Un parti éteint

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Il faut que les électeurs allument

Quand il est revenu en politique, Philippe Couillard avait de grandes ambitions pour le PLQ. Très critique de la période Charest, il entendait redonner au parti sa vigueur intellectuelle d’antan et en remettre le contrôle aux militants. Dans un document d’orientation qu’il avait fait distribuer à l’exécutif du parti au printemps 2013, il écrivait : « Le Parti libéral appartient à ses membres. Le personnel politique et le personnel du parti ne sont pas là pour diriger les membres et les instances du parti. Ils sont là pour les servir ».

Dans une allusion très claire à ce que le PLQ était devenu au cours de la décennie précédente, il ajoutait : « Les partis politiques ne doivent pas être que des machines organisationnelles et financières servant à faire élire des candidats et des gouvernements. » M. Couillard était bien placé pour savoir ce qu’il en était. Comme tous ses collègues du Conseil des ministres, il avait dû trouver au moins 100 000 $ par année pour alimenter la caisse libérale, et l’insignifiance grandissante des débats au sein du parti pouvait difficilement lui échapper.

De toute évidence, les bonnes résolutions du futur chef se sont envolées aussi rapidement que les promesses électorales du PLQ. Le rapport que le président de la commission politique, Jérôme Turcotte, a présenté cet été à la direction du parti, et dont La Presse a obtenu copie, donne la mesure de sa déconvenue : un effectif en chute libre, des députés déconnectés de la base, un contrôle excessif imposé par le bureau du premier ministre…

« À l’heure actuelle, plusieurs militants, dont moi-même, ont le sentiment que le PLQ est de plus en plus en train de devenir une marque de commerce servant à faire élire une aile parlementaire qui a délaissé le militantisme et est de moins en moins un réel parti ancré dans une participation citoyenne active », déplorait-il. M. Couillard aurait sans doute signé lui-même ce rapport il y a trois ans.

Tous les partis qui exercent le pouvoir durant une longue période courent le risque d’une déconnexion et le PLQ l’a exercé de façon presque ininterrompue depuis 2003. Plutôt que d’avoir l’effet d’un signal d’alarme, l’intermède péquiste a été si court qu’il a conforté les libéraux dans le sentiment qu’ils forment le « parti naturel de gouvernement » au Québec.

Le fossé entre les militants et la direction du parti s’est creusé dès l’arrivée de Jean Charest, mais il a sauté aux yeux en 2005 lors du débat sur la privatisation du mont Orford. Un des plus principaux opposants, Jean-Guy Dépôt, présidait le comité du suivi des engagements électoraux et il avait vivement interpellé le gouvernement Charest, lui rappelant que le conseil général du PLQ avait réclamé deux ans plus tôt que la Loi sur les parcs soit modifiée pour interdire formellement toute opération de ce genre.

Au bout du compte, le mont Orford n’a pas été privatisé, mais M. Dépôt a été écarté de la présidence du comité de suivi des engagements électoraux, et cette instance, dont Robert Bourassa avait approuvé la création en 1985, a été dissoute avec la bénédiction de Jean Charest, qui disait vouloir laisser au PQ le monopole de la « chicane ».

Au fil des ans, le comité avait permis aux militants libéraux de prendre le contrepied des positions de leur gouvernement sur des sujets de première importance : le dégel des frais de scolarité, l’entente de Charlottetown, le projet de centrale du Suroît, les promesses de baisse d’impôt non tenues. Ses interventions étaient sans doute agaçantes, mais elles assuraient une certaine vitalité au parti.
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