Un enfant, une place?

Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne



La promesse du Parti québécois de réduire à zéro la liste d'attente pour une place en garderie est fort séduisante. Le slogan, «Un enfant une place», l'est tout autant. Cela dit, on se serait attendu à davantage de la part d'un parti, et d'une femme, qui ont créé les services de garde québécois tel qu'on les connaît aujourd'hui. D'autant plus qu'ils ont eu plusieurs années (passées dans l'opposition) pour réfléchir à la question.
Au-delà des implications financières de cette promesse, l'engagement du PQ comporte plusieurs lacunes.
Premièrement, il ne fait aucunement mention des enfants défavorisés. De nombreuses études montrent que certains travers du système, entres (sic) autres son manque de flexibilité, font en sorte que les enfants des milieux pauvres (pour qui les CPE avaient été créés au départ) ne fréquentent pas la garderie autant qu'ils le devraient. Or, la fréquentation d'un CPE peut avoir une grande influence sur la maturité émotive et intellectuelle de ces enfants qui ne sont pas tous équipés pour faire leur entrée à l'école. Leur accès devrait être une priorité.
Ensuite, il n'aborde pas la question de la qualité. Or, il a été démontré plus d'une fois que la qualité des services de garde québécois offerts est acceptable, sans plus. Les standards actuels sont inégaux d'une garderie à l'autre. Il faut régler la question des espaces restreints, le ratio éducatrice-enfant, la qualité de la nourriture offerte, etc. Le bon développement des enfants en dépend.
Ensuite, Mme Marois, tout comme le chef du PLQ Jean Charest d'ailleurs, s'entête à ne pas vouloir toucher au tarif de 7$ par jour. C'est une erreur. Le financement des garderies doit être revu. Dans son dernier livre Pour une gauche efficace, Jean-François Lisée propose, avec raison, de revoir ce financement. Il privilégie un tarif proportionnel aux revenus familiaux, avec un réajustement des impôts. Excellente idée. Actuellement, un parent de Westmount paie le même prix que celui de Pointe Saint-Charles. C'est aberrant.
Une autre lacune de la promesse du PQ (et du PLQ par le fait même), c'est l'absence de flexibilité dans l'aide qu'on veut consentir aux parents de jeunes enfants. Que fait-on de ceux et celles qui ne choisissent pas la garderie? Doit-on les pénaliser parce qu'ils décident de rester à la maison? Si les parents qui font garder leur enfant dans un CPE ont droit à une subvention quotidienne de 35$ (les coûts d'un service de garde sont évalués à environ 42$ par jour), pourquoi n'offre-t-on rien aux autres?
Enfin, sur un plan pratico-pratique, la promesse «Un enfant une place» dès la première année d'un éventuel mandat du PQ est tout bonnement irréalisable. Il faut construire de nouvelles garderies, former le personnel, tout cela prend du temps. En se prévalant du délai prescrit par la loi qui permet aux CPE de retarder de deux ans l'embauche de personnel qualifié, il faudra de deux à trois ans avant de pouvoir offrir ces quelque 38 000 nouvelles places.
Bref, la promesse du PQ de créer des dizaines de milliers de places en garderie a tout pour plaire. Pour être prise au sérieux, toutefois, elle doit être revue et corrigée. Pour l'instant, elle a plutôt l'air improvisée.
nathalie.collard@lapresse.ca


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