1759-2009 - 250 ans de bonheur canadian...

Une bataille pour la prise "définitive" de Québec

Tribune libre 2009

Depuis quelques années, le fédéral est en guerre contre l'idée d'un
Québec, qui assume entièrement son état-nation et qui valorise, à tous
points de vue et à l'égard tant des Québécois eux-mêmes qu'à celui des
autres peuples et nations de ce monde, l'affirmation politique de sa
nation, tout comme il l'est contre ceux qui préconisent cette idée. Tous
savent bien comment s'est comporté le gouvernement fédéral lors du
reférendum de 1995 et depuis lors. Tous ont appris ces dites dernières
années comment les officines de l'état fédéral sont à ce propos en mission
commandée de canadianiser entièrement les Québécois. Qui dit mission
commandée en ce sens dit notamment commandites et autres manières
d'oriention vers un objectif de canadianisation à outrance de tous les
Québécois.
Ces dernières années, notamment depuis la frousse qu'il a
vécu lors du reférendum de 1995, l'état fédéral s'acharne sur la mémoire
acquise qu'ont les Québécois de leur différence et qui, de génération en
génération,se transmet à travers leur héritage culturel et historique.
C'est là, à ce niveau même, que l'assault et l'attaque du fédéral se sont
dirigées: Les évènements historiques sont ainsi transfigurés par l'autorité
fédérale pour que la perception qu'en ont les Québécois n'en soit plus une
québécoise mais canadienne et ce, en utilsant au moins 4 façons d'agir:


