(Québec) CHRONIQUE / C'est du jamais vu, ou presque : l'étude des crédits de la Sécurité publique a été diffusée en direct pendant de longues heures sur LCN et RDI! On se serait cru aux meilleurs moments des commissions Charbonneau et Gomery.
C'est la présence du patron de l'UPAC, Robert Lafrenière, qui a suscité un tel intérêt. Mais ceux qui espéraient voir confirmées les allégations de complicité de la police avec le monde politique n'ont pas été servis. C'est plutôt l'inverse qui s'est produit.
Robert Lafrenière est allé très loin sur l'enquête Mâchurer concernant Marc Bibeau et Jean Charest. Il a expliqué la lenteur de cette enquête à cause des démarches juridiques de la défense qui est allée jusqu'en Cour suprême pour bloquer le travail des policiers. Il s'est dit persuadé de mener cette enquête jusqu'au bout. Visiblement, il voulait en découdre avec ceux qui l'accusent de se traîner les pieds dans les cas impliquant les politiciens. Le patron de l'UPAC et le directeur de la Sûreté du Québec Martin Prud'homme ont également déboulonné le président du syndicat des policiers de Montréal, Yves Francoeur, qui soutient que des enquêtes ont été bloquées parce qu'elles visaient des politiciens.
Ce qui m'a le plus surpris, c'est d'apprendre que les avocats de Marc Bibeau soient allés jusqu'en Cour suprême pour tenter de se soustraire aux demandes de documents de l'UPAC. Ça donne l'impression qu'on a des choses vraiment importantes à cacher. Les libéraux sont peut-être sortis gagnants à court terme du témoignage de M. Lafrenière, mais ça n'augure pas bien pour eux à long terme.
La controverse des derniers jours entourant l'UPAC et le DPCP a relancé le débat sur la nomination de leurs dirigeants. Le PQ et la CAQ demandent que le Directeur des poursuites criminelles et pénales soit dorénavant nommé avec l'appui des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale. Ils ont peut-être raison, mais évitons d'agir prématurément. Les situations de crise ne sont pas les meilleurs moments pour discuter avec sérénité de la réforme de nos institutions. Bernard Landry a créé le poste de Commissaire au lobbyisme en 2002 dans la foulée du scandale touchant les relations du ministre Gilles Baril avec la firme de lobbyisme Oxygène 9. Jean Charest a créé celui du Commissaire à l'éthique en décembre 2010 après la démission de deux ministres pour apparence de conflit d'intérêts. C'est le scandale entourant le financement illégal du PLQ qui a mené à la création de l'UPAC en 2011. Le DPCP a été mis sur pied en 2007, dans le contexte du scandale de la prostitution juvénile à Québec. On voulait «sortir la politique» des procès criminels. Mais 10 ans plus tard, l'opposition laisse encore planer des doutes sur son indépendance.
> Lire la suite de l'article sur La Presse
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé