Reconquérir le Canada - Un nouveau projet pour la nation québécoise

Un recueil d'essais pour donner un nouveau souffle aux fédéralistes au Québec

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"Reconquérir le Canada"

Écrit sous la direction d'André Pratte, le livre Reconquérir le Canada - Un nouveau projet pour la nation québécoise a été lancé hier en présence notamment de Michael Ignatieff. (Photo Rémi Lemée, La Presse)

Joël-Denis Bellavance - Les fédéralistes de toutes les allégeances politiques doivent cesser de défendre timidement leur option au Québec ou de monter au créneau uniquement lorsque l'avenir du pays est menacé, comme ce fut le cas lors du référendum de 1995 remporté de justesse par le camp du Non.



Le Québec a réussi à s'épanouir sur les plans économique, social et culturel grâce à son appartenance à la famille canadienne et les fédéralistes ne doivent plus se gêner pour le dire aux Québécois, estiment les auteurs d'un recueil d'essais publié sous la direction d'André Pratte, éditorialiste en chef du quotidien La Presse.
En tout, 14 personnalités aux horizons professionnels différents - des politiciens, des hommes d'affaires, des intellectuels, des militants - ont participé à cet exercice de réflexion qui a débouché sur un livre au titre-choc: Reconquérir le Canada - Un nouveau projet pour la nation québécoise.
Selon les auteurs, parmi lesquels on compte le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes Benoit Pelletier, l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon, l'ancienne diplomate Marie Bernard-Meunier, l'ancien astronaute et candidat libéral dans Westmount-Ville-Marie Marc Garneau, l'homme d'affaires Daniel Fournier, qui a été candidat conservateur dans Outremont aux élections de 2006, et l'auteur et écrivain François Pratte, qui milite au sein de l'ADQ, ce livre vise à donner un nouveau souffle aux forces fédéralistes au Québec, à renouveler leur discours et à réinventer les relations entre le Québec et le Canada.
«Ce qui nous a réunis pour ce livre, c'est le constat que malgré l'évolution politique phénoménale des dernières années, malgré un apparent affaiblissement de l'option souverainiste, l'argumentaire en faveur du développement du Québec au sein du Canada, lui, ne s'est pas tellement renouvelé. Le constat aussi que, malgré l'évolution spectaculaire qu'ont connu le Québec et l'ensemble du Canada au cours des 40 dernières années, le débat politique au Québec se fait essentiellement dans les mêmes vieilles ornières», a affirmé André Pratte, lui-même auteur d'un des textes, au cours du lancement hier.
Même s'ils ont écrit chacun leur texte à leur façon, les auteurs aux affiliations politiques diverses s'entendent pour défendre quatre convictions dans ce livre.
Que le Québec est mieux à même de se développer au sein du Canada «qu'en recherchant une indépendance qui est de plus en plus illusoire» à l'heure de la mondialisation.
Que les Québécois doivent changer leur façon de voir le fédéralisme et le Canada pour aller de l'avant et «abandonner à jamais leur perspective d'éternelle victime, de perdant, une image qui ne correspond pas à notre expérience au sein du Canada. »
Que les Québécois doivent profiter pleinement du potentiel que leur offre leur appartenance au Canada, notamment en prenant toute leur place dans les institutions fédérales et en renforçant leurs relations avec toutes les autres provinces.
Que le Québec a déjà en main tous les outils pour relever les nombreux défis auxquels il est confronté et que c'est là où réside sa vraie autonomie.
Selon l'ancien ministre Martin Cauchon, les fédéralistes, qu'ils soient libéraux, conservateurs ou appartenant à une autre famille politique, ont eu la fâcheuse habitude au cours des dernières années de ne pas travailler ensemble, sauf dans des moments cruciaux comme lors des deux référendums sur la souveraineté. Ils doivent mettre fin à cette pratique afin de ne plus laisser toute la glace aux souverainistes.
«Les forces fédéralistes sont beaucoup trop discrètes. On a l'habitude de crier haut notre appartenance au Canada, notre fierté pour le Québec à l'intérieur du Canada uniquement lorsqu'on entre dans un processus référendaire. Il faut faire en sorte que les forces fédéralistes s'inscrivent dans le processus du changement permanent. C'est un enjeu de tous les jours», a dit M. Cauchon.
Le ministre Benoît Pelletier a pour sa part soutenu que le Québec «est une nation épanouie qui se développe très bien» et cela «à l'intérieur même du Canada». «Loin d'être un frein au développement du Québec, le fédéralisme canadien est au contraire un merveilleux tremplin pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises.»
Une centaine de personnes ont assisté au lancement de ce livre qui pourrait marquer, selon plusieurs, le début d'une nouvelle stratégie des forces fédéralistes au Québec. Le gratin politique du Québec était d'ailleurs présent. Des ministres influents comme Lawrence Cannon, le ministre des Transports et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, et Michael Fortier, ministre des Travaux publics, étaient présents, tout comme le ministre de la Santé du Québec, Philippe Couillard, et les députés libéraux Denis Coderre et Pablo Rodriguez.
De l'extérieur du Québec, le chef adjoint du Parti libéral, Michael Ignatieff, était également au rendez-vous, tout comme l'ancien premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord.
En entrevue, hier, M. Ignatieff, qui avait défendu bec et ongles la reconnaissance du Québec comme nation durant la dernière course à la direction du Parti libéral, a soutenu que ce livre provoquera sans doute aussi une réflexion dans le reste du Canada.
«C'est une très bonne journée pour le Canada. Nous avons une collection d'essais qui disent qu'il n'y a pas de contradiction entre une fierté nationale québécoise et une appartenance canadienne. C'est la chose essentielle. Et je partage ce sentiment», a affirmé M. Ignatieff.
Il a ajouté que son propre parti devra prendre bonne note des idées contenues dans le livre. «Il faut poursuivre la réflexion. Il ne faut pas arrêter là. Il faut qu'au sein de mon parti on réfléchisse à fond sur ce qui est dit dans ce bouquin parce que c'est un très bon départ pour le renouveau de notre pensée au sein de mon parti. Et on a besoin de cela», a-t-il dit.
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