Pour retrouver un sens et une pertinence sur l'échiquier politique, le Parti libéral du Canada devra se rebrancher sur la nouvelle réalité de la société québécoise. Ce n'est pas que le message ne passe plus. C'est peut-être que le message n'a plus de résonance. Et c'est sûrement parce que nous sommes en manque d'un messager inspirant qui comprend et sait rejoindre le coeur et l'âme de ce que nous sommes.
Une grande proportion des Québécois francophones ressent un malaise certain face au Canada qu'on leur propose. Qu'on le veuille ou non, c'est l'enjeu fondamental auquel les partis fédéralistes font face au Québec. Pour avoir vécu de l'intérieur nos divisions Québec-Ottawa, je comprends les réticences de mes collègues politiciens à retoucher la constitution. Mais je comprends aussi parfaitement mes compatriotes francophones de vouloir la reconnaissance définitive de la spécificité québécoise dans la loi fondamentale de notre pays. Un jour, nous devrons y arriver. Le destin de notre peuple nous y appelle et nous ne devrons pas décevoir.
Notre parti a été de tous les combats historiques pour préserver l'unité de ce pays. Beaucoup d'entre nous avons été blessés et même traumatisés de ces périodes houleuses que nous craignons de voir renaître. Mais je serais très inquiète que la situation actuelle reste figée par l'appréhension de nouveaux débats constitutionnels.
Des années difficiles
Le Parti libéral du Canada vient de vivre les années les moins glorieuses de son histoire. Les Canadiens, les Québécois nous ont jugés. Ce qui s'est passé n'est pas à l'image de ce que nous avons été, de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons être pour l'avenir de ce pays. L'honnêteté et l'intégrité furent toujours au coeur de notre action politique. Nous devons retrouver la grandeur et la fierté de notre héritage.
Notre parti fut à l'origine des plus grandes évolutions sociales et culturelles qui façonnèrent le Canada. Les valeurs qu'il incarne sont fondamentalement canadiennes et québécoises: liberté et équité, justice sociale et égalité des chances, progrès et compassion. Dans une époque trouble où ces valeurs qui nous unissent en tant que société sont ébranlées, il est important que nous retrouvions un leadership nouveau qui les protégera et leur donnera un sens actualisé.
Ce leadership doit être à l'image du changement. Le monde évolue. Notre société et la façon de la voir doivent aussi évoluer. Le passé de notre parti est sûrement garant de notre mérite. Mais la détermination que nous aurons à faire face aux défis modernes sera garante de notre force et de notre pertinence.
Par le passé, nous avons vécu nos conflits en invoquant la nécessité du pragmatisme et cela nous a bien servi. Mais, aujourd'hui, il nous faut un supplément d'âme et un porteur de rêves pour que notre pays nous rallie dans le goût d'y vivre et l'espoir de nous développer avec les mêmes chances pour tous. C'est un grand projet bien au-delà des frontières du Parti libéral du Canada.
Michael Ignatieff est un homme nouveau au regard de nos adversités constitutionnelles. Il n'est pas en mode défensif, il est donc ouvert au changement. Il possède une expérience atypique qui est prometteuse en cette ère de mondialisation et d'ouverture sur le monde. Son regard neuf nous sera salutaire en renouvelant la pensée et l'action nécessaire à la naissance d'un pays authentiquement unifié.
Michael Ignatieff possède des talents indispensables en politique moderne: la capacité d'inspirer et celle de communiquer et convaincre; une stature et un charisme nourri par une pensée profonde et libre. Pour avoir côtoyé bien des politiciens, ces qualités ne s'acquièrent pas. Ce sont des dons du destin. On les a ou on ne les a pas.
Il y a ceux qui regardent le passé et qui se disent qu'on ne peut rien changer. Et il y a ceux qui, au contraire, veulent s'en inspirer et le dépasser. Il y a ceux qui croient que nous pouvons être guidés par les possibilités et non par l'échec, par ce qui pourrait être, plutôt qu'uniquement par ce qui est. Ceux qui croient que l'optimisme peut vaincre le défaitisme et la résignation. Michael Ignatieff est de ceux-là.
L'auteure a été ministre de la Culture et de la Francophonie au gouvernement du Québec. Elle a également été ministre du Développement social et ministre du Patrimoine canadien au gouvernement du Canada. Elle est présentement professeure associée à l'Université de Sherbrooke et membre de plusieurs conseils d'administration.
Un messager inspirant
Les libéraux doivent choisir Michael Ignatieff parce que le Canada a besoin d'un "porteur de rêves" comme lui
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