BUDGET AUDET - LE PAIEMENT DE L'ÉQUITÉ SALARIALE ACCÉLÉRÉ

Une bordée de chèques avant les élections

360 000 employées de l'État recevront leur dû d'ici un mois

Budget Audet - février 2007



par Lessard, Denis - Québec - Le gouvernement Charest accélère le paiement rétroactif de l'équité salariale, une dépense de 2 milliards de dollars qui tombera pile pour les élections générales. Près de 360 000 employées, fonctionnaires et syndiquées des réseaux de la santé et de l'éducation, recevront des chèques de 5200 $, en moyenne, avant la fin du mois de mars.
C'est ce que révèlent les documents budgétaires déposés hier par le ministre des Finances, Michel Audet.
Un budget autrement sans surprise, qui garde le cap sur le déficit zéro, veut stimuler le développement des régions et bonifie quelques déductions pour les aînés. Et qui annonce, à compter de janvier 2008, 250 millions de dollars en réduction d'impôts sur le revenu (sur une pleine année), comme s'y était engagé le PLQ la semaine dernière. Cette mesure procurera une baisse d'impôts supplémentaire de 85 $ pour une famille monoparentale ou une personne vivant seule avec un revenu de 60 000 $. Pour des revenus plus élevés, on atteint 254 $ par année, par salarié.
Québec bonifie aussi son programme d'épargne-études avec un crédit d'impôt remboursable pouvant atteindre 250 $ (pour une cotisation de 2000 $).
En conférence de presse, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, est restée bien vague hier sur l'imminence du paiement aux 360 000 employées de l'État.
Mais pour Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, Québec a clairement pressé le pas. En fait, la quasi-totalité des 1,9 milliard seront versés avant le 31 mars - sur les chèques de paye précédant les élections. Québec avait jusqu'au 21 novembre 2007 pour payer cette somme.
Concrètement, une infirmière technicienne au sommet de l'échelle recevra, par exemple, un chèque de 11000$ et son salaire annuel augmentera de 5000$.
Plus crédible qu'un feu d'artifice
Pourtant le budget se défend bien d'être électoraliste. " C'est tout sauf électoraliste, on maintient le cap et la rigueur sur le contrôle des dépenses publiques ", a soutenu M. Audet. " Lors de la campagne électorale, on pourra aligner nos cinq budgets, dans la continuité, c'est plus crédible qu'un feu d'artifice de mesures. "
" Nous ne sommes pas surpris de voir un budget terne avec du saupoudrage pour quelques clientèles. Ils ont fait 657 annonces pour 11,2 milliards depuis un an ", a dit François Legault pour l'opposition péquiste. Avec ce cinquième budget, le gouvernement Charest est à " zéro en cinq quant à sa promesse de réduction annuelle de 1 milliard de dollars des impôts ".
Pour Mario Dumont, c'est " un budget pour les élections futures, certainement pas pour les générations futures ". Avec la kyrielle d'annonces cette année, la dette a augmenté de 4 milliards - on arrive à 5,2 milliards de plus, si on tient compte des réseaux, relève M. Dumont.
Le dernier budget Audet ne fait pas de cadeaux mirobolants du côté des mesures fiscales: 215 millions de dollars sur un budget de dépenses de près de 60 milliards. Outre la baisse générale d'impôts pour 2008, on hausse immédiatement de 1000 $ à 1500 $ le montant de crédit d'impôt pour revenus de retraite, un réduction d'impôt de 94 $ pour un revenu en deçà de 25 000 $.
Pour aider les personnes âgées encore, on ajoute, immédiatement, un crédit d'impôt pour les bénévoles qui, au moins un jour par semaine, donnent un répit aux gens qui ont pris leurs parents en charge. En outre, les parents pourront récupérer la déduction pour frais de scolarité que n'utilisent pas leurs enfants.
Les recettes en impôts sur le revenu des particuliers ont augmenté en 2006-2007, de 16,4 à 18 milliards. Parallèlement, l'impôt des sociétés a baissé de 4,7 à 4,6 milliards, reflétant la réduction de la taxe sur le capital. Fait intéressant, les revenus de la taxe sur le tabac sont en baisse, de 752 à 681 millions, conséquence de la loi antitabac.
Avec ce budget hâtif - le dépôt arrive fin mars généralement - , le budget de dépenses (les crédits) restent inachevés. On s'est contenté de déposer les enveloppes des ministères, sans fournir les détails des dépenses par programme. Québec garde le cap sur une augmentation de 4% des dépenses pour l'an prochain - sa moyenne depuis 2003, qui se compare avantageusement aux 6,3% de croissance des dépenses pour les autres provinces. La Santé obtient 1,3 milliard de plus, une augmentation de 6%, l'Éducation 567 millions, soit 4,4% de son budget.
Le budget recycle aussi une politique sur le développement régional qui devait être déposée avant les Fêtes: 825 millions en cinq ans pour favoriser le développement économique et touristique des régions. Avec cette enveloppe, Québec accorde 300 millions de plus aux fonds de développement gérés par les conseils régionaux des élus (CRE). Le soutien aux entrepreneurs en région obtiendra 165 millions de plus.
Montréal reçoit 140 millions de cette enveloppe - la métropole obtient, comme Québec, la pleine compensation pour les taxes foncières de ses équipements culturels, la Grande Bibliothèque par exemple. Aussi, Québec accordera 11 millions par année pour régler le contentieux entre Montréal et les couronnes quant au déficit du métro.
Québec injecte aussi 34 millions de plus dans le plan d'intervention pour contrer les gangs de rue.


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