Si le niveau d'eau est à la baisse dans certaines régions inondées, le ton est reparti à la hausse dès mercredi à l'Assemblée nationale. C'est normal en politique. Mais ce qui est nouveau, c'est la lutte que vient d'engager le gouvernement Couillard contre Québecor. «Notre enjeu, c'est de faire la démonstration que notre ancien adversaire politique [PKP] utilise sa compagnie pour définir le gouvernement» confie un libéral, sous le sceau de l'anonymat.
C'est le nouveau bureau d'enquête de Québecor à l'Assemblée nationale qui est visé. Les libéraux disent respecter les journalistes de l'entreprise qui couvrent l'actualité sur la colline parlementaire. Mais leur contre-offensive s'est amplifiée depuis la colère de Pierre Moreau et les reproches de Philippe Couillard contre le travail de ce bureau, qu'il a associé à «une tentative assez grossière de conjuguer le passé au présent» pour attaquer son gouvernement parce qu'il «est en train de réussir».
Le cabinet de Philippe Couillard ne ménage désormais aucun effort pour prévenir les coups. Cette semaine, son responsable des relations avec les médias, Charles Robert, a envoyé un courriel à plusieurs journalistes, citant les propos de la péquiste Agnès Maltais devant des militants : «Il y a un certain bureau d'enquête du Journal de Québec qui nous aide beaucoup à rappeler ça quotidiennement aux gens...» a dit la députée, en rappelant que les libéraux sont au pouvoir depuis 15 ans, et «que jamais le grand ménage des écuries n'a été fait».
Au centre de la stratégie libérale, on a vu depuis deux semaines la publication de communiqués de presse précédant de quelques heures la publication des reportages de Québecor. Mardi, prétextant la transparence, le PLQ a devancé un de ces reportages en publiant un communiqué sur le retrait de 65 documents du matériel perquisitionné par l'UPAC dans une enquête sur la corruption. On avait fait de même le 26 avril, en publiant un communiqué expliquant les anciens liens professionnels de Jean-Louis Dufresne, le directeur de cabinet de Philippe Couillard, avec Marc Bibeau. Jeudi, le ministère de la Santé avait un communiqué de presse en main dès six heures du matin, pour répondre à un article accusant Gaétan Barrette d'avoir privilégié sa circonscription dans un projet-pilote de financement de chirurgies au privé. Dans tous les cas, les libéraux communiquent ainsi aux autres médias l'histoire attendue du bureau d'enquête, pour éviter de subir le seul traitement médiatique des «enquêteurs» de Québecor qu'ils disent biaisés.
Cette guerre ouverte s'accompagne d'une surveillance accrue des sujets à venir de la part du bureau d'enquête. On me dit qu'un «monitoring» est en place. Même les demandes d'accès à l'information des journalistes pourraient être placées sous surveillance.
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