Un rapport du DGEQ pointant Denis Coderre refait surface

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La combinazione, la combinazione, sempre la combinazione !

Un rapport d'enquête du Directeur général des élections datant de 1999 qui a refait surface mercredi, au cours d'un débat télévisé, a une résonance dans la présente campagne électorale municipale dont un thème central est l'intégrité. Denis Coderre, Jean-Claude Gobé et Luis Miranda y sont mentionnés pour avoir vraisemblablement bénéficié, à l'époque, de financement occulte provenant de la firme de génie Groupe Séguin.
L'auteur du rapport indique que l'information provient d'une source qui ne veut pas que son nom soit divulgué, mais à qui il accorde beaucoup de crédibilité. «Cette source a travaillé dans les cinq dernières années pour le parti Vision Montréal, le Parti libéral fédéral, pour un parti politique municipal à Anjou ainsi que pour le Parti libéral provincial. [Cette source] connaît tous les rouages de la politique, les jeux de coulisses ainsi que le magouillage», écrit l'enquêteur.
Cette source relate que le Groupe Séguin (la firme se nomme aujourd'hui Génius) collecte des fonds auprès de sous-traitants au profit de candidats aux élections. C'est l'un des associés, Gilles Thibodeau, qui ramasse «des enveloppes de 10 000$, 15 000$ et 20 000$» afin de «contribuer à l'élection des personnes suivantes: Jean-Sébastien Lamoureux - PLQ, Denis Coderre - PLC, Jean-Claude Gobé - PLQ, Luis Miranda - maire d'Anjou, ainsi que son équipe (8)».
Ce témoignage est issu du rapport du Directeur général des élections (DGEQ) qui a conduit à la mise en accusation d'Alberto Berardinucci. Ce travailleur d'élections avait dirigé un système de voteurs illégaux (payés 10$ par vote) qui a permis au libéral Jean-Sébastien Lamoureux de l'emporter par 143 voix sur son adversaire péquiste Pierre Bélanger, à l'élection générale de 1998. M. Berardinucci a été reconnu coupable, mais la provenance des fonds dont il s'est servi n'a pas été révélée en cour.
Source de financement
Le rapport d'enquête pointe toutefois en direction de Groupe Séguin (Génius). Trois personnes assurent au DGEQ que cette firme est la source financière de la manoeuvre frauduleuse. L'hiver dernier, la commission Charbonneau a recueilli le témoignage du PDG de Génius, Michel Lalonde, qui a reconnu que sa firme avait versé de grosses sommes d'argent aux partis politiques à même le gonflement du prix des contrats obtenus.
L'affaire a refait surface cette semaine alors que le candidat à la mairie Richard Bergeron a utilisé ce rapport pour attaquer son adversaire Marcel Côté. Le candidat de l'équipe Côté Domenico Moschella, qui brigue les suffrages dans Saint-Léonard, s'était retiré de la course électorale, en 2001, lorsque son ami Alberto Berardinucci avait été reconnu coupable. La fraude électorale d'Anjou avait été élaborée au Château princesse, propriété de M. Moschella.
Dénégations en choeur
Le temps a passé, mais MM. Coderre, Gobé et Miranda sont toujours actifs politiquement. Invités par La Presse à commenter, les trois politiciens ont nié avoir sollicité de l'argent auprès du Groupe Séguin ou avoir reçu des contributions de cette firme.
«Je ne sais pas de quoi tu parles», a lancé hier après-midi M. Coderre à La Presse, entre deux événements de campagne.
En début de soirée, le coprésident de la campagne de M. Coderre, Pierre Bélanger, a rappelé La Presse pour souligner que M. Coderre avait reçu des dons d'entreprises, ce qui était permis à l'époque sur la scène fédérale.
Selon M. Bélanger, tout a été fait «dans les limites de la légalité». Il a toutefois ajouté que la firme Génius était à l'époque «excessivement présente dans les officines de tous les partis politiques». «Elle arrosait vraiment pas mal», a-t-il laissé tomber.
Ironie du destin
En 1998, M. Bélanger était député péquiste dans Anjou. C'est contre lui que le stratagème d'achat de votes avait été orchestré. Il avait perdu ses élections, mais ne s'était pas représenté après la démission de Jean-Sébastien Lamoureux, député libéral. C'est l'ex-ministre Lise Thériault qui avait remporté les élections partielles.
Associé et intermédiaire
Selon le rapport du DGEQ, les fonds transitaient par l'un des associés du Groupe Séguin, Gilles Thibodeau. Joint cette semaine, M. Thibodeau a reconnu avoir fait du financement, mais «selon les règles de l'art». «Je suis parti de la firme parce que je n'étais pas d'accord avec tout ce qui pouvait se passer», a-t-il indiqué, précisant qu'il avait eu l'occasion de le dire aux enquêteurs de la commission Charbonneau et, plus d'une fois, aux policiers de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).
Si M. Thibodeau connaît bien M. Coderre, il a expliqué que ses relations avec lui se résumaient à prendre un verre ou manger ensemble. M. Thibodeau n'avait pas de commentaire à formuler sur Luis Miranda, mais il a donné l'assurance que «Gobé est un gars complètement clean».
De son côté, Luis Miranda a affirmé qu'en politique municipale, «on n'a pas besoin de ces gens-là». «À ce que je sache, Groupe Séguin ne nous a jamais aidés. [...] Le Groupe Séguin était contre nous, à un moment donné. Il ne m'appuyait pas», a commenté M. Miranda.
Quant à Jean-Claude Gobé, il s'est dit surpris d'apprendre que son nom apparaissait dans le rapport d'enquête du DGEQ. «Tout le monde connaît tout le monde dans l'est de Montréal. C'est un petit monde», a d'abord affirmé M. Gobé avant d'ajouter: «Je n'ai jamais demandé à M. Thibodeau de financer mon élection. Le seul financement que j'acceptais était officiel avec des chèques officiels.»


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