Marine le Pen : "La religion musulmane doit faire en sorte de ne pas choquer"

FRANCE - débat sur l'identité nationale

Gawel : En vous attribuant la polémique sur les minarets, ne pensez-vous pas stigmatiser la communauté musulmane française ?
Marine Le Pen : Je ne le crois pas. Il s'agit d'un problème qui touche à nos valeurs, à notre mode de vie et notamment au respect de la laïcité. Beaucoup de musulmans sont d'ailleurs opposés à ces revendications systématiques d'une visibilité qui empiète de plus en plus sur l'espace public.
Guest : Si laïcité il y a, devrions-nous cacher les croix et cloches des églises ?
Marine Le Pen : Non, car nous sommes dans un pays de culture chrétienne et cette culture fait partie intégrante de notre identité nationale. La religion musulmane est récente sur notre territoire, elle doit donc être raisonnable dans ses réclamations et faire en sorte de ne pas choquer le peuple français, ou d'ailleurs le peuple européen. Mais quoi qu'il en soit, la laïcité est déjà quotidiennement violée par nos dirigeants. Quelques exemples : le financement public des mosquées par l'intermédiaire des communes entre autres ; les spécificités alimentaires imposées dans les cantines ; les prières sur la voie publique comme c'est toujours le cas dans plusieurs villes de France, et particulièrement rue Myrha. Les exemples sont hélas innombrables.
Dominique : Pensez-vous que le débat sur l'identité nationale soit utile ?
Marine Le Pen : Je pense, comme une majorité de Français, qu'il est électoraliste. Au départ, le Front national a entendu y participer de manière sincère pour évoquer et se faire l'écho des Français, qui se sentent bousculés dans leurs codes, dans leurs rites et dans les valeurs que j'évoquais plus haut, au quotidien, du fait d'une immigration qui est sur certains territoires très massive et du communautarisme qui en est le corollaire. Ce débat s'est avéré être une véritable pantalonnade, indigne de notre pays, et n'aboutira à rien, hélas, car les problèmes qu'il devait soulever ne seront pas réglés et continueront donc à s'aggraver.
Emmeline : Que pensez-vous du projet de loi visant à interdire le port de la burqa
Marine Le Pen : Je pense qu'un simple règlement de police suffirait pour interdire le port de la burqa. L'annonce de cette loi est publicitaire. Ce qui est très inquiétant, en revanche, c'est qu'aux dires de M. Raoult, la burqa ne sera interdite que dans les services publics. Je suis heureuse que les fonctionnaires ne soient pas obligés de la subir, mais je ne comprends pas pourquoi tous les autres Français devraient, eux, la subir : dans la rue, dans les commerces, dans les centres sportifs privés, dans les associations, etc. Cette demi-loi, si elle est votée, sera une nouvelle démonstration du laxisme absolu du gouvernement en la matière.

Morgalex : Le taux élevé de chômage est-il dû à l'immigration ?

Marine Le Pen : Il y a en France, si l'on compte toutes les catégories de chômeurs, près de 5 millions de nos compatriotes qui cherchent un emploi à plein temps. Par conséquent, continuer "l'immigration choisie" telle que Nicolas Sarkozy en fait la promotion est véritablement criminel. S'il n'y a pas d'emplois pour les Français, il n'y en a pas non plus pour les étrangers que l'on fait venir en France. Je vous signale d'ailleurs que seuls 5 % de ceux qui entrent légalement dans notre pays ont un contrat de travail. Enfin, l'immigration sert à peser à la baisse sur les salaires des travailleurs français du fait des enchères à la baisse dont se servent les grands patrons pour générer de plus en plus de bénéfices avec l'accord de nos gouvernants. Cette méthode est scandaleuse tant à l'égard des Français qu'à l'égard des chômeurs étrangers que l'on importe.
Raphaël : Réfutez-vous l'idée selon laquelle les musulmans de France sont depuis quelques mois stigmatisés ?
