Un village autochtone découvert sous le centre-ville

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Les Autochtones étaient nomades

Des archéologues ont fait une découverte majeure sous l'une des rues les plus achalandées du centre-ville. Des milliers d'objets trouvés sous l'intersection des rues Sherbrooke et Peel révèlent que les autochtones auraient établi un village à Montréal dès 1400, soit bien plus tôt qu'envisagé.


« C'est une découverte importante. On avait un peu de traces par-ci par-là de l'occupation de Montréal par les Iroquoiens du Saint-Laurent, mais ça, c'est le seul site de village qu'on a sur l'île », s'emballe Roland Tremblay, archéologue pour la firme Ethnoscop.


Pendant les travaux pour l'aménagement de la promenade Fleuve-Montagne en 2016 et 2017, la Ville de Montréal avait chargé des archéologues de mener des fouilles. Cette décision avait été prise en raison de la proximité du site archéologique Dawson, où plusieurs objets avaient été trouvés vers 1860, près de l'Université McGill.


Malgré l'urbanisation du secteur et la présence de nombreuses infrastructures sous terre, des portions de sol jamais perturbées ont été relevées en cours de chantier sous l'intersection des rues Sherbrooke et Peel.


« On s'est dit que s'il restait quelque chose, on allait le trouver. Quand on est tombés sur cela, ça a vraiment été une surprise, » mentionne Marie-Claude Morin, archéologue pour la Ville de Montréal.


Ces quelques lopins ont en effet représenté une véritable mine d'or historique, recelant pas moins de 2200 tessons de poterie. Ceux-ci proviendraient d'environ 90 vases différents. Plusieurs outils taillés dans des os ou de la pierre ont également été retrouvés, signes de la présence d'un village.


SÉPULTURE ET DENT DE BÉLUGA


La datation au carbone 14 d'une dizaine d'échantillons a permis d'établir que l'occupation du site remontait à plus de 600 ans. « Ça tend à reculer l'occupation de Montréal autour des années 1400, alors qu'on pensait que le site Dawson datait des années 1550, qu'il était contemporain de la venue de Jacques Cartier », relate Roland Tremblay.


En plus des objets, la sépulture d'une jeune adulte a aussi été trouvée quelques jours avant Noël 2016. Celle-ci fait partie des sépultures que Montréal entend restituer à la nation mohawk. Les restes étaient toutefois en mauvais état, ayant été malmenés lors de travaux pour l'aménagement d'infrastructures il y a longtemps. Sa présence semble être passée inaperçue à l'époque.


Les archéologues ont aussi découvert une dent de béluga, ce qui tend à prouver que les habitants commerçaient avec d'autres groupes éloignés.


« Le béluga ne remonte pas à Montréal de façon régulière, mais les Iroquoiens du Saint-Laurent de la région avaient des cousins dans la région de Québec. Il y avait des échanges avec eux », explique Roland Tremblay.


HOCHELAGA ?


Cette découverte ne tranche pas le débat sur l'emplacement du village d'Hochelaga décrit par Jacques Cartier, prévient Roland Tremblay. La datation situant le village autour de 1400, ce site n'était vraisemblablement plus occupé au moment de la venue de l'explorateur français.


En effet, les Iroquoiens occupaient un site en moyenne de 15 à 30 ans. « Ils se déplaçaient lorsqu'ils avaient épuisé le sol avec la culture du maïs, épuisé le bois ou épuisé la petite faune qu'ils chassaient. Au bout de 20, 25 ou 30 ans, ils devaient explorer pour trouver un établissement ultérieur », expose M. Tremblay.


Il serait toutefois possible que le site ait été occupé, abandonné, puis de nouveau occupé à l'époque de Jacques Cartier, évoque Roland Tremblay. « Une hypothèse est qu'on aurait habité à cet endroit vers 1375, qu'on serait parti ailleurs à Montréal ou autour et qu'on serait revenu dans les années 1525. C'est une possibilité. Ce n'est pas encore clair », dit l'archéologue.


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