Lysiane Gagnon et la religion fédéraliste

La tordeuse de GESCA

"Reconquérir le Canada"

Suite à la parution d'un deuxième article de Lysiane Gagnon sur [Reconquérir
le Canada->10360], voici la suite de mes commentaires.
Dans un paragraphe où elle parle du texte de Jean Leclair, un professeur
de droit constitutionnel à l’Université de Montréal, elle écrit : « Le ton
est parfois polémique, mais la démonstration, d’une rigueur sans faille. Ce
texte s’inscrit dans une authentique logique fédéraliste, répudiant les
moutures mollassonnes inventées par les politiciens, et qui sont au
fédéralisme ce qu’est l"autonomisme à l’indépendantisme. » Dans ce seul
paragraphe donc, madame Gagnon nous dit que l’authentique logique
fédéraliste ne peut être que pure et dure. Doit-on en conclure que tous
ceux qui prônent du changement, même Harper qui prétend préconiser un
fédéralisme d’ouverture, sont des mollassons ?
« Nombre de fédéralistes québécois ont emprunté aux nationalistes
l’hypersensibilité au rejet, la culture du ressentiment et de la
victimisation, ce désir maladif d’être " reconnu" « accepté » - ce que
Marie Bernard-Meunier, dans un excellent article du même ouvrage, appelle «
le besoin débilitant d’être aimé ». D’où le ressassement ad nauseam de
l’exclusion de 1982. Mais, dit Leclair, "pourquoi notre existence
collective n’aurait-elle de sens que si elle passe entièrement par le
regard de l’autre ? ".
Ainsi, la stricte et fondamentale nécessité d’être respecté au sein de
cette fédération devient un besoin débilitant d’être aimé et accepté.
Ces défenseurs du fédéralisme pur et dur arrivent même à banaliser le
rapatriement unilatéral de la Constitution qui, malgré le temps qui a passé
et qui a estompé la colère qu'il a provoquée, demeure un affront
inacceptable et une des raisons pour lesquelles les Québécois ressentent un
malaise dans cette fédération. Et ils osent prétendre que nous avons besoin
du regard de l’autre pour exister, ces fédéralistes qui sont les premiers à
s’inquiéter de ce regard aussitôt que le Québec a des velléités
d’affirmation que le Canada s’empresse de mettre sur le compte du
nationalisme ethnique ?
« En effet, où est le sens de l’honneur ?»
Elle demande ça aux souverainistes ?
« Chez ceux qui n’en finissent plus d’implorer les autres de reconnaître
sur papier leur "spécificité », ou chez ceux qui, se sachant distincts,
tournent la page et continuent à s’affirmer sereinement ? »
Et voilà que le terme "revendiquer" devient "implorer " une fois passé à
travers le tordeur de Lysiane Gagnon. Et voilà qu’elle prétend que notre
besoin est d’être reconnu "sur papier" seulement. Alors qu’il faut au
contraire que cela se traduise par du concret! Il est vrai que selon elle,
toute revendication de résultats concrets devient de la victimisation chez
les souverainistes et de la "mollassonnerie" chez les fédéralistes.
« Si l’on veut rester au Canada, il faut admettre que, comme le dit Mme
Bernard-Meunier, "une vision stratégique de nos intérêts nous permettrait
de comprendre qu’aider à satisfaire les revendications légitimes des autres
provinces crée des conditions plus favorables à la satisfaction des nôtres
».
Ah tiens donc ! Les « autres provinces » ont, elles, des revendications
LÉGITIMES ? Ça n’est pas de la victimisation, du misérabilisme? Alors comme
ces « autres provinces » ont tellement plus de crédibilité, il faut que le
Québec passe par l’aide à la satisfaction de leurs revendications légitimes
à elles pour espérer un jour obtenir satisfaction à ses revendications
légitimes à lui ? Cet éloge du Conseil de la fédération de Jean Charest me
semble tordu.
J’ai l’impression que ce recueil de plaidoyers pour le fédéralisme ne
convaincra personne qui ne soit déjà convaincu. J’espère même que ce
ramassis de sophismes fédéralistes obtiendront chez certains l’effet
contraire.
P.S. Le grand organisateur du renouveau du fédéralisme André Pratte publie
aujourd'hui [un long texte de Marie-Bernard Meunier sur la Belgique->10390]. Tant
qu'à y être, pourquoi ne pas publier par tranches tous les chapitres du
livre Reconquérir le Canada dans la section Forum de La Presse? De son
domaine de Charlevoix qui a Pauline Marois comme députée, Paul Desmarais
enverra ses "félicitations pour votre beau travail".
Carole Chouinard, le 19 novembre 2007
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2007