Marine Le Pen : Je réfute cette idée. Il existe un problème de communautarisme, dont beaucoup de nos compatriotes souffrent. Refuser d'évoquer ce problème sous prétexte qu'il reviendrait à stigmatiser tel ou tel est absurde et dangereux. Je rappelle que beaucoup de musulmans rejettent les revendications religieuses diverses et variées car ils sont conscients qu'elles reviendraient à ce que la France ne soit plus la France. Nier le sentiment des Français à l'égard de cette augmentation des signes ostensibles religieux est une erreur. Mais j'attends toujours que les médias donnent la parole à ces musulmans qui s'opposent à la burqa, à la suppression du porc dans les cantines, aux minarets de 25 m, etc. Admettez avec moi qu'on les entend peu.
Guest : Que pensez-vous de la montée spectaculaire du parlementaire Gert Wilders aux Pays-Bas ? Voyez-vous des similitudes entre son idéologie et celle du FN ?
Marine Le Pen : M. Wilders, d'après ce que j'en sais, se positionne dans un combat contre l'islamisme. Nous combattons, nous, l'immigration, même si nous exprimons notre inquiétude de la montée visible d'un islam radical dans tous les pays européens. Toute l'Europe est perturbée par les réclamations communautaristes de groupes de pression politico-religieux musulmans, mais dont je rappelle qu'ils ne prospèrent que sur la faiblesse de nos classes dirigeantes et de nos élites autoproclamées. Chacun a le droit à la défense de son identité nationale. Les pays musulmans défendent la leur de manière âpre, il n'y a que l'Europe qui est incapable de défendre la sienne.
Nono : Que pensez-vous de "l'affaire Frêche" ?
Marine Le Pen : M. Frêche suscite volontairement la polémique pour masquer le bilan qui est le sien dans sa région et se démarquer d'une étiquette socialiste qui ne semble pas être aujourd'hui un gage de succès.
Jre : Le Front national a de grandes difficultés financières et il a perdu une partie de son électorat. Peut-il encore avoir jouer un rôle en France ?
Marine Le Pen : Le Front national est un résistant à la politique sarkozyste du "tout-pognon". Il démontrera que même avec des difficultés financières, on peut être présent, peser sur le débat, se battre politiquement pour défendre ses conceptions, même en période financière difficile. Et puis après tout, nous avons des problèmes d'argent, nous sommes ainsi comme beaucoup de Français, mais nous avons des convictions fortes et une énergie toujours intacte.
Cerrumios : N'avez-vous pas peur d'un syndrome Laguiller pour le FN quand votre père quittera la scène politique ?*
Marine Le Pen : Je ne le pense pas, car les candidats à la succession de Jean-Marie Le Pen sont connus depuis longtemps, ce qui n'était pas le cas de Mme Artaud. De surcroît, le Front national est un des quatre ou cinq grands partis français dont le représentant est arrivé au second tour de la présidentielle en 2002 et en quatrième position en 2007. Je pense au contraire que nous sommes au début d'une nouvelle aventure pour le Front national et qu'il rassemblera dans les mois et les années à venir de plus en plus de Français convaincus non seulement par sa lucidité, mais par le programme de bon sens qu'il porte.
Winston : Pensez-vous que le FN soit capable de gagner des régions lors du prochain scrutin ? Et, si oui, laquelle ?
Marine Le Pen : Je pense que la région qui pourrait éventuellement basculer serait la région PACA en cas de quadrangulaire. Cette hypothèse est envisageable pour l'ensemble des autres régions. Notre objectif est d'entrer massivement dans les conseils régionaux afin de faire entendre la voix de la majorité silencieuse du peuple français, qui est trop souvent oubliée des politiques nationale et régionale. Si nous pouvions, dans chaque région, effectuer le travail que nous avons fait à Hénin-Beaumont, croyez-moi, c'est tous les Français qui y gagneraient.
Samuel : Vous dites que le FN est un résistant à la politique sarkozyste mais en reprenant certains des thèmes qui sont chers à votre parti, M. Sarkozy n'a-t-il pas contribué à amenuiser votre "capital" électoral ?
Marine Le Pen : Incontestablement, beaucoup de Français attendaient de Nicolas Sarkozy la baisse de l'insécurité, une régulation importante de l'immigration, le retour du respect dû à ceux qui travaillent et une République irréprochable, pour reprendre les mots du candidat Sarkozy. Ils sont aujourd'hui trahis dans tous ces domaines. Ce gouvernement est un gouvernement de jouisseurs qui vénèrent l'argent et ceux qui en ont et méprisent tous les autres. La politique de Nicolas Sarkozy est exclusivement au bénéfice des grands groupes et des multinationales et vise à la disparition de toutes les catégories d'indépendants, qu'ils le soient sur le plan économique ou politique.
