Un faux dilemme

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Lisée piégé à son propre jeu






À entendre Jean-François Lisée, le PQ pourrait très bien reprendre la circonscription de Gouin s’il décidait de présenter un candidat à l’élection partielle que le premier ministre Couillard devra nécessairement déclencher au cours des six prochains mois.


 

Toute élection peut réserver des surprises, et Gouin a longtemps été un château fort péquiste, mais l’affirmation de M. Lisée paraît un brin présomptueuse compte tenu des résultats obtenus par Québec solidaire lors des deux dernières élections générales : 46 % en 2012, 50 % en 2014, par rapport à 32 % et 20 % pour le PQ.


 

Bien entendu, la popularité personnelle de Françoise David y était pour quelque chose, mais les orientations de l’électorat de Gouin en font une circonscription presque idéale pour QS. Malgré la vague libérale, le néodémocrate Alexandre Boulerice a obtenu 49 % des voix dans Rosement–La Petite-Patrie à l’élection fédérale d’octobre 2015. Au niveau municipal, Projet Montréal est solidement implanté dans l’arrondissement du même nom. C’est du tout cuit pour Gabriel Nadeau-Dubois.


 

On peut facilement comprendre que Paul St-Pierre Plamondon, qui a été la révélation de la dernière course à la chefferie du PQ, ait hâte de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Il serait sans doute un excellent député, mais il serait dommage qu’une recrue aussi prometteuse commence sa carrière politique par une défaite. Après tout, il ne reste qu’un an et demi avant la prochaine élection générale.


 

M. Lisée a parlé d’un « beau dilemme », que ni le caucus ni l’exécutif du parti n’auraient réussi à trancher, mais il s’agit plutôt d’un faux dilemme. Il est vrai que le PLQ n’aurait aucune chance de se faufiler, même si le PQ présentait un candidat, mais la balance des inconvénients penche très nettement du côté de l’abstention.



 

Le chef péquiste est bien placé pour apprécier la délicatesse des négociations sur une éventuelle alliance des partis souverainistes. Pauline Marois en avait jadis fait son émissaire auprès de QS, mais les discussions n’avaient jamais abouti. De part et d’autre, la méfiance demeure grande et certains ne demanderaient pas mieux que de les faire dérailler à nouveau.


 

Le président de QS, Andrés Fontecilla, qui a invité le PQ à présenter un candidat, n’a jamais été un ardent partisan de la « convergence ». Même dans une lutte qu’on voudrait amicale, la politique a ses exigences. Une campagne électorale est moins l’occasion de faire valoir les ressemblances entre les divers partis que celle de souligner leurs divergences, même si la « proposition principale » qui est appelée à devenir le nouveau programme du PQ a repris de nombreuses propositions chères aux solidaires.


 

Plusieurs comprennent mal que les partis n’arrivent pas à mettre leurs divergences de côté, malgré le risque évident que la division du vote souverainiste permette la réélection des libéraux. Individuellement, les électeurs du PQ et de QS seraient nettement plus enclins à reporter leur vote sur un candidat issu de l’autre parti.


 

Paul St-Pierre Plamondon avait lui-même posé le problème sur son blogue durant la course à la chefferie. « Si la convergence est souhaitable pour bâtir un pays, elle n’est peut-être pas réalisable dans l’objectif de gagner les élections de 2018. Les partis politiques sont des organisations qui ont leurs intérêts propres et qui travaillent naturellement en fonction de leur propre survie. Il est par conséquent beaucoup plus difficile de faire converger des organisations que de faire converger des individus. »


 

 

Laisser le champ libre à QS ne garantirait pas pour autant le succès des négociations à venir, mais cela mettrait certainement les militants solidaires dans de meilleures dispositions quand ils se pencheront sur la question au congrès de mai prochain.


 
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