I) Lors de la commémoration des évènements historiques les
concernant, substituer à la perception québécoise la perception canadienne.
À cette fin, ne permettre "officiellement" dans toute cérémonie publique
les célébrant que l'expression de la vision canadienne, le but étant, à
travers la commémoration de tels évènements, de remplacer chez les
Québécois leur mémoire acquise de ce qu'ils sont dans leur différence par
une mémoire canadienne à ainsi construire chez eux avec le temps.
2) Toujours dans
la commémoration des évènements historiques les concernant, favoriser toute
décision qui tend à canadienniser l'évènement plutôt qu'à le
québéciser,...donc qui tend à affaiblir l'idendité québécoise et son
rayonnement tant au Québec qu'à l'étranger.
3) Décider de
l'opportunité de commémorer certains évènements, lors même que ce soit à
l'encontre de la volonté des Québécois qui, dans certains cas, préfèrent,
nonobstant la mémoire qu'ils en ont, ne pas célébrer des évènements qui les
ont meurtris et qui ont assombri leur avenir sur ce continent, car, pour le
fédéral, en autant que la commémoration d'un évènement puisse favoriser
l'élaboration d'une identité canadienne à construire chez les québécois,
tout va pour le mieux, d'autant plus que, dans le cas plus précis de la
commémoration du 250ième de la bataille des plaines d'Abraham, l'endroit et
l'évènement y est présenté comme le berceau et la naissance du Canada. Il
faut donc faire plaisir aux Canadiens, fusse-ce au détriment des Québécois:
Politique et unité obligent!
4) Donner à tout
évènement historique concernant les Québécois, lors même qu'il soit
antérieur à la Conquête anglaise, une interprétation propre à le
rattacher, par n' importe lequel subterfuge, au Canada d'après-Conquête, de
manière à lui donner une image canadienne qui viendra, espère-t-il, avec le
temps, à opérer cette transfiguration qu'il désire effectuer chez eux en
substituant à leur mémoire acquise de leur différence une seule mémoire
canadienne à construire chez eux.
À cette fin, le fédéral s'est donc résolument mis à l'assault
de la prise définitive du Québec, plus particulièrement, à travers la
commémoration de 2 évènements historiques qui ont marqué l'histoire de la
Nouvelle-France et du Québec, à savoir: 1) La fondation de Québec et 2) La
bataille des plaines d'Abraham. Or il s'avère que ces 2 évènements
historiques, très importants dans l'histoire du Québec et de sa nation, se
sont déroulés dans la capitale nationale des Québécois, savoir à Québec et
dans ses environs. D'ou cette "Nouvelle bataille de Québec" entreprise par
ce gouvernement fédéral issu de la Conquête anglaise et de la volonté
majoritaire de ses descendants, qui prend toutes les allures de cette
"Bataille pour la prise définitive du Québec"!
Concernant la commémoration de ces deux évènements, dès le
départ, le fédéral a manifesté son intention d'orienter sur le terrain le
sens à leur donner, en procédant à la nomination "d'un Commissaire
fédéral des fêtes du 400ième", qui fut annoncée le 21 mai 2004 par la
ministre de "Patrimoine Canada" de l'époque, madame Hélène Scherrer, le
choix s'étant porté sur la personne d'André Juneau, le même André Juneau
qui préside la Commission des champs de bataille, organisme fédéral, qui,
à Québec, gère la mémoire canadienne de l'occupation anglaise de la
Nouvelle-France: Déjà tout était en place pour que ces évènements soient
commémorés à la canadienne. Soulignons, par ailleurs, qu'un an après sa
nomination, savoir en mai 2005, le commissaire André Juneau démissionna de
ce poste, invoquant qu'il voulait éviter d'éventuels conflits d'intérêts,
après, selon ce qui en a été rapporté, avoir vécu certains tiraillements
avec des dirigeants de la Société du 400ièeme anniversaire d'alors. Il a
également été rapporté qu'à l'èpoque, par l'intermédiaire de sa personne,
le gouvernement fédéral aurait fait savoir qu'il avait des rétisences à la
construction d'une allée de sculptures qui aurait été localisée sur l'allée
Wolfe-Montcalm menant aux plaines d'Abraham, projet possible annoncé par
la France, en décembre 2004, comme cadeau de celle-ci à l'occasion de la
commémoration du 400ième anniversaire de la fondation de Québec,
semble-t-il, à la suggestion de la ville de Québec. Faut-il le préciser, ce
projet n'a jamais vu le jour, ayant été abandonné à la demande du
gouvernement Charest.
Un autre élément qu'il est bon de souligner comme étant un
indicateur de cette bataille de la mémoire et de l'idendité, c'est celui de
l'existence du "Médaillon des fêtes du 400ième, qui fut confectionné en 100
exemplaires, dont l'une des faces représente Champlain et l'autre une
feuille d'érable entourée des fameux rubans de ces fêtes, rubans qui ont,
pour ainsi dire servi de drapeau à ces fêtes et qui ont été créés,
semble-t-il, pour ne pas politiser la célébration selon la version
officielle, mais qui l'ont plutôt été dans les faits pour masquer la fleur
de lys ou de l'iris, qui, en vertu de l'histoire aurait dû y avoir seule
préséance et valeur de symbole. Autre indicateur, la liste des
récipiendaires de ce médaillon, à quelques exceptions près.
Tout cela pour dire qu'il faut mettre en perspective la
commémoration du 400ième anniversaire de la fondation de Québec et celle du
250ième anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham, et la manière
dont celles-ci ont été pensées pour y découvrir l'assault évident du
fédéral pour gagner la "Bataille de la prise définitive du Québec", qui se
joue encore maintenant sur les champs de l'idendité et de la transmission
de la mémoire.
À ce propos, je réfère les lecteurs aux documents suivants:
1) Le "legs"
de la France et la société du 400ième: heurs et malheurs. (un article très
instuctif, en date du 5 décembre 2008, de monsieur André Lavallée, paru sur
le site de "Québec en Amériques": CF:
http://quebec.blog.lemonde.fr/2008/12/05/le-legs-de-la-france-et-la-societe-du-400e-heurs-et-malheurs-2000-2008/
2) Le
médaillon commémoratif du 400ième anniversaire de Québec, texte et photos
que l'on retrouve sur le site de la Société du 400ième, monquebec2008: CF:
http://monquebec2008.sympatico.msn.ca/MonQuebec2008/?module=static&id=132
3) Avis de la
Gazette du Canada, vol. 138, no 11, en date du 2 juin 2004, du règlement no
204-10 portant sur une affectation spéciale, celle de monsieur André Juneau
au poste de "Commissaire fédéral aux fêtes du 400ième" et qui l'exempte, en
vertu de l'article 41(1) de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique,
des applications de cette Loi, à l'exception des articles 32-33 et 34:CF:
http://gazetteducanada.gc.ca/partII/2004/20040602/html/sor143-f.html



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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    26 janvier 2009

    Pas de doute que Vigile fait un excellent boulot de pédagogie sur ce fait historique, mais n'est-ce pas ce que le PQ déclarait était sa raison de ne pas s'opposer à ce spectacle ?
    Elle est où leur pédagogie appliquée au peuple grâce à l'opportunité de cette reconstitution ?
    http://www3.pq.org/