Immigration, ethnicité et citoyenneté - Nécessaire diversité culturelle

« Impliqué jusqu'au cou dans le projet de Coalition internationale des villes contre le racisme »

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue


En 2004, l'Unesco propose de créer une coalition internationale des villes contre le racisme. Des chercheurs du CRIEC ont mis leur expertise à contribution en participant à l'élaboration du plan d'action et en produisant des documents pour la Coalition. C'est l'une des activités de ce centre de recherche, qui est situé à l'UQAM et qui regroupe également des chercheurs des universités Concordia, d'Ottawa et de Montréal.
Inégalités sociales, racisme et discrimination; citoyenneté, diversité, droits et démocratie dans les espaces métropolitains et nationaux; immigration internationale, cosmopolitisme, transnationalisme et diaspora; intégration et seconde génération: tels sont les principaux axes de recherche du Centre de recherche sur l'immigration, l'ethnicité et la citoyenneté (CRIEC).
Situé à l'UQAM, le CRIEC regroupe quelque 20 chercheurs réguliers et également une vingtaine de chercheurs associés. Si plusieurs d'entre eux travaillent à l'UQAM, d'autres sont des professeurs de l'Université d'Ottawa, de l'université Concordia et de l'Université de Montréal. Quelques-uns des chercheurs associés proviennent d'autres universités ou institutions d'enseignement, parfois à l'extérieur du Québec.
Le CRIEC, qui existe depuis une quinzaine d'années, est multidisciplinaire. La sociologie, la science politique, les études urbaines et touristiques, la géographie, le travail social, les sciences religieuses, la philosophie, l'histoire, l'éducation et la pédagogie sont au nombre des disciplines représentées.
Une coalition internationale
Les activités et les projets de recherche sont multiples. «Le CRIEC est impliqué jusqu'au cou dans le projet de Coalition internationale des villes contre le racisme» de l'Unesco, par l'entremise de son observatoire international sur le racisme et les discriminations, mentionne par exemple Micheline Labelle, directrice du CRIEC et professeure au département de sociologie de l'UQAM.
L'objectif de la Coalition? «Établir un réseau des villes intéressées par l'échange d'expériences afin d'améliorer leurs politiques de lutte contre le racisme, la discrimination et la xénophobie.» Montréal est l'une des villes qui a adhéré à cette initiative.
Le CRIEC, membre de l'assemblée générale de la Commission canadienne de l'Unesco, a participé à l'élaboration du plan d'action de la Coalition. Renforcer la vigilance contre le racisme et la discrimination, évaluer ces phénomènes ainsi que l'impact des politiques et des programmes municipaux, et soutenir les victimes du racisme et de la discrimination font partie des objectifs du plan d'action.
Des chercheurs du CRIEC et de son observatoire, Jean-Claude Icart, Micheline Labelle et Rachad Antonius, ont également présenté un rapport à l'Unesco sur les «indicateurs pour l'évaluation des politiques municipales visant à contrer le racisme et la discrimination». Après avoir étudié les cas des villes de Toronto, Montréal, Vancouver, Saskatoon, Stockholm et Boston, ils ont proposé des indicateurs de mise en oeuvre de mesures et de résultats. Ils suggèrent d'étudier la ville en tant qu'organisation, communauté et garante de l'ordre public.
Les programmes d'équité en emploi, la formation du personnel à la diversité et à l'antiracisme, la participation des membres de «groupes racisés» aux instances décisionnelles et exécutives, le financement d'initiatives communautaires, la promotion d'événements publics tels une semaine de lutte contre le racisme, la protection des individus victimes de crimes haineux, la protection des individus du profilage racial et l'éducation de la police à ce type de problématiques sont des exemples d'indicateurs de mise en oeuvre.
Parmi les indicateurs de résultats, on peut citer le taux de pauvreté chez les «groupes racisés», leur taux de chômage, leur concentration dans certains quartiers, le nombre et le type de crimes haineux, le nombre de plaintes pour discrimination, le taux de réussite scolaire des jeunes des «groupes racisés», ainsi que le taux de présence de ces groupes dans le personnel de la ville et au conseil municipal.
La directrice du CRIEC a aussi produit un lexique du racisme et des phénomènes connexes pour l'Unesco. Elle y mentionne par exemple des définitions du racisme, de la xénophobie et de la discrimination.
On peut parler du racisme comme d'une «idéologie qui se traduit par des préjugés, des pratiques de discrimination, de ségrégation et de violence», selon le sociologue Michel Wieviorka, qu'elle cite. La xénophobie constituerait plutôt une «hostilité contre les personnes désignées comme étrangères», selon la définition des sociologues André Akoun et Pierre Ansart, qu'elle reproduit.
«L'Observatoire publie chaque mois une veille documentaire qui suit ce qui se passe à l'échelle internationale, canadienne et québécoise en ce qui concerne des groupes cibles, comme les combats pour la défense des travailleurs migrants, la question de l'antiracisme, etc.», mentionne en outre Mme Labelle.
Action transnationale
Le CRIEC mène et a mené plusieurs autres travaux de recherche. L'un de ses projets de recherche a conduit à la publication d'un livre intitulé Contestation transnationale, diversité et citoyenneté dans l'espace québécois.
Par transnationalisme, les chercheurs impliqués dans le projet entendaient «les processus, les réseaux et les relations sociales qui traversent les frontières nationales ou les États-nations, parfois s'appuyant sur eux, parfois les contournant». Ils ont étudié l'action transnationale de groupes de femmes, des nations autochtones et de groupes de défense des minorités ethno-culturelles du Québec.
«On conclut que l'action transnationale est l'une des composantes de leur répertoire d'action. Ce n'est pas la seule. L'action transnationale sert à les outiller», dit la directrice du CRIEC.
Daniel Salée, professeur de science politique et directeur de la School of Community and Public Affairs à l'université Concordia, a lui aussi pris part à ce projet en étudiant l'action politique des peuples autochtones sur la scène internationale.
«Dans la littérature, des spécialistes disaient qu'on assistait à la fin de l'État-nation tel qu'on le connaissait, à cause de la mondialisation et des tendances à l'action transnationale de certains groupes. Avec les autochtones, on s'est rendu compte que ce n'était pas vraiment le cas. Même s'ils amenaient leur action au niveau international, ce n'était pas nécessairement une approche transnationale, ça ne dépassait pas l'État. Ils allaient à l'international pour pouvoir justement mieux faire pression sur l'État national», mentionne-t-il.
Collaboratrice du Devoir


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