Un" Manifeste" pire que futile: malsain!

Tribune libre

Un « Manifeste » pire que futile : malsain
Un texte ( le « Manifeste pour un Québec pluraliste » du « Collectif » allégué de 150 personnes) tantôt sirupeux, tantôt visqeux, parsemé de tournures d`une complaisance toute pharisienne.,( « Heureusement, nous les signataires ne sommes pas comme ces gens là…,nous sommes modernes, ouverts, tolérants, acceptants, incluants, accomodants, tout prêts à nous adapter sur demande ou presque…etc… « ).
Ce qui fascine, c`est l`horreur manifeste à l`endroit de l`idée même de « discrimination », et la passion fanatique pour l` « ouverture », le tout géré par un esprit critique si mou et si aléatoire qu`on ne peut que conclure à une évocation purement pro forma. Une telle pusillanimité fait de l` « ouverture » tant vantée une très réelle béance,. Elle t révèle surtout, dans le refus dévot de seulement penser « discriminer » un désarroi total face à ce qu`il faut bien reconnaître comme une ahurissante incapacité à distinguer, faire la part des choses, définir les temes et les situations. C`est à dire bien sur, dans l`exercice responsable et aussi bien éclairé que possible de cette fonction suprême du cerveau humain :le jugement critique, à inclure et exclure, à accepter et rejeter, donc à s`exposer inévitablement, dans des « virages dangereux » à commettre les péchés suprêmes de la religion socio-constructiviste vouée à « libérer les jeunes du poids de leurs inquiets racines » ( Arthur Tremblay dixit ). Ah cette peur panique des «z`observateurs inquiets » pour tout ce qui pourrait s`avérer « dangereux » ! J`ai, quant à moi,toujours cru que face au danger la Prudence s`imposait ; mais la nouvelle « sagesse » nous prône désormais la fuite ou la démission automatiques. Pathétique !
Ils ne savent manifestement pas dire « Non! » …sauf àux leurs, c`est à dire à eux-mêmes , en somme : difficile de ne pas y voir le « syndrome de la personne battue » dans toute sa splendeur (clinique !)…
Politiquement correcte, veule et en douce « la trahison des clerc s », poussés dans les retranchements de la bien-pensance par les exigences de soumission dévote du carriérisme académique, est un fait historique hélas bien connu…Pour durer à ce niveau, discrétionnairememt subventionné , il ne faut pas faire de vagues politiques…
Ce qui n`est certes pas gentiment dire la chose, mais c`est qu`a force de ne rien nommer, on fait tourner en rond tout le monde , qui n`est pas obligé d`aimer ça ni de jouer le jeux…Et puis , à laisser aller sans mot dire un peu dur, nous agoniserons dans l`ennui d`une soi disant « paix sociale » faite du vide de tout réel débat. …
Et si par ailleurs la dissection qui suit pourra paraître à certains oiseuse et lourde, je dirai qu`un débat ne perd jamais à voir augmenté le pouvoir de résolution de ce qui en définit les termes.
J `ai bien aimé le texte de Marie-Michelle Poisson, « Un manifeste futile… » ( Vigile du 4 février 2010), tout comme j`avais fort apprécié celui de Louise Mailloux ( Vigile du 1ier février 2010). J e suis foncièrement d`accord avec tout ce qu`elles y disent. Et je suis aussi plutôt d`accord avec le commentaire de « GV » dans la mesure où il me parait pouvoir être interprété comme un complément au propos de L.M. plutôt que comme une riposte. C`est que le sujet ne peut se traiter sans quelques nuances, Et c`est là peu dire…
Dans cet esprit, j`ajouterai la mienne.
Le problème n`est pas qu` « on mélange religion et culture » mais bien plutôt que le concept même de religion prétend dicter la reconnaissance d`un lien de nécessité entre la foi en une transcendance et les manifestations publiques de celle-ci : c`est le concept même de « religion », radicalement piégé, qu`il faut casser ! Vaste programme , évidemment, mais incontournable sous peine de faire du sur place jusqu`a la fin des temps…
Abordé sous un autre angle, l`élément néfaste ne réside pas dans la croyance en une transcendance, mais dans le prosélytisme et le prophétisme dont celle-ci sera le cas échéant l`objet : déguisements soi disant divins d`un narcissisme s`auto proclamant « maître » face à des « disciples » à soumettre. Si je suis islamophobe avoué , ce n`est pas que je craigne (« phobein »= « craindre ») la « soumission »( Islam) à Allah mais bien la soumission à Mahomet et à ce qu`il fait dire à Allah! Les soi disant « Fous d`Allah » ne sont en fait que de minables « fous de Mahomet » : la cible, c`est l`imposteur à démasquer, le soi disant prophète, et nullement Allah,qu`il exploite en prétendant le servir. Et de même bien sur pour Jéhovah, Dieu, ou Boudha…
On a , d`une part, l`adhésion à la révélation, intime et à jamais singulièrement propre au système nerveux qui la reçoit, d`une transcendance : c` est là alors un phénomène ineffable ; et dans la mesure où son expression demeure l`objet de pratiques strictement privées, on ne voit pas quel problème il y a à en reconnaître le caractère inviolable tant de droit que, en somme, de fait ! La foi religieuse ( « religio » = ce qui relie l`Homme à la transcendance) se retrouve donc a priori à l`abri de toute menace extérieure. Sans que son confinement à la sphère privée ( qui inclut les personnes aptes et authentiquement consentantes ) ne lui ait fait perdre quelque portée fondamentale, quelque élément essentiel que ce soit !