Europ1 : Je suis surpris et très déçu de la part du journal Le Monde qu' il invite à s'exprimer la vice-présidente d'un parti raciste. Soutenez-vous comme votre père les idéologies fascistes ?
Marine Le Pen : Je réfute formellement vos accusations de racisme, de haine de l'autre. Elles sont puériles et injustes. Notre mouvement défend les Français, quels qu'ils soient, et se bat pour rompre avec un système économique ultralibéral qui a détruit des pans entiers de notre économie et jeté dans la précarité des millions de Français. Je ne vois pas ce qu'il y a de fasciste dans ce programme. Je vous rappelle de surcroît que le Front national s'est toujours présenté à toutes les élections dans le plus pur respect des valeurs démocratiques de la France, et que ses élus dans les conseils régionaux sont respectés pour leur travail et leur attitude irréprochable.
Jre : Qu'ont suscité chez vous la relaxe de Villepin dans l'affaire Clearstream ainsi que les rumeurs de connivence entre l'Elysée et la justice ?
Marine Le Pen : J'ai plaint M. Galouzeau, qui espérait sûrement se présenter comme une victime. En revanche, je suis intimement persuadée que l'appel a été effectué par le parquet sur instruction directe de l'Elysée. C'est l'ancien avocat qui parle.
Marsex : Pensez-vous vous présenter à la prochaine élection présidentielle ?
Marine Le Pen : Le congrès du Front national élira son prochain président ou sa prochaine présidente en automne 2010 ou au printemps 2011. Ce dernier ou cette dernière sera bien entendu le ou la candidat(e) à la présidentielle pour porter les couleurs nationales. C'est donc aux adhérents de notre mouvement de prendre leur décision en leur âme et conscience et à ceux qui veulent peser sur cette décision d'adhérer au Front national.
Winston : Le rétablissement du droit du sang pourrait-il faire partie de votre programme en 2012 ?
Marine Le Pen : Le droit de la filiation existe déjà en France. La véritable question c'est : faut-il maintenir le droit du sol, qui consiste à accorder la nationalité à tous ceux qui naissent sur le territoire. En ce qui me concerne, je pense qu'il faut supprimer ce droit territorial automatique d'accession à la nationalité, car il est un véritable appel d'air à l'immigration mondiale et pose de lourds problèmes en métropole, mais aussi et surtout dans les départements d'outre-mer comme Mayotte ou la Guyane, qui sont purement et simplement submergés d'immigrés clandestins venus sur le territoire français en espérant obtenir ce droit.
Belami : Madame, seriez-vous prête à aligner toutes les caisses de retraite sur le même principe de durée du temps de travail et des cotisations ?
Marine Le Pen : Nous sommes en train, au Front national, de travailler sur notre programme en matière de retraites, étant entendu que, contrairement à ce que les Français pensent, la situation des retraites est beaucoup plus opaque que ne le laisse penser le gouvernement. En revanche, si je peux vous éclairer, il est incontestable qu'une trop forte différence entre les régimes crée un sentiment d'injustice et notre réflexion devra en tenir compte.
Gregoire : Que pensez-vous du financement des écoles catholique par l'Etat ?
Marine Le Pen : Les écoles sous contrat ont un accord avec l'Etat. Je vous rappelle que l'ensemble des parents qui sont contribuables ont la possibilité de choisir, sous cette réserve, l'école qu'ils veulent pour leurs enfants. Ceci me paraît juste. En revanche, je déplore la dégradation de l'école publique, où j'ai fait mes études et où mes enfants sont par ailleurs scolarisés. Celle-ci mérite une action énergique en vue du relèvement des exigences, qu'elles soient dans le domaine de l'autorité ou dans le domaine du savoir qui y est transmis. Il ne faudrait pas que l'affaissement de l'école publique soit une nouvelle fois un moyen de privatiser l'éducation nationale. Je soupçonne Nicolas Sarkozy de tabler sur cette dégradation des services publics pour vendre la France à la découpe.
Nashira : Souhaitez-vous un retour aux francs ?
