Le coup fourré raté

Élection partielle à Pointe-aux-Trembles



La nette victoire de la péquiste Marie Malavoy dans Taillon consolide le leadership d'André Boisclair et refroidira ceux des libéraux de Jean Charest qui étaient pressés d'aller en générales.
Taillon est détenu depuis 1976 par le Parti québécois, mais ce n'est plus la forteresse de jadis. Pauline Marois a vu sa majorité fondre de 9984 voix à 4483 entre 1994 et 2003 et le pourcentage de votes exprimés qu'elle accaparait, passer de 61 % à 48 %. Mme Malavoy a pu préserver cette base, alors que la candidate libérale Véronique Mercier n'a pas réussi de véritables gains.
Le PQ a dépêché cette fois une candidate qu'il considérait comme une vedette, l'ex-vice-présidente du parti, ex-députée de Sherbrooke et brièvement ministre sous Jacques Parizeau, Marie Malavoy. Mais cette dernière ne jouissait tout de même pas d'une notoriété à tout défoncer dans l'opinion publique. Cette universitaire est surtout connue dans les cercles péquistes de la gauche-caviar.
Pendant ce temps, le Parti libéral avait misé sur une jeune professionnelle des communications, Véronique Mercier, qui, à 28 ans, possède déjà un gros bagage politique. Celle-ci a joué à fond les thèmes locaux, pendant que Mme Malavoy dissertait sur l'accord de Kyoto, les effets du déséquilibre fiscal et... la souveraineté. La candidate libérale a aussi pu compter sur un défilé de ministres du gouvernement Charest. Bref, si le PLQ a laissé le champ libre à André Boisclair dans Pointe-aux-Trembles, il a déployé tous les efforts pour faire élire Véronique Mercier et ainsi porter un coup très dur au leadership de ce même André Boisclair. Le coup fourré de Jean Charest était là. Il a raté.
Malgré une bonne stratégie de campagne, une bonne candidate, enracinée dans le milieu, bonne communicatrice, très télégénique, très dynamique, et malgré la présence d'une candidate péquiste parachutée et vulnérable, les libéraux n'ont même pas ébranlé le château fort de Taillon.
Le Parti libéral avait réussi quelques bons coups au printemps (entente avec les municipalités, règlement sur l'équité salariale) et les sondages indiquaient une importante chute de popularité du Parti québécois depuis l'accession d'André Boisclair à la direction. Le résultat d'hier dans Taillon montre que la côte demeure raide à remonter pour les libéraux après avoir atteint des sommets dans le taux d'insatisfaction qu'ils ont su engendrer depuis 2003. La population s'est souvenue davantage des erreurs de parcours et des promesses non tenues.
Autre bonne nouvelle pour André Boisclair, le nouveau parti de gauche Québec solidaire, animé par Françoise David, a connu un cuisant échec électoral. Quand 30 000 électeurs se prononcent dans une circonscription lors d'élections générales, un point de pourcentage ne représente qu'une petite tranche de 300 électeurs. Il suffit qu'un tiers parti gruge quelque 5 % à l'une des deux grandes formations pour que les victoires par 1500 voix ou moins dans des circonscriptions se transforment en pertes coûteuses susceptibles de priver ce parti de former le gouvernement. C'est la menace qui guettait le Parti québécois. Le test de ces deux élections partielles a révélé que Québec solidaire ne représente pas le danger appréhendé par des analystes et des stratèges politiques.
Si Jean Charest attendait les résultats d'hier avant de refermer définitivement la fenêtre sur des élections générales précipitées cet automne, cette hypothèse est maintenant écartée. Il reviendra au plan A en espérant qu'André Boisclair souffrira dans l'opinion publique de sa présence quotidienne à l'Assemblée nationale dans le rôle ingrat de chef de l'opposition et que, de son côté, il saura poursuivre la remontée amorcée au printemps.
Le Parti libéral a perdu bien plus, hier, que le siège de Taillon qu'il convoitait. Il a raté l'impact spectaculaire sur l'opinion publique et sur les militants des deux partis que lui aurait valu la prise de cette circonscription fétiche du PQ.


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