Mais on a `autre part, toutefois, les manifestations publiques, et donc par nature sociales, de cette foi , c`est à dire celles que le croyant prétend non plus seulement proposer avec son accord à une autre personne, mais bien lui opposer , et a fortiori kui imposer : tout cela est de l`ordre de la culture car il s;`agit d`actes sociaux qui ont pour prétention de donneer ainsi à la liberté d` expression qui protège déjà la foi la force contraignante d`un « droit ».Et parce qu`il pèse par sa nature même sur autrui, ce droit permet en retour à ce dernier de choisir de consentir ou pas à ce qu`il soit exercé à son égard.
Ceci étant, la souveraineté d`un Peuple sur son territoire emporte la souveraineté de sa culture : droit fondamental s`il en est puisqu`il fonde littéralement sa société.. Ce qui permet de faire jouer ici la notion de « Prérogative ». , c`est à dire de priorité légitime d`un droit sur un autre à première vue d`égal poids, la notion de « légitimité » tirant ses racines ( et ce depuis le 15 ième siècle ») d`abord et avant tout dU Droit naturel et de celui de l`Équité, En l`occurrence ,tombant sous le sens, les prérogatives à invoquer seront celles de la majorité et de l`antériorités reconnues de tous temps et en tous lieux par la coutume et exercées universellement sans drame…Ça se traduirait normalement ici par l`exercice serein de l`autorité naturelle de l`Hôte sur l`invité…si Nous ne comptions parmi les nôtres autant d`esprits aliénés…
Mais il y a plus , car la défense et l`exploitation de sa propre richesse culturelle par un Peuple constitue non seulement une obligation de rsponsabilité envers lui même mais aussi un devoir à l`égard de la communauté humaine dont la diversité est un gage de croissance et peut-être même de survie : y renoncer en choisissant d`ignorer sa prérogative d`Hôte sous le prétexte marécageux de la soi disant « liberté de religion », dont le concept ne tient pas la route, est une indignité : une abdication et une forfaiture !
On objectera que les Chartes et les Constitutions « gèlent » les choses, que « C`est sacré, ça ! » ( = « Ta gueule, sinon… » !) : vrai. Mais l`Histoire démontre à l`envie que de tels textes positifs ne résistent guère plus que quelques décennies à la pression évolutive de la Politique : dans la mesure où elles font obstacle au sens commun de l`époque, il ne faut donc se faire aucun scrupule à réclamer avec force et sans cette honteuse « crainte révérencielle » qui semble paralyser tant d`esprits qui se prétendent libres, leur ajustement conséquent : la Cour Suprême existe par et pour elles et il est naïf d`attendre qu`elle trahisse ses maitresses !
Concrètement, ça donne ceci :
1 ) A chacun sa foi et sa transcendance s`il en saisit une : « Un éclair dans une nuit profonde… » disait Voltaire de la Métaphysique. Et puis débat intellectuel mis a part, passons à autre chose…car c`est perdre son temps que de prétendre contrôler l`expérience intime d`autrui
2 ) L e concept de « liberté de religion » entendu largement comme le droit de manifester publiquement son rapport à la transcendance ne tient pas la route : il doit être entendu restrictivement
3 ) Toute manifestation publiq1ue de cette intime expérience , culte inclus, projette cette dernière sur la scène sociale , donc dans le champs culturel qui n`a de rapport qu`accidentel et nullement essentiel avec quelque foi en quelque transcendance que ce soit.
4 ) Tout le champs ,culturel en tant qu`activité sociale , est soumis de facto à des lois ,qui à défaut d`être positives, sont incontournablement à tout le moins coutumières .
5 ) Tousl es droits culturels et sociaux des un s et des autres doivent légitimement être hiérarchisés par l`effet des « prérogatives « .
6 ) On ne perd rien, au contraire , à obliger sans relâche les tribunaux à se commettre et a compromettre les politiciens par des jugements « culs de sac » : c`est seulement ainsi que la Politique arrivera à jouer pleinement son rôle naturel de « Mêre du Droit » !
7 ) Une stricte et légitime Laïcité devrait faire sorte qu`aucune intime et singulière « révélation » de quelque origine et nature qu`elle soit, ne soit recevable devant la Loi , et que toute personne soit expressément reconnue légitimement fondée à refuser formellement de recevoir quelque prétention que ce soit de même nature.
Georges-Étienne Cartier à Beaurepaire, le 7 février 2010


