Ni putes ni soumises

Commission B-T : suites données au Rapport


Le Conseil du statut de la femme a raison lorsqu'il affirme que l'hypersexualisation est omniprésente dans notre société. En 2008, une paire de seins sert à vendre bien d'autres choses qu'un soutien-gorge, il suffit de feuilleter quelques magazines pour le constater. Les films, les chansons et les clips à la mode sont pour la plupart truffés de références sexuelles hyper explicites. Les émissions de télévision n'y échappent pas. Aux hommes, on propose habituellement le modèle du mâle dominateur, aux femmes, celui de la poupée gonflable. C'est devenu la norme, la mesure étalon à laquelle les jeunes se comparent. C'est ça qui est désolant.

Le Conseil du statut de la femme craint l'impact de cette hypersexualisation sur les relations entre garçons et filles. L'enjeu est important. L'égalité hommes-femmes est pratiquement atteinte, du moins dans les faits. Allons-nous maintenant assister à un recul ou à un retour du balancier?
Pour répondre à cette question, il faudrait savoir si les effets de l'hypersexualisation sont temporaires ou permanents. Pour l'instant, on l'ignore. Les filles qui ont grandi en écoutant les Spice Girls (qui ont fait rager bien des parents à l'époque) sont aujourd'hui majoritaires dans les universités et très présentes sur le marché du travail. Elles réussissent aussi bien en médecine qu'en droit. Est-ce que la génération qui a grandi à l'ombre de Britney Spears et de Paris Hilton sera tout aussi instruite et autonome? C'est à voir. Plusieurs études n'hésitent pas à établir un lien entre l'hypersexualisation et la sexualité précoce des jeunes, la violence dans les rapports sexuels et les problèmes d'estime personnelle. On observe aussi qu'une proportion importante de jeunes filles ont des relations sexuelles pour plaire aux garçons, et non parce qu'elles le désirent. Ces problèmes sont-ils propres à l'adolescence ou vont-ils se poursuivre à l'âge adulte? Il faudra attendre encore quelques années pour le savoir.
En attendant, l'État peut agir. Mais pas n'importe comment. Le Conseil du statut de la femme fait carrément fausse route lorsqu'il parle de «sexualité égalitaire» et suggère que l'État s'assure que l'égalité des hommes et des femmes se vive AUSSI dans les rapports sexuels. Attention, stop, danger! Voilà un terrain glissant où on aurait tort de s'aventurer. Ce que les hommes et les femmes font dans leur chambre à coucher ne regarde qu'eux. Il serait également illusoire d'envisager réglementer l'industrie de la publicité et des médias. Si l'État peut agir, c'est avant tout dans sa fonction d'éducateur. En rétablissant par exemple, comme le recommande le CSF, les cours d'éducation sexuelle dans les écoles. Ces cours, s'ils sont donnés par un personnel compétent, peuvent devenir un espace privilégié de discussion pour les jeunes qui n'ont pas toujours envie de parler sexe avec papa-maman. On peut également informer les jeunes à l'aide de campagnes de sensibilisation. Il faudra toutefois trouver une façon de parler aux adolescents qui soit aussi séduisante qu'un clip du rappeur 50 Cent. Par-dessus tout, l'État peut - et doit - contribuer à former des esprits critiques. La culture générale, le discernement et le jugement personnel demeurent encore les meilleures armes pour résister au rouleau compresseur de la publicité et des médias.


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