Lysiane Gagnon et la religion fédéraliste

Un condensé d’entourloupettes

Tout son texte s’inscrit donc merveilleusement dans les tactiques habituelles du camp fédéraliste

"Reconquérir le Canada"

[->10360]Lysiane Gagnon est réputée pour vomir sur le Québec et son texte n’est
qu’un ramassis d’affirmations pour la plupart subjectives, donc
contestables.
Par exemple, lorsqu’elle dit que c’est dans les années 60 que les
souverainistes se seraient mis à appeler les fédéralistes des fédérastes.
Elle était là au moment où s’est lancée la PREMIÈRE injure entre les deux
camps? Les fédéralistes ne déforment JAMAIS les mots qui désignent les
souverainistes, péquistes, etc.? Ils ne nous insultent jamais? Arrivez en
ville, madame Gagnon. On jurerait une fillette dans une cour d’école qui dit
: « C’est lui qui a commencé! ». Ça n’est certainement pas pire de notre
côté que du sien. Elle y va elle-même d’une belle volée d’injures
d'ailleurs, comme [Robert Barberis le fait judicieusement remarquer.->10356]
Cela dit, elle nous fait un long sermon sur pourquoi les fédéralistes sont
gênés de s’afficher (évidemment c’est la faute aux souverainistes), pour
finir par conclure : « il faut bien le dire, au Québec comme partout
ailleurs, il y aura toujours beaucoup de gens qui n'ont pas le courage de
leurs opinions. »
Beaucoup de fédéralistes n’auraient donc pas le courage de leur opinion?
Et c’est la faute aux souverainistes? Ben oui. Moi j’ai l’impression que
c’est parce qu’ils ont de plus en plus de difficulté à la défendre. Non
mais c’est vrai que ça devient gênant d’essayer de faire comme si, depuis
le premier référendum, il était arrivé des choses pour nous faire changer
d’idée.
Gagnon nous dit que les souverainistes ont occupé beaucoup de l’espace
public « parce qu'ils proviennent des milieux de la parole». Je ne pense
pas qu’avec les médias fédéralistes qu’on a, les souverainistes aient
occupé plus de place que les fédéralistes. Et des professeurs, des avocats,
brefs des « communicateurs », il y en a chez les fédéralistes aussi.
Elle oublie également de dire qu’alors que les souverainistes se prêtent
régulièrement à de salutaires réflexions, dans le camp fédéraliste, ça
pense juste à des stratégies genre commandites et Loi sur la clarté. Ce qui
est le symptôme de l'incapacité de cette fédération à bouger dans le bon
sens.
« Et aussi parce que la souveraineté - un projet qui reste paré des
scintillantes couleurs du rêve et fait appel aux émotions est une option
beaucoup plus facile à «vendre» que le fédéralisme, un système de
gouvernement pragmatique et compliqué, un système en outre qui existe, qui
peut donc être critiqué. »
Bon. La souveraineté d’un pays est, je résume, un « rêve scintillant ».
Avec TOUS LES PAYS SOUVERAINS QU’IL Y A SUR LA TERRE, la souveraineté est
un "rêve scintillant". La France, l’Espagne, le Canada, les États-Unis sont
tous constellés de tites paillettes dorées. C’tu cute. Non mais est-ce que
la souveraineté est un concept si difficile à saisir alors qu’il y a sur
terre non seulement une tonne de pays SOUVERAINS, mais quand en plus
certains d’entre eux sont parfaitement comparables au Québec? Alors qu'on
n'a qu'à regarder l'Islande versus Terre-Neuve pour voir la différence que
ça fait de ne pouvoir compter que sur soi au lieu de vivre sous une tutelle
qui nous déresponsabilise?
Mais ce qui me fatigue le plus de cette affirmation, c’est qu’elle est
tellement simpliste et gratuite qu’on peut l’inverser très facilement et
dire que le fédéralisme est plus facile à vendre car justement c’est
concret alors que la souveraineté n’est qu’un « rêve scintillant ».
Je trouve Gagnon puérile et ridicule quand elle dit que les fédéralistes
se sont faits discrets pour ne pas être accablés d’insultes. Pauvres petits
êtres sans défense. Comme s’ils n’insultaient jamais. Comme si le
rapatriement unilatéral, les échecs de Meech et Charlottetown, les
commandites et la Loi sur la clarté n’étaient pas autant d’insultes lancées
à la face du Québec.
Tout son texte s’inscrit donc merveilleusement dans les tactiques habituelles du camp fédéraliste qui comprennent entre autres :
- utiliser un langage soigneusement choisi pour discréditer le mouvement
souverainiste (rêve, émotion, pelletage de nuages, ainsi que tout le
langage religieux qui vise à rendre le mouvement souverainiste épeurant;
comme si d’ailleurs on ne pouvait pas dire que Stéphane Dion est le grand
prêtre du fédéralisme à tout prix);
- ridiculiser toute revendication, même la plus légitime, en la traitant
comme l’expression du misérabilisme. Ça c’est très tordu. Arrête de
revendiquer sinon tu as l’air de vouloir jouer les victimes. Quel beau
moyen de nous donner des remords de se tenir debout!
- faire passer pour de la bête rancune le fait qu’on se souvienne de ce
qui a jalonné notre histoire afin d’en tirer les leçons qu'il faut. Beau
moyen de nous donner des remords de ne pas avaler sans broncher les
couleuvres canadiennes.
Et après nous avoir servi ce condensé d’entourloupettes fédéralistes
complètement usées, elle en arrive à la conclusion, comme Pratte, que c’est
un beau défi que de «reconquérir» le Canada.
Comme si l’odieux de la mésentente historique entre nos deux nations ne
reposait que sur nous. Comme si, alors que le Canada a rapatrié
unilatéralement la constitution, alors qu’il ne fait rien pour réparer ce
tort et qu’on réintègre la fédération la tête haute, alors que son
incapacité de bouger se traduit en tricheries, en commandites, en lois
anti-démocratiques, en promesses d’ouverture et en présumée reconnaissance
de la nation qui ne se traduisent par rien de concret...
Bref, alors que le
Canada ne nous respecte pas, c’est à NOUS de le reconquérir?
Une douzaine de roses avec ça?
Gagnon est fidèle à elle-même et à la philosophie de son camp, elle nous a
servi la berceuse habituelle et sentant le réchauffé de ceux qui nous
aiment endormis.
Carole Chouinard, 17 novembre 2007
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    18 novembre 2007

