À la question de savoir combien pesait le fait d’être Français, Éric Besson est resté coi. Vendredi, le ministre de l’Immigration trouvait une réponse au piège tendu par Marine Le Pen, pour qui la « francitude » pesait un gramme – le poids d’un bulletin FN – en lançant l’idée d’un autre document au poids qu’il estime « symbolique » : une charte des « droits et des devoirs de tout citoyen ».
Cherchant à occuper le terrain, Éric Besson évoquait donc l’idée que chaque Français, « au moment où il bascule dans sa majorité à dix-huit ans et va recevoir sa carte d’électeur, (puisse) se voir proposer de signer un serment, une charte, quelque chose qui l’attache à la République ». Un texte qui rappellerait un ensemble de principes « moraux et politiques » et surtout les droits et les devoirs. Autant dire un bréviaire qui condenserait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Constitution, voire le Code pénal.
Dans un débat qui tourne décidément au tête-à-tête, Marine Le Pen a annoncé qu’une telle charte était « humiliante parce qu’elle vise une nouvelle fois à laisser penser que ce sont les Français qui sont responsables de l’échec total de la politique d’intégration ». À gauche, Isabelle Lorand (PCF) relève qu’il s’agit d’une « conception complètement bureaucratique du rapport à la République ». « Il faudrait que le cadre de cette charte soit reprécisé mais seul un délit peut a priori remettre en cause l’universalité des droits. » Par ailleurs, note-t-elle, « avec le bouclier fiscal, tout le monde n’est déjà pas soumis aux mêmes devoirs ». Aurélie Filippetti (PS) a de son côté fait remarquer que « les droits et les devoirs, cela s’apprend dans les cours d’éducation civique et au fronton des mairies, avec la devise ». Qu’Éric Besson se rassure, des idées encore plus singulières émanent des Jeunes UMP d’Eure-et-Loir, qui proposent une « charte identitaire de la région Centre » dans laquelle figureraient des références à la Loire, ses châteaux ou à la chasse…
Lina Sankari
Une charte de la « francitude »
Éric Besson lance l’idée d’un serment qui lierait les jeunes majeurs à la République.
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