiques, voire révolutionnaires.
Jamais aurait-on cru voir un jour les États-Unis renouer avec l'interventionnisme massif et contracyclique de l'État. Le plus grand marché de capitaux au monde, chantre infatigable de la déréglementation et de l'État minimum, aura investi en quelques jours 700 milliards dans le capital des banques afin d'éviter l'effondrement du système et offert des garanties de 3700 milliards de dollars sur les dettes bancaires, sur les comptes des épargnants et sur des titres de dette non sécurisés. Plus de 4400 milliards en investissement direct et en garanties de toutes sortes, cela représente l'équivalent de plus de 14 fois le PIB québécois. Non, cette crise n'est pas comme les autres.Des appels insistants
La Chine qui, malgré son ouverture, avait été jusqu'à présent très jalouse de ses prérogatives et frileuse, voire désinvolte, en regard des règles et directives internationales, se fait maintenant l'apôtre d'une collaboration mondiale serrée et d'une nouvelle réglementation internationale, depuis le Sommet Asie-Europe de la semaine dernière.
Il faut dire que, pour la première fois depuis 2002, la croissance de l'économie chinoise, même si elle demeure respectable à 9%, a fondu de presque trois points au troisième trimestre si on la compare à la croissance du PIB de 12% l'année dernière. Un «choc» que l'on attribue essentiellement à la crise financière. Ce nouveau discours de la Chine est loin d'être banal.
L'Europe a fermé le bal de l'interdépendance ravivée. Le président français a lancé un appel à une refonte du capitalisme mondial. Sur fond de rareté des capitaux et des finances publiques qui se fragilisent avec la conjoncture, la France et l'Allemagne ont également relancé très fermement le débat sur les paradis fiscaux où transitent d'importants capitaux, propres comme sales et à l'abri de l'impôt, en s'attaquant notamment à la Suisse et au Luxembourg.
Non, décidément, cette crise n'est pas comme les autres. Jamais, depuis plusieurs décennies, un révélateur n'aura été aussi puissant de l'interdépendance des marchés mondiaux et des travers de la mondialisation.
Ce n'est pas le capitalisme qu'il faut refondre ou l'ouverture des marchés que l'on doit conspuer, mais c'est un ensemble de règles que toutes les nations responsables du monde ont le devoir d'établir et de respecter afin d'encadrer correctement le marché des capitaux et d'éviter que les fantaisies de quelques-uns ne deviennent un cataclysme mondial.
C'est encore une fois à des changements structurels que nous référons, pas à des mesures correctives en catastrophe, lorsque le mal est fait. La volonté de faire ces changements, si fermement démontrée ces jours-ci, survivra-t-elle à la crise?
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Depuis le Sommet Asie-Europe la semaine dernière, la Chin se fait maintenant l'apôtre d'une collaboration mondiale serrée et d'une nouvelle réglementation internationale.
Photo AP

Yvan Loubier
L'auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National, à Québec.


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