Marine Le Pen : Oui. Il y a aujourd'hui des moyens de revenir au franc sans abandonner totalement l'euro. Mais il est incontestable que la perte de notre souveraineté monétaire et les échecs économiques flagrants de l'euro de Bruxelles doivent nous pousser à le quitter. Si tant est que ce ne soit pas lui qui nous quitte, puisqu'il ne vous aura pas échappé que des hypothèses sont effectuées par les instances européennes sur une implosion de l'euro, qui verrait un certain nombre de pays européens sortir de cette monnaie destructrice pour notre économie. Ceci marquera de toute évidence la fin de l'euro.
Guest : Que pensez-vous de l'adoption par les homosexuels ?
Marine Le Pen : Je ne suis pas favorable à l'adoption des enfants par les homosexuels, et pour tout vous dire, je ne suis même pas favorable à l'adoption des enfants par des célibataires. En France, des milliers de couples attendent de pouvoir adopter un enfant. Je pense donc qu'il faut d'abord travailler à les satisfaire. Etre orphelin est déjà une situation psychologique terrible. Il est raisonnable de donner aux enfants le cadre le plus stable qui soit, surtout quand leur vie a commencé de manière aussi tragique.
Michele : Depuis le séisme survenu en Haïti, l'obtention de visas pour les Haïtiens est facilitée. Le dénoncez-vous ?
Marine Le Pen : J'imagine qu'il s'agit là de visas provisoires. Je pense qu'il faut aider les Haïtiens dans la mesure de nos moyens qui sont, il faut bien le dire, faibles à reconstruire leur pays. Mais allons au fond des choses : la situation d'Haïti est la conséquence de deux phénomènes qui commencent à toucher la France, un endettement d'Etat absolument gravissime et l'émigration de leurs cerveaux dans des pays tiers (Etats-Unis, Europe). J'ai souvent dénoncé justement cette immigration choisie appliquée par les pays du Nord et qui vise à vider les pays pauvres de leurs élites, les condamnant ainsi à la pauvreté à perpétuité.
Vanessaenfer : Quels seront vos principaux thèmes pour cette campagne des régionales ?
Marine Le Pen : Nous avons trois priorités. La première, c'est l'insécurité, la région ayant la capacité d'agir en la matière, dans les lycées et dans les transports.
La deuxième, c'est la baisse des impôts, c'est-à-dire la lutte contre les gaspillages et les dépenses somptuaires des potentats locaux que sont devenus les présidents de région.
La troisième se résume en une phrase : produire, travailler et consommer français, c'est-à-dire dépenser l'énergie du conseil régional à relocaliser l'économie et à aider non pas les multinationales, comme le font trop souvent les socialistes, mais les PME-PMI, qui sont les seules susceptibles aujourd'hui de créer de l'emploi.
Vivien : Après Jean Sarkozy dans les Hauts-de-Seine, ne pensez-vous pas que votre nièce (Marion Le Pen, 19 ans) est un peu jeune pour prétendre être éligible aux régionales ?
Marine Le Pen : La situation est très différente de celle de Jean Sarkozy, qui a été investi par l'UMP dans un canton gagnable à 1 000 %. Marion est, elle, candidate dans une région difficile qui est l'Ile-de-France, et n'est pas candidate à la direction du plus gros quartier d'affaires de France. Elle ne sera pas la seule jeune de 20 ans éligible, puisqu'il y aura également une candidate de 20 ans dans le Nord-Pas-de-Calais en position éligible, et un jeune de 20 ans en Provence-Alpes-Côte d'Azur également éligible. Donner sa chance à la jeunesse, oui ; user de passe-droit comme en a bénéficié le fils du président, non.
Vivien : Pensez-vous qu'il faille, comme le demande le président Obama, augmenter le nombre de soldats français en Afghanistan?
Marine Le Pen : Nous sommes au Front national contre cette guerre en Afghanistan, qui n'est pas la nôtre mais celle des Etats-Unis, et nous ne sommes présents là-bas qu'à cause de l'idolâtrie de Nicolas Sarkozy pour le système américain, même s'il envoie nos soldats à la mort. Au passage, Nicolas Sarkozy s'est engagé à ne plus envoyer de troupes combattantes, mais seulement des instructeurs. J'ai dans ma famille un jeune première classe dans l'armée française qui semble pourtant devoir être envoyé dans les mois qui viennent. Nicolas Sarkozy se doit d'apporter sur ce sujet une réponse et un engagement clairs.


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