Électrice du PQ depuis l'époque où René Lévesque dirigeait le parti, Raymonde Beauregard, résidante de la circonscription de Taillon, affirme sans ambages que c'est à côté du nom de la candidate péquiste Marie Malavoy qu'elle fera une croix lundi dans l'isoloir. «J'ai hâte que le Québec devienne un pays», a déclaré cette semaine Mme Beauregard, rencontrée boulevard Roland-Therrien, à Longueuil.
À l'instar de Mme Beauregard, à chaque élection depuis 1976, une majorité d'électeurs de Taillon accordent leur confiance au Parti québécois. En 2003, Pauline Marois avait remporté l'élection avec 45,85 % des voix, dans cette circonscription que René Lévesque a représentée de 1976 à 1985. Le OUI a obtenu 50,99 % des suffrages exprimés au référendum de 1980, et 60,91 %, à celui de 1995.
Taillon, qui comprend une partie de la ville de Longueuil, sur la rive sud de Montréal, est une circonscription majoritairement francophone. Les données du recensement de 2001 révèlent que neuf résidants de Taillon sur dix (90,5 %) avaient le français pour langue maternelle. De plus, 96,7 % des résidants de cette circonscription parlaient français à la maison en 2001.
Québec solidaire
Gisèle Mongrain habite dans Taillon depuis une vingtaine d'années. Comme 5,6 % des électeurs de la circonscription, elle a voté par anticipation au début de la semaine. Ancienne électrice péquiste, elle a cette fois choisi d'appuyer le parti Québec solidaire et sa candidate dans Taillon, Manon Blanchard. «Je voulais un peu de changement. Québec solidaire pense plus à la classe moyenne, aux pauvres et à l'environnement que les autres partis», a-t-elle dit.
Ce sera la première fois que Québec solidaire participera à une élection à l'extérieur de Montréal. Lors de la présente campagne électorale, une porte-parole nationale du parti, Françoise David, a souligné que Québec solidaire n'était pas le parti d'une seule ville, en l'occurrence Montréal. Les résultats de lundi révéleront quelle proportion d'électeurs de Taillon et de Pointe-aux-Trembles appuient cette nouvelle formation politique. À l'élection partielle du 10 avril, dans la circonscription montréalaise de Sainte-Marie -Saint-Jacques, la candidate de Québec solidaire avait obtenu 22 % des suffrages. L'un des ancêtres de Québec solidaire, l'Union des forces progressistes (UFP), avait toutefois récolté 1,42 % des voix dans Taillon en 2003.
Action démocratique du Québec
Denise Cyr, copropriétaire d'un bar laitier à Longueuil, envisage de soutenir Québec solidaire lundi, après avoir voté pour l'Action démocratique du Québec en 2003. Elle vote davantage en fonction des personnes que des programmes des partis, raconte-t-elle, et Mme David lui fait bonne impression. Stéphane Dion, un jeune père de famille rencontré alors qu'il faisait du vélo avec ses deux jeunes enfants, a lui aussi déjà voté pour l'Action démocratique. Il accordera cette fois son appui au PQ, parce qu'il veut voter contre «le mauvais gouvernement libéral».
La formation politique de Mario Dumont arrivera-t-elle à maintenir lundi ses appuis de 2003 (16,55 %)? La candidate adéquiste à la plus récente élection partielle, dans Sainte-Marie -Saint-Jacques, n'avait obtenu que 1,94 % des voix, au cinquième rang, derrière le candidat du Parti vert. La candidate adéquiste dans Taillon, Karine Simard, a fait valoir durant la présente campagne électorale que les électeurs de la circonscription dans laquelle elle se présente étaient sans doute plus susceptibles d'appuyer l'ADQ que ceux de Sainte-Marie - Saint-Jacques, une circonscription montréalaise qui comprend une partie du Plateau Mont-Royal.
Parti libéral
La candidate du Parti libéral du Québec dans Taillon, Véronique Mercier, soutient pour sa part que, faisant partie de la formation politique actuellement au pouvoir et connaissant le premier ministre et les ministres, elle pourrait mieux que ses adversaires faire valoir et défendre les intérêts de Longueuil. L'impopularité du gouvernement Charest auprès d'une partie de l'électorat pourrait-elle lui nuire? Mme Mercier a fait valoir, lors de la campagne électorale, que le bilan du gouvernement l'aidait au contraire. À l'élection de 2003, la candidate libérale dans Taillon avait obtenu 34,17 % des suffrages, contre 45,85 % pour la péquiste Pauline Marois.
Mme Oparto, une électrice de Taillon qui habite dans la circonscription depuis trois ans, a mentionné cette semaine qu'elle voterait «peut-être pour la dame sur l'affiche là-bas [Véronique Mercier du PLQ]». En 2001, les immigrants comptaient pour 7,8 % des résidants de Taillon (contre 9,9 % dans l'ensemble du Québec).
Si certains électeurs de Taillon rencontrés cette semaine s'intéressent à la politique et étaient résolus à aller voter, ce n'est pas le cas de tous. Jean-François Nault, un jeune homme habitant dans Taillon depuis trois ans, dit qu'il ne vote jamais et que lundi ne fera pas exception. «Ce n'est pas intéressant, et je ne connais pas vraiment la politique», a-t-il dit. Le taux de participation avait été de 71,02 % dans Taillon aux élections générales de 2003 (contre 70,42 % dans l'ensemble du Québec), mais il est généralement plus faible lors d'élections partielles. Le 10 avril dernier, il n'avait été que de 31,47 % dans Sainte-Marie-Saint-Jacques. Pour l'ancienne vice-présidente du PQ et candidate de ce parti dans Taillon, Marie Malavoy, «le grand défi sera de faire sortir le vote».
Désabusé de la politique, Robert Cholette, un résidant de Taillon depuis une quinzaine d'années, ne se rappelait même plus que l'élection partielle aurait lieu lundi. «Il y a de l'itinérance chez les jeunes. Les gens n'arrivent pas à s'en sortir. [...] Quand le gouvernement n'a pas assez d'argent, il fait des compressions. Quand nous, nous n'avons pas assez d'argent, qu'est-ce qu'on peut faire?», a-t-il dit cette semaine. Quelque 21,7 % de la population de Taillon vivait sous le seuil de faible revenu en 2001, contre 19,1 % dans l'ensemble du Québec. La même année, le revenu moyen dans cette circonscription était de 29 990 $, en comparaison de 27 125 $ au Québec. Le taux de chômage était de 6,8 % dans Taillon en 2001, alors qu'il était de 8,2 % dans l'ensemble du Québec.
Dans Pointe-aux-Trembles, le chef du PQ, André Boisclair, n'aura pas à affronter de candidat libéral ni adéquiste. Québec solidaire présente toutefois une candidate, Dominique Ritchot, alors que Xavier Daxhelet briguera les suffrages pour le Parti vert.
Quel sort les électeurs de Pointe-aux-Trembles réserveront-ils à Québec solidaire et ceux de Taillon, au PQ, au PLQ et aux tiers partis? Les résultats du scrutin le révéleront lundi soir...
Élections partielles lundi dans Taillon et dans Pointe-aux-Trembles
Un défi traditionnel: faire sortir le vote
Quel sort réserveront les électeurs au PQ, au PLQ et aux tiers partis?
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