    "Lapointe" craint que certains optent pour l'assimilation à la "Gagnon" pour avoir la paix, la tranquillité.
    Pourtant, la preuve existe au Canada et aux É.U. que les conquérants ne respectent pas plus les "frenchies" après qu'ils se soient mis à genoux. Ils demeurent leur conquête, bons travailleurs, discrets, serviables, présentables s'ils réussissent à maquiller leur nom et leur accent.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2007

    On voit que Lysiane Gagnon est à la recherche d'arguments en faveur
    de sa prise de position pro-Canada à la sauce Trudeau-Chrétien.
    Mais comme elle a bien du mal à en trouver, elle s'attarde surtout à
    la forme plutôt qu'au fond du texte qu'elle dit trouver admirable.
    comme si un texte bien écrit dirait nécessairement la vérité.
    Mais en réalité son message est essentiellement le suivant: Canadiens
    français du Québec tournez la page, oubliez vos origines et votre
    histoire et laissez-vous fondre dans le grand tout canadien.
    C'est tellement débile, insultant et méprisant comme message que je
    ne peux pas croire qu' il puisse rejoindre qui que ce soit.
    Mais hélas il va sûrement y avoir des gens qui vont se laisser
    convaincre dans l'espoir, illusoire, de trouver la paix et la
    tranquillité.
    Je dis ILLUSOIRE parce que les problèmes auxquels nous Québécois nous
    sommes confrontés ne dispraîtraient pas pour autant si nous décidions
    tous d'aller dans le même sens qu'elle.
    Contrairement à ce qu'elle pense, le Bloc et le Parti québécois ne
    sont pas composés de paranoïaques. La menace est réelle, elle n'est
    pas le produit de leur imagination. Il suffit de lire un peu pour
    s'en rendre compte.
    Si des paranoïaques il y a, c'est plutôt du côté des fédéralistes
    canadians purs et durs qu'ils se trouvent. Ils ont tellement peu de
    convictions qu'il préfèrent raser les murs pour ne pas être reconnus
    de peur d'être insultés, de l'aveu même de madame Gagnon.
    Ça c'est être courageux !
    Lapointe