    Que font-ils les fédéralistes pendant que nous nous divisons ?
    Mardi, 20 novembre 2007 Bruno Deshaies
    Bien sûr qu'il est louable de dire que les fédéralistes se parlent entre eux, sauf qu'ils sont plus nombreux. De plus, le comportement des indépendantistes est tellement erratique que la population québécoise demeure sceptique. Elle se demande, que veulent les « séparatistes » exactement de ce qu’ils n’ont pas déjà ? Après deux référendum perdus, il faudrait commencer à faire autre chose que la petite histoire de notre passé de nation annexée, subordonnée et dominée. Les récriminations pour les récriminations ont fait leur temps. Les analyses pour les analyses sont louables mais très souvent inutiles. Les sondages pour les sondages sont éphémères. Ils n'entraînent que de la poudre aux yeux. Les historiens devraient commencer à changer de registre et à s’impliquer sérieusement plutôt que d’esquiver les écueils de l’avenir réel du Québec.
    Pendant ce temps...
    À lire dans La Presse d’hier l’opinion d’une fédéraliste et aussi membre du CA du CÉRIUM, madame Marie Bernard-Meunier : « Pauvre Belgique ! » Un bijou de l’apologie fédéraliste. Ce n’est pas le contenu du texte qui doit être critiqué, mais la logique sous-jacente pervertie par son idéologie fédéraliste qu’elle présente comme la meilleure leçon du « vivre ensemble ». Prenant la Belgique à témoin, elle écrit : « … on ne peut laisser à une majorité le soin de protéger ses minorités ». Elle ajoute : « C’est pour cela que les chartes existent. » Et vlan ! Selon elle, la boucle est bouclée.
    Ma réponse à Lysiane Gagnon se trouve dans ma chronique 284 du 12 avril 2007 (sans compter les 300 quelques autres à lire !). Au fait, il y est question justement de madame Marie Bernard-Meunier. Elle vient de récidiver encore. Dans la même veine, surveiller les « opinions » de Daniel Laprès dans La Presse, vous allez vous trouver dans le même registre.
    VOIR : http://www.vigile.net/Un-nouveau-chemin-a-parcourir
    UN NOUVEAU CHEMIN À PARCOURIR
    La construction de l’union des forces indépendantistes
    La propagande fédéraliste est intempestive. TOUS les journalistes de La Presse s’adonnent sous un aspect ou sous un autre à crier leur foi fédéraliste. Le CÉRIUM et madame Marie Bernard-Meunier ne sont que des propagandistes d’UNE SEULE idéologie. Je soutiens que cet organisme et ses auteurs sont des propagandistes.

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    19 novembre 2007

    L'idéologue Gagnon en s'en prenant au respect des différences ne fait que trahir la philosophie libérale dont elle est l'adepte théorique puisque le libéralisme s'est conceptualisé dans l'affirmation du caractère unique de chaque personne ou nation.
    À la lire plusieurs se rendront compte que ce qui l’habite c’est la vulgaire morale du succès en affaires. Celle qui consiste à partager les gagnants des perdants, de ceux qui ont du caractère par rapport à ceux qui en seraient dépourvus. À partir de cette morale méprisante elle ne fait que la rendre plus mesquine en l’enrobant par une dose de psychologie comportementale pathologique assaisonnée d’une pincée de nietzschéisme décomposé, manière de réduire l’ennemi souverainiste à un problème grave de maladie mentale tout en pratiquant sans scrupules le déni des faits historiques et contemporains.
    Ses contradictions tout comme sa charge polémique n’en font qu’une chroniqueuse d’esprit de clocher qui s’ignore. Parce que sa parole inconditionnelle fédéraliste c’est celle d’une mère supérieure de chapelle.
    La vraie psychologie passe par la reconnaissance du moi par l'autre afin d'enclencher le processus de réciprocité qui seul permet la justice sans cela aucune civilisation n'est possible.
    À quoi bon lire la Presse si ce n'est que pour y trouver le royaume de la tromperie et de la démagogie. Vous avez bien raison Carole Chouinard tout comme d'autres ici de réagir avec forces arguments contre cet ensemble d'inepties au service de vanités malodorantes.