Les économistes mercenaires, nommés par le ministre Bachand à titre de comité consultant, viennent de déposer leur deuxième rapport. Ils citent le système d’éducation comme exemple d’une concurrence privée publique réussie.
Or, l’école privée largement subventionnée par l’État exerce une concurrence injuste, déloyale en acceptant dans ses écoles seulement les élèves les plus performants. Messieurs Blais, Desjardins et Lessard de l’Université de Montréal ont démontré que la concurrence entre les écoles privées et les écoles publiques a engagé le Québec sur une pente dangereuse.
En effet, dans un texte d’opinion publié le samedi 26 et le dimanche 27 septembre dernier, ces trois chercheurs ont étudié la situation particulière de Montréal où près d’un élève sur trois est inscrit dans une école secondaire privée. La concurrence sur l’île entre les réseaux publics et privés est donc très importante. Qu’en est-il de la réussite? La conclusion à laquelle les chercheurs arrivent c’est que pour les écoles publiques il n’y a pas d’amélioration de la moyenne aux épreuves ministérielles, au contraire.
Le taux de réussite dans les écoles publiques aux examens du ministère de l’Éducation entre 2001 et 2007 a chuté passant de 78,6 à 74,1.
« Au cours de ces années, les écarts ne diminuent pas, ils augmentent au profit du secteur privé. Il y a toujours eu un écart entre les deux secteurs, mais la concurrence et le Bulletin des écoles ne contribuent pas à sa réduction; au contraire, cet écart augmente »
En Montérégie, la fréquentation des écoles privées étant tout aussi importante que dans l’île, on peut penser que les conclusions seront les mêmes.
C’est d’ailleurs le même constat auquel en arrivent les grandes enquêtes internationales. Elles confirment que les systèmes d’éducation inégalitaires, c’est-à-dire qui favorisent la concurrence entre le privé et le public, ou encore qui sélectionnent les élèves, obtiennent de moins bons résultats que les systèmes plus égalitaires.
La concurrence privée/publique dans les services publics prônée par nos mercenaires consacrerait le renoncement à faire prévaloir l’intérêt général sur l’intérêt individuel. Le système d’éducation à deux vitesses que nous connaissons déjà en est le plus bel exemple.
Et dire que nos mercenaires citent cet exemple pour recommander au gouvernement de créer la même concurrence dans tous les services publics.
Dans le Devoir du 28 septembre, on peut lire, sous la plume d’Éric Desrosiers, que le comité consultatif de M. Bachand vante le climat d’émulation qui y prévaut grâce à la coexistence d’établissements publics et privés.
Si on applique ce que l’on sait de la sélection dans le secteur de l’éducation, la conséquence de cette émulation dans le secteur de la santé ne serait-elle pas que le réseau privé sélectionnera les patients mettant de côté les personnes à risque (tabagisme, haute tension, obésité, etc.), celles à faible revenu ou celles selon ayant un certain âge laissant au secteur public les cas les plus lourds. Et le palmarès des hôpitaux pourra prouver qu’encore une fois le réseau privé est bien meilleur que le réseau public!
Et dire que nos mercenaires sont grassement payés pour ce travail de démolition. Les instituts et centres de recherche auxquels ils collaborent viennent de recevoir de généreuses subventions du gouvernement. Dans le cas de MM. Montmarquette et Fortin, on parle d’un montant de 6 millions pour des travaux dans le domaine des politiques publiques. L’organisme de M. Gagné a reçu 6 millions pour les quatre prochaines années et celui de M. Godbont bénéficiera d’une contribution financière de 5 millions pour les 5 prochaines années.
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Monique Pauzé
L’auteure est présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain (CSQ)
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