Drôle de timing

"Reconquérir le Canada"


Sortez le champagne! Ce soir, le 4 février 2008, un nouveau «think tank» nous sera né : l'Institut du Canada moderne (ICM). Son mandat : produire des «idées» pour renouveler l'État fédéral canadien.

Sans vouloir faire de peine à ces valeureux chevaliers du Canada «moderne», la force d'inertie du pays étant ce qu'elle est depuis les échecs de Meech, de Charlottetown et la quasi-victoire du OUI en 1995, c'est ce qu'on pourrait appeler un vaste programme...

Parmi ses membres, on retrouve d'éminents descendants des dynasties Trudeau et Ryan - le fils de Claude Ryan, Patrice, ainsi que le fils de l'autre, Alexandre Trudeau. Patrice Ryan, lequel aura sûrement hérité du sens de l'humour légendaire de son père, dit à la blague que les membres de l'ICM sont des «Québécois, Canadiens... fédéralistes... on est un peu comme Elvis Gratton!».

Peut-être que la chanson thème de l'ICM, qui prêchera sûrement la réconciliation canado-québécoise, pourrait aussi être ce grand classique d'Elvis : «we can't go on together with suspicious minds »...

Selon Le Devoir, on y retrouvera aussi un avocat du nom de Frédéric Bérard. Bérard travaille chez HKDP, une firme de relations publiques portée comme tant d'autres sur l'embauche d'«ex» de la politique et sur la plantation de ses racines dans divers partis politiques.

Une impressionnante brochette sera au lancement, dont les Michael Ignatieff et Benoît Pelletier. L'éditorialiste en chef de La Presse, André Pratte y sera aussi. Normal : ses éditoriaux demandent la création d'un think thank fédéraliste depuis des lunes. Maintenant comblé, il aura aussi plein de belle lecture sur sa table de chevet avec le bulletin de cet institut, baptisé de manière toute bilingue et très Ottawa, Le Think tank.

Va pour la liberté d'expression et de conviction. J'en suis toujours et irrémédiablement. Mais lorsque je lis les propos de Patrice Ryan rapportés dans Le Devoir, je me demande sur quelle planète il a passé les dernières années. Sans rire, il disait : «il n'y a pas réellement de voix à l'extérieur des partis politiques traditionnels pour les gens qui croient encore que ce pays, le Canada, vaut la peine d'être promu et défendu». Pardon? Il lit quoi, le monsieur? Il écoute quoi? Il regarde quoi, au juste?

Pour ce qui est du financement de l'ICM, on nous dit qu'il n'a pas encore les «moyens» de publier des études... Mais s'ils insistent le moindrement, disons, pour une ou deux secondes, le patron de Monsieur Pratte pourrait sûrement se laisser convaincre de les aider un tant soit peu.

Quel drôle de «timing» tout de même. La création de cet ICM devance à peine le moment où le PQ officialisera à son prochain conseil national la remise aux calendes grecques de tout référendum! À ce compte, c'est peut-être le camp adverse de l'ICM qui aurait besoin d'un vrai «think tank»...
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Un nouvel institut fédéraliste à Montréal
Patrice Ryan et Alexandre Trudeau font partie des fondateurs
Antoine Robitaille, Le Devoir 4 février 2008
Québec -- Il déteste qu'on le désigne comme «le fils de», mais lorsque Patrice Ryan présidera ce soir à la création officielle de l'Institut du Canada moderne (ICM), nouvelle «boîte à idées» vouée au «renouvellement de l'État fédéral canadien», plusieurs vont se demander s'il ne marche pas dans les traces de son père, Claude. «J'ai un faible pour Le Devoir», note au détour d'une phrase celui qui est à la tête de Ryan affaires publiques, une firme de lobbying et de communications.

Un autre «fils de» fait partie du conseil d'administration, Alexandre Trudeau. «C'est un cinéaste, qui s'assume très bien comme personne», rétorque Patrice Ryan, un sourire dans la voix à l'autre bout du fil.
Malgré tout, «peu de gens connus font partie de l'Institut», et ce ne sont pas «des gens de la vieille garde», explique M. Ryan, qui agit avec un cofondateur, l'avocat Frédéric Bérard, lequel travaille pour la firme de relations publiques HKDP. C'est toutefois en présence de Benoît Pelletier, ministre québécois des Affaires intergouvernementales, de Michael Ignatieff (député libéral fédéral), ainsi que d'André Pratte, éditorialiste en chef de La Presse, que sera lancé l'ICM ce soir au très branché Suco Lounge à Montréal. Ce sont là des invités d'honneur qui viennent «saluer l'initiative», précise M. Ryan, et non des membres actifs de l'ICM: «Ce sont des amis plus que des partenaires.»
Plusieurs auteurs qui ont participé à l'ouvrage collectif Reconquérir le Canada, Un nouveau projet pour la nation québécoise, (Voix parallèles), sous la direction de M. Pratte, seront présents. L'idée de l'ICM est toutefois antérieure à la production de ce livre, qui visait, comme le nouvel institut, à renouveler les idées sur la fédération canadienne. «Aussi, on n'est pas partisans, on n'est pas PLC, on n'est pas conservateurs, on est canadiens fédéralistes, essentiellement.» Canadiens d'abord et avant tout? «Canadiens, québécois... fédéralistes... on est un peu comme Elvis Gratton !», répond un Ryan plein d'autodérision, avant d'ajouter plus sérieusement: «C'est ça l'essentiel du message, on est "tout" ça: il faut qu'on trouve une façon d'exprimer ce mélange correctement d'une façon qui est honorable et digne», plaide-t-il.
Le Think Tank
L'ICM dévoilera ce soir un premier numéro de son bulletin d'une quinzaine de pages s'intitulant Le Think Tank. Dans une interview avec les deux cofondateurs, M. Ryan explique qu'il compte intervenir sur la place publique puisque, à son sens, «il n'y a pas réellement de voix à l'extérieur des partis politiques traditionnels pour les gens qui croient encore que ce pays, le Canada, vaut la peine d'être promu et défendu». L'ICM étant à la recherche de financement, elle n'a pas, pour l'instant, les moyens de publier des études, ce qu'il compte faire à moyen terme. La vitrine Web n'est pas non plus terminée. Les nouvelles «boîtes à idées» ou think tank sont nombreuses au Québec. Pensons à l'Institut économique de Montréal, l'Institut de recherche sur le Québec, l'Institut du Nouveau monde, etc. Ce dernier est un «véritable modèle sur le plan du rayonnement et du financement», estime M. Ryan.


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