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2010

    Il n'y a pas au Québec un consensus sur ce que nous sommes ni sur ce que nous voulons être. Des référendums l'ont prouvé et, s'il y en a un autre, il le confirmera. Je ne parle pas de divergences sur les moyens, mais sur les objectifs fondamentaux,
    Comment aurions-nous un consensus sur l'opportunité ou la manière de défendre une identité que la moitié d'entre nous mette en doute ? Nous ne voulons pas former un corps social.
    Pensez que gagner un référendum résoudrait le problème est une bêtise, peut-être un leurre. Le problème n'est par entre Québécois et "Canadiens"... mais entre deux factions de Québécois pour qui ce qui les sépare est plus important que ce qui les unit. La nation québécoise n'existe donc pas. La désunion est sacrée.
    Dans ce pays de factieux, tous les clivages prennent une importance démesurée. Tous les conflits sont irrémédiables, car il n'y a pas de socle commun qu'on pourrait atteindre en creusant. Pas de drapeau ni de Marseillaise qui nous fera tous bondir debout. Tous les symboles sont instrumentés. Sans valeur.
    J'ai fait mon deuil du Québec. Il ne sera ni laïque, ni missionnaire, ni pluraliste, ni vraiment français. Il ne sera rien. Juste un espace tiède, entre chaud et froid, selon les vents dominants qui n'auront pas la force de gonfler nos voiles. Et s'il voulait briser ses amarres, il se trouvera toujours 820 lucides pour le retenir.
    Notre révolution tranquille, qui a cru faire l'économie de trancher quelques têtes, nous a en fait laissé un pays décapité où il ne semble plus rester un seul chef qui pense. Nous sommes devenus un pays de sans projets, taillé sur mesure pour des gouvernants de sans desseins.
    http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/14/referendum-autrement/
    Pierre JC Allard

  • Raymond Poulin Répondre

    7 février 2010

    Et voilà! Rien à ajouter, rien à retrancher. Je contresigne.